Impacts VMPG de [honte]

3.5 Inférences à partir des signes signifiant
la honte

Mais si l’on peut affirmer que

Si P se présente sous telle apparence et avec tel
comportement, alors on peut lui attribuer de la honte.

P est tout rouge ; rouge comme une tomate ;
P se
cache ; il veut rentrer30 sous terre31, à cent pieds32 sous terre ;
il se
voile la face
il a la
queue entre les jambes (à peine métaphorique), et l’oreille basse ;
P est
gêné, confus, piteux, penaud, confondu ; il n’est pas fier ; il en tient33.

Par un nouveau pas, on peut abstraire à partir de cette série des principes
inférentiels plus généraux, qui devront être utilisés avec plus de précautions :

du sale et de l’excrémentiel, à la honte

des parties honteuses à la honte ;

encore plus abstraitement :

– du bas vers la honte

de l’envers, du caché vers la honte.

Signes et indices VMPG

Module 10

Signes et indices VMPG
Voix, Mimiques, Postures, Gestes de l’émotion

 

L’émotion met le corps de l’expérienceur Ψ sous un régime spécial que les participants reconnaissent par empathie.
Par commodité on analyse ces transformations corporelles selon quatre composantes, selon qu’elles touchent :
— la Voix de Ψ,
— ses Mimiques faciales,
— ses Postures (les positions de son corps)
— ses Gestes

Le repérage objectif de ces transformations est une capacité partagée qu’il est possible d’éduquer et de cultiver.
Elle est une compétence professionnelle du psychologue praticien comme de l’enquêteur policier, formé à l’interrogatroie policier.

Christiane Préneron et Marie Lambert-Kugler ont montré que l’incapacité à déchiffrer les transformations émotionnelles de ses partenaires est corrélée à de grandes difficultés intellectuelles, aussi bien en français qu’en mathématiques.

Expression de l’émotion d’un personnage et cohésion narrative dans des récits d’enfants en difficulté d’apprentissage du langage écrit vs des mathématique
Le langage oral : données actuelles et perspectives en orthophonie, Déc 2010, p. 315-331

Langage émotif et langage émotionnel

Le statut des productions VMPG est ambivalent entre signe sémiotiques et indices (réponse physiologiques à un stimulus).

Cette ambivalence est liée à l’intentionnalité de ces productions et à la capacité qu’ont les locuteurs de pouvoir les mimer. S’agit-il
— De réactions physiques au stimulus que constitue la situation ?
— D’un langage corporel ?

On exprime cette opposition en distinguant langage émotif et langage émotionnel.

Expression et communication de l’émotion sont obligatoirement liées. D’une façon générale, toute variation différentielle d’un substrat est interprétable comme un état de ce substrat: les fumerolles sont “signes” d’un début d’état éruptif, comme la fièvre est “signe” d’une infection. Ces signes naturels ou indices ne sont pas dits expressifs, dans la mesure où ils ne font pas intervenir une activité intentionnelle, et où ils sont conditionnés absolument par le phénomène dont ils sont une composante. Ils ne sont ni signifiants ni communiqués, ce qui ne les empêche évidemment pas d’être interprétés.

Pour qu’il y ait expression, il faut qu’il y ait intention de communiquer, donc quelque chose comme un sujet intentionnel pilotant plus ou moins ses actes communicatifs.

Dans l’activité langagière globale les informations intentionnelles se combinent aux informations non intentionnelles; cette constatation est à base de l’opposition entre communication émotive et communication émotionnelle.

Cette distinction a été proposée par Marty (1908) ; Caffi et Janney la présentent comme suit (1994b, p. 348). La communication émotive [emotive] est

The intentional strategic signalling of affective information in speech and writting (e. g. evaluative dispositions, evidential commitments, volitional stances, relational orientations, degrees of emphasis, etc.) in order to influence partner’s interpretation of situations and reach different goals

La communication émotionnelle [emotional] est

a type of spontaneous, unintentional leakage or bursting out of emotion in speech (id.).

C’est une question d’interprétation. Telle contraction des muscles zygomatiques peut-elle / doit-elle être interprétée comme une contraction due à la douleur, comme  une ébauche de sourire, comme un tic, …?

Cette question conditionne évidemment les attributions d’émotion.
Elle revient sans cesse dans l’analyse de l’expression des émotions faite sur des corpus oraux.
L’expérience montre que les avis des analystes peuvent être très divergents, mais peuvent aussi être consensuelles, ce qui incite tout de même à considérer comme fondée l’attribution d’une émotion sur laquelle il y a consensus.

S’il s’agit d’enregistrements où l’émotion est mise en scène, alors les productions corporelles sont soit alignée sur les productions langagières, soit dans une discordance évidente qui peut, par exemple, produire un effet comique.

Le point important : il s’agit de transformation du corps ; mais toute transformation du corps peut-elle être interprétée comme un indice-signe d’émotion ?

Associations lexicalisées de l’émotion à certaines manifestations VMPG

Le lexique associe les émotions à certaines manifestations VMPG, qui se trouvent ainsi conventionnalisées (stéréotypées).
Cette association est plus ou moins conventionnelle, et peut varier selon les langues-cultures.
Les larrmes étant associées à l’émotion, s’essuyer les yeux est interprété comme signe d’un état ému.

La méthode des impacts permet de cerner certaines de ces manifestions qui, dans une communauté donnée, ont  un statut sémiotique.

Impacts VMPG de [émotion]

Impacts VMPG de [colère]

Impacts VMPG de [honte]

“Lever les bras au ciel” de façon ostensible, voire ostentatoire, peut certainement être compris comme un signe sémiotique signifiant quelque chose de l’ordre de l’impuissance ou de la lassitude.

Stéréotypisation de la composante posturale-comportementale

La composante expressive s’analyse en traits discontinus, par exemple “rougeur de la face”, “sécheresse de la bouche”, “transpiration augmentée”.

Ces traits peuvent être posés par le physiologiste, capable de les discriminer et de les caractériser et de les catégoriser sur des bases qui n’ont rien à faire des questions de langage, et enfin de les nommer selon les us et coutumes de son domaine.

Il se trouve que certaines expressions langagières plus ou moins figées, ou des familles d’expressions en gros synonymes, désignent, ou prétendent désigner, de tels traits, par exemple “une lueur de joie traversa son regard”.

Du point de vue de la sémiologie langagière, certaines émotions “se lisent dans le regard” de la personne émue, et d’autres moins, c’est ce que tente de noter le tableau ci-dessous.
Supposons que les recherches sur la physiologie des émotions découvrent un jour que l’influence de “la peur” influe sur “le regard” d’une manière toute différente de “la fierté”. Alors on aura découvert que ce tableau, qui jusqu’à nouvel ordre manifeste un arbitraire langagier, a en fait valeur référentielle.

Par exemple, l’émotion et les émotions comme la peur, la colère, la joie, la tristesse la fierté, la honte … se lisent dans le regard de Ψ.
Du moins pour justifier l’attribution de ce genre d’émotions à Ψ, on peut dire qu’on l’a lue dans son regard.

Mais l’émotion qu’on lit dans le regard n’est pas celle qui étincelle dans ce regard.
Si toutes les émotions précédentes peuvent se lire dans le regard de Ψ, seules la colère, la joie peuvent y étinceler, peut-être la fierté, dans la mesure où elle est une joie, mais certainement ni la honte, ni la peur ni la tristesse.

Le corps de la peur

Une série d’expressions stéréotypées décrivent des attitudes, des comportements, des réactions comme convenant typiquement à telle ou telle émotion, en sélectionnant notamment les zones corporelles affectées préférentiellement par cette émotion. Les coutumes langagières lisent la peur sur le corps selon le code suivant

— Sur tout le corps : trembler de peur, trembler comme une feuille, et plus particulièrement sur les jambes et les dents : les jambes (les genoux) flageolent, les dents claquent.

— Le cœur : le cœur cesse de battre (alors que le cœur battant renvoie à l’attente du plaisir), on se sent défaillir (mais on se pâme seulement de plaisir).

— La couleur du visage : vert de peur, blanc de peur, blanc comme un linge (mais pas *pâle de peur vs pâle de rage).

— Les réaction cutanée : avoir la chair de poule, suer de peur.

— La température corporelle : glacé d’effroi, tout mon sang se glaça dans mes veines.

— Les cheveux : ses cheveux se dressèrent sur sa tête.

— La bouche et la voix : la bouche sèche, muet d’effroi, mais hurlant de peur.

— Les viscères : son estomac se nouait, il faisait dans son froc, malade de peur.

Ces réactions se traduisent sur le comportement ; paralysé par la peur, cloué sur place, pétrifié, mort de peur ; on notera que ce n’est pas la fuite mais la paralysie qui est langagièrement associée à la peur ; la fuite est une action délibérée.

 

Ces descripteurs stéréotypés entrent dans le repérage des émotions. Si un discours signale que telle personne a la chair de poule, alors on peut légitimement attribuer à cette personne une émotion qui se trouve dans le champ de la peur (notée /peur/) — et pas quelque chose de l’ordre de la fierté, puisqu’en français, la fierté ne donne pas la chair de poule, ou, plus exactement, fierté et chair de poule ne sont pas cumulables sur un même référent humain. L’émotion est ainsi reconstruite “d’aval en amont”, sur la base du seul matériel verbal.

 

Impacts VMPG de [colère]

Impacts VMPG de [colère]

Toute la colère est une transformation physique

Nous désignerons par Π la personne contre laquelle la colère est dirigée

1 La séquence colère dans son ensemble

La colère est une émotion type; elle est une séquence, bornée dans laquelle on entre et dont on sort. à cause de son côté paroxystique, elle est une crise émotionnelle par excellence, au point que “Ψ crise” signifie par défaut, “Ψ fait une crise de colère”, pas une crise de rire.

1.1 La disposition à la colère

La colère se détache sur une situation de calme, particulièrement d’une parole calme.

  • “Ψ est un doux; il ne dit jamais un mot plus haut que l’autre

MOT — Jamais un mot plus haut que l’autre : d’un ton égal, sans colère (PR)
DOUX — (PERSONNES) Qui ne heurte, ne blesse personne, n’impose rien, ne se met pas en colère. (PR)

  • “Ψ est bilieux; atrabilaire, irascible, irritable, emporté

BILIEUX — FIG. et LITTÉR. Qui, par son humeur mélancolique, inquiète, est enclin à la colère. (PR)colère.

ATRABILAIRE — Littér. < Porté à la mauvaise humeur, à l’irritation, à la colère, à la mélancolie. > Synon. bilieux (TLF)

EXPLOSIF — Un tempérament explosif, sujet aux brusques colères. ➙ fougueux, impétueux, volcanique. (PR)

  • “Ψ a le sang chaud; il est soupe au lait

CHAUD* — Avoir le sang chaud, la tête chaude. < Se mettre facilement en colère. > (TLF)

SOUPE — LOC. Monter comme une soupe au lait : se mettre vite et facilement en colère. C’est une soupe au lait, il est soupe au lait : il est irascible. (PR)

La complexion opposée est celle du mouton; mais le caractère ne conditionne pas la colère :

  • “Ψ est un mouton enragé

MOUTON* — Mouton enragé. <Personne habituellement pacifique se mettant subitement dans une grande colère. > (TLF)

  • “Ψ est de mauvaise humeur
    Alors que précédemment il s’agissait d’une disposition caractérielle permanente, la mauvaise humeur est une disposition passagère à la colère:

HUMEUR: mauvaise humeur : disposition passagère à la tristesse, à l’irritation, à la colère.

1.2 Les prodromes de la colère; Ψ est en train de se mettre en colère

Les mots suivants sont marqués comme inchoatifs dans un élément de leur définition.

“ Ω courrouce, fâche, indigne, irrite Ψ ; le rend colère” L’épisode colère est pris à son début.

RENDRE — Rendre colère. <Mettre en colère. > (TLF)
SUPPLICE — Être au supplice : souffrir beaucoup ; FIG. être dans une situation très pénible (inquiétude, agacement, impatience, colère réprimée, gêne, timidité). Raconte, tu nous mets au supplice !

VOIR — J’ai vu le moment où il se mettait en colère : il a été sur le point de se mettre en colère.

Ψ se met en colère; en sacre; pique une colère; il ressaute; il est à cran; se rebèque; ronge son frein; grimpe sur ses ergots et monte sur ses grands chevaux

PIQUER — Piquer une colère, une crise. Piquer sa crise : se mettre en colère. Piquer un fard, un soleil : rougir brusquement.

RESSAUTER — Pop., arg., vieilli. <Se rebiffer; se mettre en colère. > Synon. regimber. (TLF)

CRAN — (1880) Être à cran, prêt à se mettre en colère. ➙ exaspéré (cf. À bout de nerfs*). (PR)

REBÉQUER (SE) — Se rebiffer, se révolter, répliquer avec insolence, avec colère.> (TLF)

EMBALLER— (1846) FIG. Se laisser emporter par un mouvement irréfléchi (d’enthousiasme, d’indignation, de colère). Ne nous emballons pas ! ➙ se précipiter. Il s’est emballé pour ce projet. ➙ s’enthousiasmer, s’exciter, se passionner. « Il reconnut qu’il s’était emballé et très gentiment il en demanda pardon » (Courteline). (PR)

SACRE — Mettre en sacre. <Mettre en colère, de mauvaise humeur. > (TLF)
FREIN — VIEUX Mors (du cheval). MOD. LOC. FIG. ronger son frein (comme un cheval impatient) : contenir difficilement sa colère, son impatience, son dépit. (PR)

GRIMPER — < Grimper (sur ses ergots). < Se mettre en colère. > (TLF)

Ψ sort de son caractère”
CARACTÈRE — Sortir de son caractère. < Sortir de son bon caractère habituel, devenir nerveux, se mettre en colère. >

“La moutarde monte au nez de Ψ”

NEZ— Fam., vieilli. La moutarde monte au nez de qqn. < Quelqu’un va se mettre en colère. > (TLF)

MOUTARDE — La moutarde lui monte au nez. < Il est sur le point de se mettre en colère; il s’impatiente. > (TLF)

“Ψ se monte contre Ω”
MONTER* — b) Monter comme une soupe au lait; faire monter qqn; au passif ou en emploi pronom. être monté ou se monter contre. < (Se) mettre en colère. > (TLF)

“ Ω fait choquerΨ”
CHOQUER — (Canada) FAM. Faire choquer qqn, mettre en colère. ▫ PRONOM. (RÉFL.)

Je vais me choquer, me mettre en colère. ➙ se fâcher. (PR)

1.3. “Ψ est en colère”

Dans leur majorité, les termes suivants sont impactés par colère sur leur définition centrale ou sur un de leur polysèmes de premier niveau; ils se distinguent entre eux selon leur intensité, et les niveaux de langue auxquels ils appartiennent. Certains de ces termes se retrouvent normalement dans les paragraphes suivants.

On peut les classer non plus du point de vue sémantique mais syntaxique distinguons les formes syntaxiques suivantes de l’énoncé d’émotion correspondant.
— Prédicats à deux places de liant le terme d’émotion (N, Adj ou V) à Ψ:

Ψ est en N = “Ψ est en colère, en rogne, en rage, en fureur, en sacre, en ressaut” RESSAUT — Loc., pop., arg. Être en ressaut. <Être en colère.> (TLF)

ROGNE — < Colère, mauvaise humeur.> (TLF) 11

Ψ est Adj = “Ψ est courroucé, dépiteux enragé, fâché, furieux, furibond, indigné, irrité, monté, remonté, rageur, fumasse”.

Ψ V = “Σ enrage, rage, fume

Ces formes peuvent donner naissance au syntagme nominal :

Le N de Ψ = “La colère de Ψ : le courroux, le dépit, la rage, la fureur, la furie, l’indignation, l’irritation, l’ire, le renaud, la rage, la rogne

Une forme lie la source Σ, la colère, et Ψ :
Σ courrouce, indigne, dépite, irrite Ψ

RENAUD — Argot […] < Mauvaise humeur, mécontentement, colère. > (TLF) RENAUDER — raArg. < Manifester son mécontentement, protester bruyamment, se mettre

en colère, renâcler ou se refuser à faire quelque chose. > (TLF) NB : Un verbe comme fumer figurera infra sous intensité et chaleur

FUMER — Au fig. Qqc./qqn fume < Être le siège d’une excitation (provoquée par l’ivresse la colère, etc.). > (TLF)

1.4 La sortie de la colère, avec ou sans contrôle

“Ψ décolère; dérage

DÉCOLÉRER — < Cesser d’être en colère > (TLF)

DÉRAGER — RARE Sortir de sa colère. ➙ décolérer. Ne pas dérager. (PR)

Moment de contrôle de la colère, ou du moins de sortie de la colère ; Ψ retrouve le calme. Intuitivement, les verbes décolérer et dérager semblent tendre vers la polarité négative : Ψ n’a pas décoléré, n’a pas déragé (de la journée)
Ψ est en colère, et son instance de contrôle C entreprend quelque chose pour le calmer

“Ψ ronge sa colère
RONGER — <Mordiller, serrer un corps dur entre ses dents et, au fig. (dans certaines expr.), refouler en soi son impatience, sa colère, son dépit. > (TLF)

Ψ tempère sa bile et se défâche ; ou bien son objet Ω tente de le contrôler (K) de le tempérer et de le défâcher; peut-être en lui faisant boire du népenthès, une décoction d’androdamas ou en lui organisant une apotropée

TEMPÉRER — MÉD., vx. Faire baisser la température; rafraîchir. Tempérer une ardeur d’entrailles par des tisanes rafraîchissantes (Ac.). Au fig. Tempérer sa bile. < “Réprimer sa colère” (Ac.). > (TLF)

DÉFÂCHER — < Apaiser quelqu’un qui est en colère, lui faire retrouver la bonne humeur. > (TLF)

NÉPENTHÈS — Chez les Grecs, Breuvage magique, remède qui dissipait la tristesse, la colère. (PR)

ANDRODAMAS — ANTIQ. <Pierre précieuse considérée comme étant douée de certaines vertus magiques (protection contre les attaques, apaisement de la colère, etc.) > (TLF)

APOTROPÉE — < Brebis qu’on immolait en chantant des hymnes ou des vers pour détourner la colère des dieux ou pour que ceux-ci détournent un malheur.> (TLF)

Ψ est Dieu, dans un jour de colère [dies irae]: ses agents procèdent à une commination. Pour calmer la némésis, K expie ; il effectue une action piaculaire.

DIES IRAE — LITURG. ROMAINE. <Séquence de la messe des défunts désignée par ses premiers mots latins signifiant « jour de colère », et qui peut être chantée au jour de sépulture. > (TLF)

COMMINATION — <Lecture publique de textes exprimant la colère céleste> À la cérémonie de la commination, ou de la dénonciation de la colère céleste au commencement du carême, on prononçoit ces malédictions du Deutéronome : « Maudit celui qui a méprisé son père et sa mère. Maudit celui qui égare l’aveugle en chemin, etc. » CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 2, 1803, p. 293. (TLF)

NÉMÉSIS — [P.allus. à Némésis, déesse grecque de la Vengeance et de la Justice distributive] <Colère, jalousie, vengeance divine. > (TLF)

PIACULAIRE —RELIG.ANTIQ.[ÀRome]<Quisertàapaiserlacolèredivine;relatifau rite de l’expiation, à une expiation > (TLF)

EXPIATION* — RELIG. < Rite effectué pour apaiser la colère divine. > (TLF)

 

2. Intensités : ça gonfle; ça grandit, ça monte; ça chauffe

2.1 Excitation : un trait crucial

Ψ est excité; surexcité

EXCITER — Loc. fig. Exciter la bile. < Mettre en colère, irriter fortement. > (TLF) SUREXCITER — < Exacerber les sentiments de colère, de haine; provoquer de très vives passions dans une foule, une collectivité > (TLF)

Ψ est hors de lui, hors de ses gonds; il ne se connaît plus; il est forcené, fou furieux

HORS — Être hors de soi (vieilli). < Être très en colère. > (TLF)
GOND — Être, sortir hors des gonds (vieilli), hors de ses gonds. < Être hors de soi, se mettre dans une violente colère. > (TLF)
FOU FURIEUX — Fou furieux. < Extrêmement violent sous l’effet d’un accès de colère. >

(TLF)
NE PLUS SE CONNAITRE* — Ne plus se connaître : ne plus se maîtriser (sous l’effet de l’exaltation ou de la colère). « lorsqu’elle était dans le paroxysme de la colère, elle ne se connaissait plus » (Sand). (PR)

FORCENÉ — Fou de colère ; qui marque une rage folle. ➙ furibond, furieux. « il continuait sa promenade forcenée […] sans fatiguer sa rage impuissante » (Gautier). (PR)

Ψ décharge son excitation
DÉCHARGER* — FAM. FIG. Décharger sa rate, sa bile : laisser libre cours à sa colère, à sa mauvaise humeur. Décharger sa colère sur qqn. ➙ passer ; se défouler.

2.2 Ça se tend

Ψ est un mécanisme qui se remonte : “Ψ est remonté comme une pendule

REMONTÉ — LOC. FAM. Être remonté comme un coucou, comme une pendule : être énervé, en colère.

2.3 Ça monte

NB: métaphores holiste
Alors qu’il sombre dans la dépression, quand il se met en colère, Ψ va vers le haut; quand il est en colère, il est en haut.

Ψ monte aux nues; il se soulève; il est monté contre Ψ

NUE — Monter, sauter aux nues. <Être dans une vive colère, dans un état excessif d’excitation ou d’indignation. (Dict. XIXe et XXes.). > (TLF)

SOULEVER — Manifester son indignation, sa colère; se révolter. > Synon. se dresser, se déchaîner. (TLF)

MONTER — S’exciter. La tête, l’imagination se monte. FAM. Se monter (contre qqn) : se mettre en colère. ➙ s’irriter. « Ça la travaille… ça la possède à la fin !… Elle se monte !… Elle se monte ! » (Céline). Être monté contre qqn, irrité, en colère. ➙ remonté. (PR)

Ψse prépare pour la bataille reptilienne: il bouffit, gonfle et se grandit.  “Ψ est bouffi

BOUFFI — Bouffi de colère, de rage. < Qui a le visage enflé sous l’effet de la colère. > (TLF)

“ Ω gonfle Ψ; Ψ se met en boule

GONFLER — LOC. VULG. Les gonfler (à qqn), l’ennuyer*, le mettre en colère. (PR) BOULE — LOC. FIG. et FAM. Être, se mettre en boule, en colère. ➙ rogne. Avoir les nerfs en boule : être énervé, furieux. ➙ pelote. (PR)

Ψ grimpe sur ses ergots” et “monte sur ses grands chevaux” (cf. supra)

GRIMPER — Grimper (sur ses ergots). < Se mettre en colère. >

2.4. Ça chauffe

La température de Ψ était peut-être déjà élevée (cf. §3.1.1), et elle monte encore:

“Non seulement Ψ a le sang chaud mais il a une chaleur ; il fume; il est fumasse; il crache des flammes ; il a les yeux ardents de colère ; il bout, il bouillonne

“ Ω chauffe la bile, le sang, les oreilles de Ψ

CHAUD — Avoir le sang chaud, la tête chaude. < Se mettre facilement en colère. >(TLF) CHALEUR — Péj., rare. < Colère, emportement, intolérance d’une personne dans ses jugements, ses actions. > Une fois ma chaleur passée, je reviens de moi-même à la tolérance. (TLF)
FLAMME* — Au fig. Cracher, jeter, lancer, vomir feu et flammes. < Être très irrité, avoirde grands emportements de colère. > (TLF)BOUILLIR* — Bouillir de colère, d’impatience : être emporté par la colère, l’impatience. (PR)

ARDENT — Des yeux ardents de colère, qui brillent de colère (PR)

ÉCHAUFFER — Échauffer la bile, le sang, les oreilles à qqn ou de qqn. <Irriter, mettre en colère. > De la foule partaient des : Vive le roi! qui nous échauffaient les oreilles (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 178). (TLF)

Mais tout cela n’empêche que Ψ peut faire une colère froide; voir su ces questions de température infra, §3.5.3: la vengeance est un plat qui se mange froid.

3.2.5. Ça va vite
Ψ monte sur ses grands chevaux et il prend le mors aux dents

PROMPTITUDE — Rare, gén. au plur. <Mouvement de colère subit et passager. > Non pas que M. Armand Lefebvre prétende qu’il n’y ait pas eu, de la part de la puissante et orgueilleuse nature [Napoléon], bien des promptitudes, des emportements, des complications inutiles et funestes (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.10, 1865, p.30). (TLF)

Cf. aussi §3.3.2.

3 Les domaines corrélés ressources

Un domaine corrélé est un domaine ressource, qui prête son langage à un domaine donné (Plantin 2016, Analogie; Métaphore)

3.1 Phénomènes naturels

L’EAU :
Ψ mousse, bout, déborde, lâche les cataractes

CATARACTE — Proverbe et fig. Lâcher les cataractes. < Laisser déborder sa colère, son indignation > (cf. Ac. 1798-1835).

DÉBORDER — < Se mettre en colère. > Faire déborder qqn. (TLF) MOUSSER — Pop. Faire mousser qqn. <Mettre en colère, faire rager. > (TLF)

LE VENT
Ψ tempête; et Ω essuie la bourrasque

BOURRASQUE — < Mouvement de colère explosif; accès de mauvaise humeur. Les bourrasques et les sautes d’humeur d’un caractère inquiet, mécontent, chagrin […] l essuya là une bourrasque des plus vives de la part de Bonaparte > (TLF)

TEMPÊTER — < Exprimer désaccord. > (TLF)

bruyamment sa colère, son mécontentement, son

LE TONNERRE
Ψ tonne, il lance la foudre, il foudroie Ω ”
Ψ s’égale à, ou est égalé à Jupiter : ‘Jupiter tonne, Jupiter tonnant

TONNERRE — < Colère, puissance de quelqu’un; manifestation, expression de colère, de puissance. > (TLF)

TONNER — < Vieilli, littér. [Le suj. désigne une divinité, un élément de la nature divinisé] < Lancer la foudre, faire entendre le tonnerre, signe de colère, de puissance. > Jupiter tonne. > (TLF)

FOUDRE — < Colère divine. > (TLF)
FOUDROYER — En partic. < Manifester, par ses paroles, son attitude ou son regard, de la haine, de la colère… envers quelqu’un. > (TLF)

3.2 La ménagerie de la colère

Ψ est un mouton enragé ; il prend la chèvre, la mouche; il monte sur ses grands chevaux, ronge son frein et prend le mors aux dents

MOUTON* — Mouton enragé. < Personne habituellement pacifique se mettant subitement dans une grande colère. > (TLF)

CHÈVRE — Prendre la chèvre (vieilli, fam.). < Se mettre en colère. < Faire devenir chèvre. Faire enrager. > (TLF)

MOUCHE — Prendre la mouche : s’emporter, se mettre en colère. Quelle mouche le pique ? pourquoi se met-il en colère brusquement et sans raison apparente ? (cf. Qu’est-ce qui lui prend* ?) (PR)

CHEVAL — Monter sur ses grands chevaux. < Se mettre en colère et parler avec hauteur : > (TLF)

MORS — Au fig. Prendre, avoir le mors aux dents. < Se mettre soudainement et avec énergie à une tâche, une activité; en partic., se laisser aller à la colère. > (TLF)

Ψ a la crête rouge
CRÊTE — Avoir la crête rouge. < Être prompt à la colère. > (TLF)

 

  • Ψ est comme un crin

CRIN — Loc. Être comme un crin/des crins. < Être de mauvaise humeur prêt à protester, à se mettre en colère. > (TLF)

HÉRISSER — (PERSONNES) Manifester son opposition, sa colère. ➙ se fâcher, s’irriter. À cette proposition, il se hérissa. ➙ se raidir. (PR)

 

Ψ feule, aboie; il écume comme un verrat, crache son venin, chauvit des oreilles, a ou lance un regard de basilic

FEULER, FEULEMENT — < Cri du tigre; bruit de gorge que fait entendre un chat en colère.> (TLF)

ABOYER — PROV. Chien qui aboie ne mord pas : les personnes qui menacent et manifestent leur colère ne sont pas les plus dangereuses. (PR)

ÉCUMER — Au fig. < Être transporté de colère, de rage. > (TLF)

ÉCUME — Bave mousseuse qui vient aux lèvres d’une personne en colère ou en proie à une attaque (épilepsie, etc.). (PR)

VERRAT — Expr. pop. Écumer comme un verrat. < Se laisser facilement aller à la colère et aux débordements d’humeur. > (TLF)

VENIN — [En parlant d’une pers.] Cracher, jeter, vider, vomir, etc., son venin. < Exhaler sa haine, sa méchanceté; dire sa rancune sous l’effet de la colère. > (TLF)

CHAUVIR—Chauvir des oreilles. Dresser, bouger les oreilles. <Signe de colère, d’humeur capricieuse. > (TLF)

BASILIC — [En parlant du regard humain] < Qui a l’acuité foudroyante d’un regard exprimant la colère, le dépit, la haine.> Œil, yeux, regard de basilic (TLF)

Ψ souffle; il gronde

SOUFFLER — [[…] le suj. désigne un animal] < Expirer en faisant du bruit en signe de peur, de colère ou pour effrayer l’ennemi. > Tigre qui souffle. En partic. [En parlant d’un animal] < Qui fait du bruit en soufflant pour manifester sa colère ou sa peur. > (TLF)

GRONDEMENT — < Cri sourd, prolongé et menaçant, qu’émettent certains animaux (en colère par exemple). > (TLF)

Ψ jure : “la vache!
VACHE — Pop., fam. < [En interj., juron exprimant l’aversion, la colère, l’hostilité envers qqn] > Sale vache/ (TLF)

 

4 Le corps en sur-régime

 

4.1 Le corps visibillisé et communiquant

LE REGARD

Ψ a des yeux qui riboulent; qui se révulsent et lui sortent de la tête; il regarde d’un œil noir et il voit rouge

RIBOULANT — Yeux riboulants. <Yeux ronds et mobiles qui expriment la stupeur ou la colère. > (TLF)

RÉVULSER — Retourner, bouleverser. Son attitude nous a révulsés. ▫ Participe passé adjectif Le visage révulsé. Les yeux révulsés, tournés de telle sorte qu’on ne voit presque plus la pupille (sous l’effet de la peur, de la colère, d’une maladie). PRONOM. Son regard se révulsa. ➙ chavirer.) (PR)

NOIR* — LOC. Regarder qqn d’un œil noir, avec irritation, colère. (PR)
ROUGE* — LOC. (1784) Se fâcher tout rouge : devenir rouge de colère. (1843): avoirun accès de colère qui incite au meurtre (voir du sang). (PR)

LA TÊTE ???

“Ψ fait une drôle de tête
TÊTE — Faire une (drôle de) tête (fam.). < Manifester, par son expression, le

désappointement, la colère, le mécontentement ressenti. > (TLF) “Ψ change de couleur

COULEUR — (milieu XVIe) Changer de couleur, par émotion, colère. Passer par toutes les couleurs. ➙ blêmir, pâlir, rougir, verdir. (PR)

Pour la crête rouge, §3.3.2; pour le regard noir qui voit rouge cf. §3.4.2. “Les cheveux de Ψ se dressent sur sa tête; les yeux lui sortent de la tête

CHEVEU — Faire dresser les cheveux sur la tête. < Provoquer la stupéfaction, saisir quelqu’un d’épouvante ou de colère. > (TLF)

YEUX — Les yeux lui sortent de la tête. < Être très en colère; être dans un état de forte excitation. > (TLF)

Ψ a la rage aux dents
DENT — Avoir la rage aux dents. < Être très en colère. > (TLF)

Ψ sent que la moutarde lui monte au nez
NEZ — Fam., vieilli. La moutarde monte au nez de qqn. < Quelqu’un va se mettre en colère. > (TLF)

Ψ est bouffi ; il a un rictus ; il est pâle ; il est rouge comme une tomate

BOUFFI — Bouffi de colère, de rage. < Qui a le visage enflé sous l’effet de la colère. > (TLF)

RICTUS — < Rire forcé et silencieux ou sourire grimaçant et silencieux traduisant souvent des sentiments comme la jalousie, la colère, la méchanceté, la douleur. > (TLF)

PÂLE — Pop. Faire une pâle gueule; faire la pâle gueule. < Être pâle (sous l’effet de la peur, de la colère, de la surprise, etc.). > (TLF)

TOMATE — Être rouge comme une tomate. <Avoir les joues, le visage rouge de honte, de timidité, de confusion, de colère. > (TLF)

Ψ écume et crache
Cf. §3.3.2 ; cf. infra, Les humeurs.

LES PIEDS

Ψ tape, frappe des pieds

Cf. § 3.5.1.

4.2 Le corps imaginaire

LE CŒUR, LA RATE, LES FOIES

“ Étant la proie d’une passion, Ψ a la colère au cœur ; il décharge sa rate et veut bouffer les foies de Ω”

Comme les autres émotions, la colère se loge dans le cœur de Ψ; la colère est une passion

CŒUR — < Centre de résonance de la sensibilité aux phénomènes extérieurs, de la disposition à y répondre par des émotions diverses (joie, peine, colère, etc.) : > (TLF)

PASSIONNÉMENT —<Avec colère, fougue, chaleur, emportement, impatience,

nervosité.> Synon. fougueusement, frénétiquement, impétueusement; anton. calmement, posément, tranquillement. (TLF)

FOIE — (Vouloir) bouffer, manger les foies (à qqn). < Éprouver, manifester une grande colère. >

RATE — Loc. verb. fig., pop., fam. Décharger sa rate. < Faire éclater sa colère, sa mauvaise humeur. (Dict. XIXe et XXe s.) > (TLF)

LES NERFS

  • Ψ a les nerfs ; il est vénère.”
    NERF — Avoir les nerfs tendus, à vif, à fleur de peau, (FAM.) en boule, en pelote : être très énervé, irrité, en colère. Ne pas contrôler ses

VÉNÈRE — FAM. Énervé, en colère. Il est vénère grave ! (PR) 􏰁 LES HUMEURS

Ψ est de mauvaise humeur
HUMEUR — Mouvement, geste d’humeur. < Acte empreint de mauvaise humeur, de

colère. > (TLF)
Ψ pique un coup de sang; son sang ne fait qu’un tour

SANG — Coup de sang : congestion. « L’abbé Godard devint rouge, à faire craindre un coup de sang » (Zola). FIG. Violente manifestation de colère. Avoir, prendre, piquer un coup de sang. (PR)

TOUR — Le sang de qqn ne fait qu’un tour. <Quelqu’un est l’objet d’une vive colère.> (TLF)

Outre les oreilles, “ Ω échauffe la bile, le sang de Ψ

BILE — FIG. VIEUX Échauffer la bile : exciter la colère, cette sécrétion étant considérée comme liée aux manifestations de colère (cf. Échauffer les oreilles*). (PR)

ÉCHAUFFER — Échauffer la bile, le sang, les oreilles à qqn ou de qqn. <Irriter, mettre en colère. > De la foule partaient des : Vive le roi! qui nous échauffaient les oreilles (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 178). (TLF)

5. Des façons de dire et des actes

5.1 Mouvement et gestes

“Ψ a des mouvements d’humeur; il est plein de fougue

HUMEUR — Mouvement, geste d’humeur. < Acte empreint de mauvaise humeur, de colère. >

FOUGUE — Vieilli. [L’accent est mis sur le caractère soudain et passager] <Mouvement impétueux accompagné souvent de colère.> (TLF)

 

“Ψ a des spasmes; des haut le corps; il se pâme

SPASME — Spasme du sanglot. < “Phénomène obscur chez le
caractérisé par une perte de connaissance de nature syncopale succédant à une apnée déclenchée par une colère ou une crise de larmes, et pouvant s’accompagner de quelques mouvements convulsifs«  (Méd. Flamm. 1975). > (TLF)

RESSAUT — Loc., pop., arg. Être en ressaut. <Être en colère.> (TLF)
RESSAUTER — Pop., arg., vieilli. <Se rebiffer; se mettre en colère. > Synon. regimber.

(TLF)
PÂMOISON — Pâmoison de colère, de rage. < Suffocation due à la colère, à la rage. >

(TLF)
HAUT-LE-CORPS — En parlant de l’homme] < Brusque redressement instinctif du haut du corps, raidissement involontaire provoqué par un sentiment vif ou une émotion (surprise, colère, indignation, vif intérêt). > (TLF)

19

petit

enfant

(…),

 

Ces mouvements se prolongent en des quasi-actions, comme les suivantes :

“Ψ s’en prend à des passe-colère

PASSE-COLÈRE — < “Objet sur lequel la colère se passe, s’assouvit«  (LITTRÉ). > Agathe était [le] souffre-douleur [de sa mère], les domestiques ses passe-colère (MORAND, Clef souterr., 1956, p. 61).

 

“Ψ frappe du pied, tape du pied ; il foule aux pieds

FRAPPER — frapper du pied < Marquer son impatience ou sa colère en tapant le sol du pied. >

TAPER — Taper du pied. < Frapper le sol avec le pied pour manifester l’impatience ou la colère. >

FOULER — (1538) Fouler aux pieds : marcher avec violence, colère ou mépris sur (qqn, qqch.). ➙ piétiner.

 

“Ψ claque la porte

CLAQUER — Faire claquer. Il a claqué la porte. FIG. Claquer la porte au nez de qqn : refuser de voir, de recevoir qqn. Partir en claquant la porte, pour manifester sa colère, une rupture.

L’expression non impactée raccrocher au nez de qqn relève de cette catégorie.

5.2 Façons de dire et de parler

La colère s’entend dans le ton de la voix. Autrement dit, la variation des tonalités et d’intensité de la voix et les façons de dire sont les signifiants fondamentaux de la colère.

D’un voix plutôt sourde :
“Ψ gronde; il rognonne, maronne, grommelle

GRONDER — < Dire en bougonnant, en récriminant, avec protestation, colère. > (TLF) ROGNONNER — < Parler indistinctement entre ses dents avec mécontentement ou

colère.> (TLF)
MARONNER — FAM., RÉGIONAL Maugréer, exprimer sa colère, son dépit, en

grondant, en marmonnant. ➙ grogner, FAM. rouspéter. Faire maronner qqn, le faire enrager. ➙ bisquer. (PR)

GROMMELER — Dire de manière confuse et avec colère. Grommeler des injures entre ses dents. ➙ marmonner. (PR)

D’une voix plutôt aigue : “Ψ parle d’une voix sifflante

SIFFLER — < Dire d’une voix âpre et stridente, dénotant la colère, l’hostilité. > (TLF)

  • D’une voix forte : “Ψ répond vivement ; pousse une beuglante ; il peste, tempête et vocifère,

VOCIFÉRER* — Littéraire […] Empl. intrans., vieilli. < Parler d’une voix forte avec colère et emportement. > (PR)

GUEULANTE — FAM. Explosion de colère. Il a poussé une gueulante contre… (cf. Coup de gueule*). (PR)

PESTER — Manifester son mécontentement, sa colère, par des paroles. ➙ fulminer, grogner, jurer, maugréer. Pester contre le mauvais temps, contre qqn. (PR) PETARD — Être en pétard, en colère. « Il se balance. Il est en pétard en lui-même » Céline). (PR)

D’une voix crachotante: “Ψ expectore; il crache

EXPECTORER — < Dire avec colère ou mépris. > (TLF)
CRACHER — < Dire avec colère ou mépris. > Cracher des injures. (TLF)

5.3 Actes de langage dirigés contre Π

Ψ menace Π; il fulmine (des menaces) contre Π ; il maudit, il injurie Π, il donne Π au diable; il fait des imprécations appelant mort et damnation sur Π

MENACE — Manifestation par laquelle on marque à qqn sa colère, avec l’intention de lui faire craindre le mal qu’on lui prépare. (PR)

FULMINER — VIEUX Qui lance la foudre. Jupiter fulminant. MOD. Qui éclate en menaces sous l’empire de la colère. Un patron toujours fulminant. ▫ Qui est chargé de menaces, trahit une colère. s2 MOD. Se laisser aller à une violente explosion de colère, se répandre en menaces, en reproches. ➙ éclater, s’emporter, exploser, invectiver, pester, tempêter, tonner. Fulminer contre qqn. (PR)

MALÉDICTION, MAUDIRE — Vouer au malheur ; appeler sur (qqn) la malédiction, la colère divine.

INJURIER — < Accabler (quelqu’un) d’injures pour l’offenser, exprimer sa colère contre lui. >

DIABLE — Envoyer qqn au diable, à tous les diables, aux cinq cents diables, le renvoyer, le repousser avec colère, impatience ou dureté. ➙ rabrouer, rebuter, FAM. rembarrer (cf. Envoyer paître, promener). Allez au diable! ELLIPTIQUEMENT Au diable les importuns ! (PR)

DONNER —Expr. fig. Donner qqn au diable. <Expr. employée pour exprimer l’impatience ou la colère envers qqn> (TLF)

IMPRÉCATION — ANTIQ. < Prière solennelle appelant (sur l’ennemi, le coupable) la colère des divinités infernales (spécialement des furies). > (TLF)

pousse une gueulante, Bref, il est en pétard

VIVEMENT — D’un ton vif, avec un peu de colère. Il répliqua vivement. (PR) POUSSER — Pousser une colère, une beuglante (pop.). <Crier de colère. > (TLF)

 

“Ψ sacre ; il dit des jurons
Ô ! Zut ! Merde ! Putain ! La vache ! Bougre ! (Enfer et) Damnation !

COMMENTAIRE — <Interjection, souvent formulée en incise, qui tend à exprimer la stupeur, la colère, comme si le locuteur était dans l’impossibilité de mettre à jour ses sentiments ou méprisait de le faire. > Se passer, s’abstenir de (tout) commentaire. (TLF)

JURON — < Exclamation offensante à l’égard de Dieu qui traduit une réaction vive de colère, dépit ou surprise. > (PR)
SACREMettre en sacre. <Mettre en colère, de mauvaise humeur. > (TLF) 21
TEMPÊTER*< Exprimer bruyamment désaccord. > (TLF) sa colère, son mécontentement, son
DAMNATION — LOC. LITTÉR. Enfer et damnation ! Mort et imprécations de colère ou de désespoir. (TLF) : damnation !
JURON — < Exclamation offensante à l’égard de Dieu qui traduit une réaction vive de colère, dépit ou surprise. >
LA VACHE !Pop., fam. < [En interj., juron exprimant l’aversion, la colère, l’hostilité envers qqn] >
DAMNATION ! * — LOC. LITTÉR. Enfer et damnation ! Mort et damnation ! imprécations de colère ou de désespoir. (TLF)
BOUGRE ! — Pop., fam. <Juron exprimant, suivant le ton de voix, la surprise, la colère, etc.> Synon. bigre! (TLF)
Ô ! — Interjection traduisant un vif sentiment (joie, admiration, douleur ; crainte, colère). (PR)
ZUT ! — FAM. Exclamation exprimant le dépit, la colère (euphémisme pour merde devenu néanmoins plus courant). (PR)
MALHEUREUX ! — Exclamativement. <Qui marque la colère, l’indignation contre quelqu’un. > Petit malheureux! (TLF)
PUTAIN ! — Interjection FAM. Putain ! marquant l’étonnement, l’admiration, la colère, etc. ➙ punaise, purée. (PR)
MERDE ! — Exclamation de colère, d’impatience, de mépris, de refus. ➙ crotte, mince, zut. (PR)

 

“Plein d’une sainte colère, Ψs’indigne; se révolte

INDIGNATION — < Sentiment de colère et de révolte suscité par tout ce qui peut provoquer la réprobation et porter plus ou moins atteinte à la dignité de l’homme. > (TLF)
RÉVOLTER — (vers 1650) Être rempli d’indignation, de dégoût et de colère (contre ce qu’on rejette). ➙ s’indigner. (PR)
SAINTE COLÈRE — (1585) Une sainte colère : colère éminemment morale (comme celle de Jésus chassant les marchands du temple). Être saisi d’une sainte indignation. (PR)

 

“Ψ est plein de hargne; va se venger ; pour cels, il va bouffer les foies de Π; il fait un testament ab irato. S’il est Dieu, il jette un fléau sur Π

HARGNE —<État ou mouvement de colère sourde où l’agressivité s’allie à l’acharnement.> (TLF)
VENGEANCEProverbe. La vengeance est un plat qui se mange froid; la vengeance se mange froide. < Il faut savoir attendre que la colère retombe pour accomplir sa vengeance de façon plus cruelle et plus raffinée.) > V. froid. (TLF)
FOIE — (Vouloir) bouffer, manger les foies (à qqn). <Éprouver, manifester une grande colère. > (TLF)
AB IRATO DR. [En parlant des actes faits par une pers. contre un héritier] < Sous l’empire de la colère :> (TLF)
FLÉAU — Personne ou chose qui semble être l’instrument de la colère divine. Attila, le fléau de Dieu. (PR)

 

“Ψ fait passer un mauvais quart d’heure à Ω”
PASSER — LOC. FAM. Passer un mauvais quart d’heure : traverser un moment pénible ;SPÉCIALEMENT subir la colère de qqn.

 

“Ψ fait un caprice; il boude contre son ventre; il fait une scène

CAPRICE —Exigence obstinée d’un enfant, accompagnée de colère. Un enfant insupportable, qui ne cesse de faire des caprices. (TLF)

SCÈNE* — (1676) SPÉCIALEMENT Explosion de colère, dispute bruyante. ➙algarade, dispute*, esclandre, séance. […] ▫Enfant qui fait une scène, un caprice, une colère ▫ (1875) scène de ménage : violente dispute dans un couple. ▫ PAR EXTENSION Démonstration affectée. Il nous a fait une grande scène d’indignation.

BOUDER — LOC. Bouder contre son ventre : refuser de manger par colère.


 

Impacts VMPG de [émotion]

Impacts VMPG de [émotion]

 

Le mot émotion appartient à la famille morpho-lexicale sémantiquement homogène suivante, que l’on peut désigner par [émotion]

[émoi, émotion, émotif, émotivité, émotionnel, émouvoir, émouvant, émotionner, émotionnant]

Parmi les termes impactés par cette familles nous avons isolé  les mots impactés qui relèvent de la sphère VMPG, Vocale ­– Mimique – Posturale – Gestuelle.

Ces mots désignent des phénomènes pouvant être considérés comme des signes ou des indices d’émotion.
En tant que signes sémiotiques, Ils peuvent être exploités par Ψ dans une performance sémiotique pour signifier son émotion à ses partenaires.

Les listes suivantes correspondent à des traits, un même terme peut figurer dans plusieurs listes, c’est à dire cumuler plusieurs traits.

 

(i) Un CHOC, qui transforme l’attitude de Ψ
jusqu’au TRAUMATISME, la SYNCOPE et LE FIGEMENT

Dans l’ordre de la performance, la forme plus générale est de l’ordre du choc , ce qui correspond à la surprise dans l’ordre du dire.

Dans ce qui suit, les termes impactés sont en majuscules, et intégrés sous leur forme morphologiquement adéquate, dans une phrase qui représente un fragment de scénario VMPG associé à [émotion]

Un CHOC, et ses conséquences TRAUMATIQUES ; le corps lâche

(être) EN L’AIR
(se mettre) À L’ENVERS
ALTÉRATION1 (3)
BONDIR
BOULEVERSEMENT
CHAMBOULER
CHOC
COMMOTION
ÉBRANLEMENT
HORS DE SENS
HAUT-LE-CORPS
HEURT
REMUER
RÉVOLUTION
SÉDITION
SURSAUTER
TOUCHER1
TRAUMATIQUE (3)
Trifouillis (art. TRIFOUILLER)

Vers la SYNCOPE…

CHAVIRER
DÉFAILLIR (2
EFFONDRER
ÉPERDU
MOURANT
PÂMÉ (3)
Perdre ses esprits
SYNCOPE
TOMBER1
TRANSPORT
VERTIGE

… ou le FIGEMENT

CONTRACTÉ, CONTRACTION
FIGÉ – FIGER.
FROID – FROIDEMENT
GLACER,
IMMOBILE
PARALYTIQUE
PERCLUS-2.
PÉTRIFIÉ – PÉTRIFIER
SAISIR
SOMNAMBULE
SURDITÉ

(ii) Une vibration, une ONDE

Ψ  sent que son corps VIBRE ; il FRÉMIT, il FRISSONNE ; il TRESSAILLE et TREMBLE comme une FEUILLE. Il se CONVULSE

CONVULSIF,CONVULSION
Frémir, trembler comme une (la) FEUILLE
FRÉMISSEMENT
FRISSON (4)
PANTELANT
SPASME (2)
SPASMOPHILIE
TORDRE
TREMBLANT (3)
TRESSAILLANT (3)
TRESSAUTEMENT (2)
VIBRANT (3)

Ψ sent ses jambes, ses genoux  qui FLAGEOLENT quiFLÉCHISSENT

FLAGEOLER (2)
genoux fléchissants
jambes fléchissantes

Ψ prend conscience que son cœur BAT ; PALPITE (3) et bat la CHAMADE.

Ψ CLIGNE des yeux ; ses yeux Ψ CILLENT ; PALPITENT, CLIGNE DE YEUX

  • les yeux
    CILLER
    CLIGNER (3)

L’émotion de Ψ s’entend dans sa voix : Il BAFOUILLE, il BÉGAYE, et même il BÊLE

BAFOUILLER
BÈGUE
BÊLEMENT

La respiration de Ψ est ALTÉRÉE ; il HALÈTE ; Il reste tout PANTELANT
HALETER (3)
PANTELANT

(iii) l’émotion affecte les organes internes

cœur (voir supra)
ENTRAILLES
TRIPES1
ESTOMAC

 

(iv) Les humeurs : la SUEUR, le SANG, les LARMES — et la BAVE et doit ravaler sa SALIVE

  • le SANG

SANG, SANGUIN – INJECTER3 (de sang) (avoir les sangs) TOURNÉS – VEINE (n’avoir plus une goutte-1 de sang dans les veines, sur le visage)

  • la SUEUR, la peau : SUER, SUÉE, SUEUR – ANSÉRIN
  • les LARMES

LARME, LARMOYANT
PLEURER, PLEUR, PLEURARD
EMBUÉ, EMBUER

  • la salive : BAVER – RAVALER sa salive

 

(v) Le VISAGE s’ ALTÈRE et se COLORE

 VISAGE
DÉCOMPOSER
DÉFAIRE
ALTÉRER1,
ALTÉRATION ALTÉRÉ
MIMIQUE
MASQUE1

 

(v) Les couleurs

Les couleurs teintent l’émotion (colère noire), la perception (voir rouge), et surtout le visage. Émotion impacte le verbe COLORER, le BLEU le VERT et le ROUGE sous toutes diverses nuances :

(piquer un) FARD
BLEU
CERISE
COLORER
ENLUMINER, ENLUMINURE
INCARNAT
PIVOINE
POURPRE-1, POURPRE-2
ROUGE, ROUGEUR, ROUGIR, ROUGISSANT
VERMEIL
VERT, VERDEUR

 

(vi) Les yeux, le regard, la vue

(avoir l’œil) sec
AGRANDIR
BRILLER
CILLER
CLIGNÉ (3)
DANSER
DÉSERT (adj.)
EMBUÉ (2)
HUMECTER
LARME (3)
LUEUR
LUMIÈRE
MOUILLÉ (vs SEC)
PÉTILLER
PLEUR (3)
SOURCILLER
SOURCILLER1

 

(vii) Le cou, la gorge (donc la VOIX)

ÉTRANGLEMENT (3)
NOEUD
gorge SERRÉE
boule dans la gorge, dans l’estomac

 

(viii) La respiration, le souffle

HALETER (3)
SUFFOQUER (2)
PANTELANT
SOUPIR
SOUFFLE
HOQUET

 

(ix) La VOIX, les organes de la PAROLE, le RIRE1

L’émotion est signifiée par la VOIX, qui est ALTÉRÉE ; le langage va vers le CRI ou s’éclipse :

VOIX
PARLER1, PAROLE
EXPRESSION
RIRE1
ALTÉRER1 (3)
BAFOUILLER
BÈGUE
BÊLEMENT
ACCENT
CRIER (3)
EXCLAMATION
INTERJECTION
MUET


COMMENTAIRES

 

Ravaler sa salive : expression référentielle et acte sémiotique

RAVALER est impacté par [ÉMOTION], dans l’expression “RAVALER sa salive”.

Cette expression correspond au prédicat de l’énoncé “y ravale sa salive” (/émotion/, y, S).

  1. a) Approche référentielle :
    L’expression “ravale sa salive” transcrit une réalité physiologique

L’acte de “ravaler sa salive” pourrait peut être être conceptualisé comme renvoyant à l’effet physiologique d’une émotion biologiquement déterminée par une situation stimulus, dont l’étude relève de la physio-biologie.
Dans ce cas, l’expression ravaler sa salive est dénotative, ravaler sa salive est un indice, faisant partie du procès émotionnel.

Selon ce cadre de recherche, par exemple, l’expression “voir rouge” est également dénotative, et on peut le montrer en corrélant expérimentalement, l’état de colère à une perception accrue du rouge.

De même, on s’attachera à montrer que celui qui est dépressif “voit tout en noir”, c’est-à-dire a une perception amortie des couleurs, ce qui n’est pas invraisemblable.

Le programme a certainement des limites ; on dit que “la tension était palpable”, mais on ne voit pas pour l’instant s’élaborer la machine à palper la tension.

  1. b) Approche communicationnelle :
    L’expression “ravaler sa salive” dénote un acte sémiotique.

Cette approche référentielle, est compatible avec une approche communicationnelle.
L’acte de ravaler sa salive, peut être effectué / mimé intentionnellement de façon

— à signifier à l’interlocuteur la présence d’une émotion,

— et de piloter / formater leur interaction en conséquence.

Ravaler sa salive est un acte émotionnel qui publie l’émotion (rend l’émotion publique, constatable).

Ce qui ne l’empêche pas d’être possiblement un effet conditionné d’un état interne

NB : Conditions contextuelle sur l’interprétation sémiotique : présence d’autres indices convergents.

NB : donc, ravaler sa salive dénote l’émotion, comme les oreilles sont le lièvre.
Si je ne vois que une paire de longues oreilles bien caractéristique, je dis normalement : « le lièvre file derrière la haie ».

 

(i) Les ressources nécessaires à la signification-à de l’émotion sont fournies par tout  le corps, et non plus, comme dans le cas précédent, par le seul appareil phonatoire (qui, par ailleurs est exploité de façon spécifique dans l’expression de l’émotion, voir infra).

En d’autres termes, l’émotion est corporellement signifiée à l’interlocuteur. Frissonner est une énonciation corporelle signifiante dont le signifié est une classe d’émotions.

(ii) “Est-ce que ça peut se jouer ?

D’une façon générale, nous adoptons cette approche pour les différentes expressions physiques de l’émotion, comportements, attitudes, activation du corps ou d’une partie du corps.

Le critère de sélection pour les mots attachés à cette section est : “est-ce que ça peut se jouer ?
Il est possible de produire intentionnellement des larmes.

 

L’émotion peut ainsi de signifier linguistiquement comme peut se signifier la réalité en général, et elle peut se signifier en exploitant le corps comme ressource signifiante.

En mode routine, la communication s’effectue sur le mode verbal, par des signifiants linguistiques,  et sur le mode non verbal, et par des signifiants  corporels.

En mode émotionnel/émotif la communication se caractérise par la suractivation du système sémiotique corporel. la sémiotique corporelle pilote le verbal.

 

À l’écrit, les signes corporels sont transcrits comme n’importe quelle réalité pertiente pour l’affaire en cours.

“Notre héros leva les bras au ciel / ravala sa salive”

 

(iii) Un répertoire de signes

L’expression sémiotique n’étant pas doublement articulée, on ne peut envisager la description de ce “langage” que sous la forme d’un répertoire d’éléments.

 

Cette section rassemble des termes impactés par [Émotion] renvoyant à une telle performance émotionnelle. Elle constitue un répertoire de comportements physiques signifiants.


 

 

 

 

 

 

Module 10 : LIGNES DE PRODUCTION DE L’ÉMOTION

Module 10

LIGNES D’ENGENDREMENT DE L’ÉMOTION

AXES ORIENTANT LE DISCOURS VERS UNE ÉMOTION

Il existe plusieurs systèmes de traits linguistiques construisant-orientant vers une émotion :

Rhétorique classique
Discours médiatique
Pragmatique
Psychologie

Le système rhétorique est le plus ancien, et l’un des plus riches, de ces systèmes.
La rhétorique ancienne attache la plus grande importance au pathos, à la construction et à la gestion d’émotions dans l’auditoire. Pour cela, elle a élaboré une technique de production de l’émotion dans la parole publique, qu’il est possible d’étendre à tout discours.

Règles de production rhétorique de l’émotion et moyens langagiers associés

(1) Règle sur la présentation de personnes en cause

 (2) Règle de présentation d’objets liés aux faits
                “Montrez des objets!” (signa)

(3) Règle de représentation non discursive d’objets et d’événements émouvants:
Montrez des peintures!

(4) Quatre règles sur la mimesis
                “Décrivez des choses émouvantes!
Amplifiez ces données émouvantes!
Rendez émouvantes les choses indifférentes!
Trouvez des analogues!” (recatégorisez les faits)

(5) Trois règles sur la présentation directe de l’émotion
                “Montrez des personnes émues!
Montrez-vous ému!
                “Prêtez votre voix aux gens émus

(6) Variez les formats de’interlocution: “Sortez du format!”
                “Prêtez votre voix aux acteurs du drame, aux absents, aux morts”
“Variez vos interlocuteurs; adressez-vous aux absents, aux morts”
“Mettez en scène un dialogue avec l’adversaire, ou le public”

Les axes de construction des événements orientent vers un affect

Ces axes de formatage de l’émotion sont inspirés de Scherer. On remarquera sans surprise que ces axes recoupent tous les axes de construction d’une description en langage ordinaire.

Agrément beûrk ! / hmm !
Catégorisation de l’événement mort / vie
Catégorisation
des acteurs
– riches / pauvres
un gangster / un passant atteint par une balle
Quantité, intensité trois / trente victimes
Analogie (un moyen de catégorisation) comme une éruption volcanique / comme un feu d’artifice
Moment (calme toi ) tout ça, c’était avant, c’est fini! / ça peut se reproduire n’importe quand, faut s’y préparer
Lieu la victime faisait ses courses dans son quartier / errait dans un terrain vague
— humiliation subie
en face à face / en public
Distance spatiale à l’expérienceur  – quelque part dans les Balkans / à deux heures d’avion de Paris
Causalité, Agentivité l’accident a été provoqué par le brouillard / un chauffard ivre
– c’est la fatalité / l’administration est responsable
)
Conséquences pour l’expérienceur, du point de vue de ses intérêts et de ses valeurs ce comportement semble anodin, ses conséquences seront redoutables
– En imposant un blocus à la Syldavie,nous luttons contre un régime antidémocratique / nous agissons contre nos intérêts matériels
Contrôle tout ça,nous on n’y peut rien ! /  aux armes citoyens!
Normes un salaud vs un martyr

 


Module 10 : ENGENDREMENT DE L’ÉMOTION

Module 11

ENGENDREMENT DE L’ÉMOTION
DANS et PAR LA PAROLE

AXES ORIENTANT VERS UN AFFECTVERS UNE ÉMOTION

Les modules précédents  présentent les instruments permettant de reconstruire des émotions, par désignation directe ou par développement d’indices. Ce module se situe d’abord du côté de la production.
Il s’agit de préciser les principes généraux qui, dans un discours, organisent la construction de l’émotion. Cette recherche s’appuie sur les bases suivantes :

— Les procédés rhétoriques de dramatisation de la parole

• Règles dégagées par la rhétorique ancienne et classique,

Règles rhétoriques de construction de l’émotion (Lausberg, 1971 ;1973)

• Règles de construction du discours médiatique ‘

“Emotion and emotional language in English and German news stories”  (Ungerer 1995 ; 1997)

—L’approche pragmatique du langage émotionnel

“Towards a pragmatics of emotive communication”
(Caffi & Janney, 1994; Caffi, 2000)

— L’approche psychologique des émotions:

“…Emotions : A component process approach” (Scherer 1984 / 1993)

Le potentiel émotionnant d’une description de situation peut s’évaluer à deux niveaux, le premier correspondant à une orientation générale vers un affect, le second à une orientation plus spécifique vers une émotion particulière.

1. AXES DE DÉVELOPPEMENT DES AFFECTS

De nombreux psychologues (mais pas tous) soutiennent l’existence d’une “composante cognitive” des émotions; le système d’axes qui suit forme en quelque sorte la contrepartie discursive du système cognitif de Scherer; on pourrait dire, de façon métaphorique, que ce travail porte sur la contrepartie discursive de leur composante cognitive; cette formulation est cependant approximative, dans la mesure où il ne s’agit pas d’ajouter une composante aux autres; l’émotion parlée reformate toutes les composantes.

Dans ce qui suit, la structure de la composante discursive du traitement de l’émotion est traitée comme un problème autonome, les règles qui la composent devant être déterminées et mises à l’épreuve empiriquement sur des discours particuliers. L’ensemble suivant d’axes organisant le discours émotif a été mis au point à partir des données présentées précédemment (règles rhétoriques, principes d’inférence, catégories linguistiques, facettes cognitives). Il s’agit donc de l’ensemble des moyens permettant de formater une situation non seulement comme émotionnante, mais comme orientée vers tel ou tel type d’émotion spécifique.

Ces axes de formatage de l’émotion sont inspirés de Scherer. On remarquera sans surprise que ces axes recoupent tous les axes de construction d’une description en langage ordinaire, voir  Invention : §1 Une technique universelle de recherche de l’information

Agrément beûrk ! / hmm !
Catégorisation de l’événement mort / vie
Catégorisation
des acteurs
– riches / pauvres
un gangster / un passant atteint par une balle
Quantité, intensité trois / trente victimes
Analogie (un moyen de catégorisation) comme une éruption volcanique / comme un feu d’artifice
Moment (calme toi )tout ça, c’était avant, c’est fini! / ça peut se reproduire n’importe quand, faut s’y préparer
Lieu la victime faisait ses courses dans son quartier / errait dans un terrain vague
— humiliation subie
en face à face / en public
Distance spatiale à l’expérienceur – quelque part dans les Balkans / à deux heures d’avion de Paris
Causalité, Agentivité l’accident a été provoqué par le brouillard / un chauffard ivre
– c’est la fatalité / l’administration est responsable
)
Conséquences pour l’expérienceur, du point de vue de ses intérêts et de ses valeurs ce comportement semble anodin, ses conséquences seront redoutables
– En imposant un blocus à la Syldavie,nous luttons contre un régime antidémocratique / nous agissons contre nos intérêts matériels
Contrôle tout ça,nous on n’y peut rien ! /  aux armes citoyens!
Normes un salaud vs un martyr

Sur tous ces axes interviennent les mécanismes de maximisation et de minimisation (euphémisation) qui amplifient ou émoussent l’émotion.

Comme on le verra dans les commentaires qui suivent ces différents axes ne travaillent pas indépendamment les uns des autres.

Agrément: Evaluation de l’événement sur l’axe plaisir / déplaisir.

Cet axe correspond sur le plan linguistique à l’axe classique plaisir / déplaisir des psychologues, repris par Caffi et Janney, ainsi qu’au “principle of emotional evaluation” d’Ungerer.

L’évaluation peut être basique, vue comme une réaction de tout le corps à un événement (réaction de rejet – réaction d’ouverture), accompagnée de production vocales semi-linguistiques (beûrk! vs hmm!); par cette réaction émotive primaire, l’événement est pour ainsi dire “posé” sur l’axe évaluatif par un mouvement réflexe, accompagné de productions linguistiques minimales. L’évaluation peut être de plus en plus élaborée verbalement (C’est inadmissible! vs C’est super!), s’accompagner d’un affichage émotionnel explicite (c’est désagréable, je suis écœuré vs c’est agréable, je suis sur mon petit nuage). Elle est franchement différée dans d’autres cas, où elle n’a plus rien de réflexe, plus rien d’évident et être construite au cours d’un long travail linguistique et cognitif composant des données issues de tous les axes de catégorisation de l’émotion, et aboutissant à une conclusion évaluative comme “Finalement, en fait, à la réflexion, tout cela est extrêmement positif et même plaisant + face épanouie et mimique d’ouverture”. Cette évaluation peut être le fait de n’importe quel acteur impliqué dans l’événement, y compris de son narrateur.

Type d’événement

La désignation de certains événements renvoie à des préconstruits euphoriques ou dysphoriques (“pulsion de vie / pulsion de mort”: mariage vs enterrement, attentat, fête…), qui les positionnent du côté négatif ou positif de l’axe de l’agrément. Ce positionnement se fait par défaut, stéréotypiquement, dans la mesure où d’autres considérations circonstancielles peuvent intervenir (un mariage peut être triste). Cette catégorie correspond aux règles rhétoriques de monstration d’événements émotionnellement marqués, au “principle of animacy” de Ungerer. Outre les émotions intégrées aux préconstruits linguistiques, entrent dans l’inventaire des données émouvantes tous les rapports d’antécédents qui, dans les relations sociales ordinaires provoquent de l’émotion (Cosnier 1994, Chapitre 3; Scherer, Walbott, Summerfield, 1986). La nature de ces données est évidemment liée à une culture. A la limite, l’émotion mimésique est produite en faisant halluciner la scène par le lecteur. A l’article “évidence” de son Dictionnaire de rhétorique, Molinié mentionne «cette fameuse et ridicule suppression de l’écran du discours, avec l’idée que l’auditeur est transformé en spectateur» (1992, p. 145); il y a évidemment une différence entre participer à la bataille et lire un roman guerrier, mais il reste à rendre compte, par exemple, de l’effet hallucinatoire du récit.

Types de personnes

Cette catégorie reprend le “Principle of rank” de Ungerer. A événement “égal”, l’émotion varie avec l’identité des personnes (ou des êtres sensibles) affectées, certaines personnes étant émotionnellement plus “sensibles” que d’autres vis-à-vis du même événement. A degré de proximité (de parenté) égal, la mort d’un enfant affecte “plus” que celle d’un vieillard, celle d’un civil “plus” que celle d’un militaire. “Gagner le gros lot” ne suscite pas les mêmes sentiments selon qu’il affecte “un gros notable” ou “une famille dont le père est au chômage”. “Un clochard / un gangster est retrouvé assassiné” induisent des sentiments bien différents, indignation dans un cas, perplexité ou réjouissance dans l’autre (voir Étude 3).

Intensité, Quantité

La modulation quantitative peut affecter différentes catégories (Distance ou Temps: (très) loin de nous; qualité des Personnes concernées: un (tout jeune) enfant, etc.). L’émotion varie également avec la Quantité de personnes affectées: un accident qui affecte cinquante personnes induit plus d’émotion et de plus gros titres dans les journaux qu’un accident qui touche une personne. Mais elle peut naître également d’une opposition entre l’unique / le nombreux: l’unique victime d’un accident qui aurait pu faire cinquante morts est d’autant plus objet de pitié. Cette catégorie correspond à l’axe quantitatif des psychologues; à un aspect du principe “Be drastic” et au “principle of number” de Ungerer; à la dimension “Quantity” de Caffi et Janney; elle est mise à contribution par la dramatisation rhétorique.

Analogie

L’importance de l’analogie dans la production des émotions est bien exprimée par le principe de Ungerer, «use metaphorical links wit emotionally established domains». L’analogie est un puissant instrument de construction de l’émotion. Elle permet de transférer l’émotion associée à un événement pour lequel la tonalité émotionnelle est stabilisée à d’autres événement en cours d’évaluation émotionnelle: “Des camps où on torture et on massacre”, “comme une bombe atomique” (voir Étude 3).

Temps

Selon leur mode de construction temporelle et aspectuelle, les événements sont exclus ou inclus dans la sphère temporelle subjective de la personne: “au moment même où je vous parle…”; “mais maintenant tout ça c’est fini”. La dimension temporelle est essentielle dans la construction de l’urgence ainsi que de la surprise, composante de toute émotion. Cette catégorie correspond à la facette F1 de Scherer, et renvoie également aux techniques rhétoriques de chronographie.

Lieu

Le lieu où se produit l’émotion peut être émotionnellement marqué (meurtre dans un terrain vague vs meurtre dans la cathédrale); il peut l’être par rapport à une personne donnée (on l’a retrouvé gisant dans votre bureau). Cette catégorie correspond à la facette F10 de Scherer, et renvoie également aux techniques rhétoriques de topographie. Sa subjectivisation renvoie au “Principle of proximity” de Ungerer.

Globalement, les catégories du lieu et du temps reconstruisent l’événe­ment selon les coordonnées spatio-temporelles de la personne cible.

Distance

L’émotion varie avec la distance de l’événement au sujet affecté. Le terme est à prendre au sens matériel (proche / lointain) : “Ces événements tragiques se déroulent à Srebrenica / quelque part dans les Balkans / à deux heures d’avion de Paris”, mais aussi au sens de d’intimité (intimacy, involvment, solidarité) “c’est une question de mathématique financière / ceci nous conerne tous”). On retrouve la facette F12 de Scherer, mais aussi des éléments entrant dans la dimension «control» de Caffi et Janney. Les modalités introduites par rapport au thème du dire ou à la relation interviennent également dans sa définition (Caffi 2000).

Causalité, agentivité

Cette catégorie essentielle renvoie aux facettes F3 et F11 de Scherer. La détermination d’une cause ou d’un agent influence les attitudes émotionnelles vis-à-vis d’un l’événement. Elle est notamment à l’origine des variations d’émotions liées à l’imputation de responsabilité. L’accident est dû à la fatalité (“glissement de terrain”) ou à un acte délibéré (“un chauffard ivre et sans permis leur a foncé dessus”); il y a douleur simple dans le premier cas, colère dans le second. Selon que l’on attribue à la désertification des campagnes une cause abstraite (“la politique agricole commune”) ou des agents (“les commissaires européens”), on construit de la résignation ou de l’indignation politique (voir Étude 2). “Pierre terrorise Paul” induit vis-à-vis de Pierre quelque chose comme de l’indignation, alors que “Pierre terrifie Paul” peut lui valoir de la pitié (si Pierre est un Quasimodo) (voir Chapitre 8).

Conséquences

Cette catégorie correspond aux facettes F6, F7 et F8 de Scherer. Par exemple, pour orienter l’attitude émotionnelle d’une personne vers la peur (construire de la peur), on peut lui montrer, par un schéma en tout point analogue à celui d’une argumentation par les conséquences, que les conséquences négatives de tel événement étant effroyables, la source l’est tout autant (voir Étude 7).

Contrôle

Cette catégorie “contrôle” de Caffi et Janney correspond à la facette F4 de Scherer. Pour un individu, l’émotion associée à un événement varie avec sa capacité de contrôle de cet événement. Si l’évolution d’un état de fait provoquant de la peur échappe à tout contrôle, la peur devient panique.

Normes

L’émotion attachée à un événement affectant une personne varie selon la position de cet événement dans le système de valeurs de la personne en qui se construit l’émotion. Cette catégorie couvre le lien des émotions aux valeurs, et correspond à la facette F5 de Scherer, et au «Principle of emotional evaluation» d’Ungerer (voir Étude 1).

Les émotions sont fondamentalement marquées par la division des valeurs et des intérêts. Étant donné un sujet face à un événement, on ne peut rien dire de la nature de l’émotion ressentie par ce sujet (sauf dans le cas d’émotions réflexes innées, comme la peur induite chez le caneton par l’ombre du rapace; ou la sueur froide de l’automobiliste qui vient d’échapper à l’accident). Supposons qu’un individu se trouve face à une autre personne morte, ou qu’on lui annonce “Untel est mort”. Son ressenti dépend totalement de la relation qu’il entretenait avec le mort: s’il s’agit de son ennemi, il ressentira de la joie, (“ça fera toujours un salaud de moins”) consécutive à la fin de la peur, ou à l’exaltation du triomphe guerrier (“maintenant c’est moi le plus fort!”); dans une telle situation, s’applique le principe de complémentarité des émotions: “le bonheur des uns fait le malheur des autres”. S’il s’agit d’un inconnu, peut-être de l’effroi, ou de la pitié, ou simplement de l’indifférence, si la scène se passe en temps de guerre; s’il s’agit d’un proche, de l’effroi, du désespoir, de la tristesse, de la dépression ou d’autres sentiments associés au deuil. S’il s’agit de son fils, la réaction peut-être la même, mais aussi quelque chose comme de la fierté: “mon fils est un héros, un martyr, un saint” – du moins on dit parfois que tel est le cas. L’émotion ressentie peut différer de l’émotion stéréotypée donnée dans la définition officielle de la situation.

Les règles précédentes admettent des interprétations absolues ou relatives à un individu. La première interprétation correspondrait à la genèse de l’émotion attachée à un événement dans l’absolu. La seconde ramène l’événement à un point de vue particulier.


CONCLUSIONS

On remarquera que ces catégories recoupent les catégories générales de construction rationnelle des événements selon leurs types, la qualité des personnes impliquées, leur mode d’occurrence temporelle et spatiale, leur distance au locuteur, le type de contrôle exercé sur l’événement, la classe d’événements comparables, la façon dont les normes sont affectées par l’événement. Cela signifie que, dans la parole ordinaire, toute construction d’événement est inséparable d’une prise de position émotionnelle vis-à-vis de cet événement.

Cette approche permet de développer l’analyse du langage des émotions en fonction du cadrage des situations, c’est-à-dire de leur transformation linguistique en stimuli. Les résultats ainsi otenues sont à coordonner à ceux que livre la prise en compte de leur mention directe (énoncés d’émotion) et de la description de leurs modes d’expression (reconstruction par l’aval).


2. ORIENTATION VERS UNE ÉMOTION SPÉCIFIQUE

Ces axes de construction d’une émotion spécifique peuvent être dégagés à partir des schèmes discursifs inventoriés par Aristote dans la Rhétorique :

L’examen [de chacune des passions qui conduisent à modifier son jugement] doit être divisé en trois.
Par exemple, au sujet de la colère on étudiera successivement quelles sont les dispositions des colériques, quelles sont les personnes contre qui on se met ordinairement en colère, et à quels sujets.
Rhét. Chiron, p. 262-263.

La Rhétorique développe ces schèmes sur le modèle discours / contre-discours, qui d’emblée positionne l’analyse au-delà de toute vision mécaniciste des émotions.
Les émotions traitées sont celles qui figurent dans la liste présentée au module II : Une collection de listes.

La lecture de ces schèmes discursifs est assez rébarbative, comme l’est nécessairement toute lecture d’une liste de procédés (par exemple la lecture d’une liste de schèmes argumentatifs, voir Typologies des arguments). Mais on ne peut pas faire l’impasse de la description linguistique détaillée des discours typiquement associés aux différentes émotion si on veut étudier l’émotion dans la parole.

On ne peut se persuader de la pertinence des descriptions fournies par la Rhétorique qu’en les mettant à l’épreuve des discours, où on trouvera certainement matière à les améliorer.

À titre d’exemple, la Rhétorique caractérise la honte comme suit :

La honte et l’impudence
Aristote, Rhétorique
Définition de la honteLa honte est une souffrance et une perturbation concernant ceux des maux qui peuvent conduire à la perte de sa réputation.
Quant à l’impudence, c’est une sorte de dépréciation et d’indifférence vis-à-vis de ces maux. (Rhét. Chiron, p. 296-297)En d’autres termes,
— Définition de la honte : La honte est une souffrance et une perturbation
— Source de la honte : L’expérienceur considère que certaines de ses actions passées peuvent lui faire perdre sa réputation, c’est-àdire endommager l’image qu’il veut donner de lui-même.« Les sujets de honte » (297)Plus loin, la honte est définie d’une façon apparemment tautologique, « on a honte en raison du genre de maux qui passent pour honteux », c’est-à-dire :
• Aux actions qui sont socialement stigmatisées comme des vices :— lâcheté
— injustice
— dévergondage
— avarice
— flagornerie
— mollesse
— mesquinerie et la bassesse
— vantardise• « Ne pas avoir part aux biens dont bénéficient soit tous les hommes, [etc] » (299), par exemple, ne pas avoir reçu d’éducation.• « Subir… tous les actes de nature à conduire au déshonneur et à l’infamie » (id.), par exemple,« Personnes devant qui on éprouve de la honte » (300)« Puisque la honte est une représentation (phantasia) portant sur la perte de sa réputation, [ si l’on éprouve de la honte, c’est forcément face à ceux dont on fait cas. Or on fait cas :1° de ceux qui nous admirent, de ceux que nous admirons, de ceux par qui nous voudrions être admirés
2° de ceux avec qui nous sommes en compétition
3° de ceux dont nous ne méprisons pas l’opinion » (id.)« La honte est plus grande pour des actes commis sous les yeux d’autrui et à découvert, d’où le proverbe disant que la honte est dans les yeux » (id.)

On a honte devant
— les gens vertueux et sévères
— ceux qui « [divulguent] les ragots » (301)
— ceux qui nous admirent (id.)

Un scénario
Avec quelques ajustements, cette définition – description de la honte / impudence s’incarne dans le scénario suivant, que chacun peut améliorer.


– A a agi sous l’emprise d’un vice, il a commis des choses que sa communauté n’accepte pas: il s’est conduit comme un lâche, il n’a pas rempli ses engagements, il a commis une injustice, il a fait les poches d’un mort, il a copulé dans des lieux et avec des personnes inappropriées, il s’est enivré et il a vomi devant ses subordonnés; il s’est montré vantard, flagorneur; il s’est montré faible et a accepté son humiliation

– B est au courant, il a tout vu.

– B est une personne importante, de référence pour A; A admire, aime B.

– A souffre parce qu’il fantasme (ou il vit) la perte de sa réputation devant B: «la honte est dans les yeux» (Rhét., 1384a35; trad. Chiron, p. 300).


Avoir honte, c’est se projeter dans ce scénario.
Faire honte à quelqu’un, c’est lui appliquer ce discours et le développer ce discours à son intention.

Réciproquement, pour calmer le honteux, le rasséréner, le ramener à la bonne conscience on minore les éléments source, on lui expose que sa conduite n’était pas tellement répréhensible, que maintenant personne n’a rien à faire de sa réputation, que personne ne l’a vu, etc.


La Fontaine, Le Pouvoir des fables – ou l’échec de la rhétorique du logos (l. 3-6) et du pathos (l. 6-14).

[…] ]Dans Athène autrefois, peuple vain et léger,
Un orateur, voyant sa patrie en danger,
Courut à la tribune; et d’un art tyrannique,
Voulant forcer les coeurs dans une république,
Il parla fortement sur le commun salut.

On ne l’écoutait pas. L’orateur recourut
A ces figures violentes
Qui savent exciter les âmes les plus lentes:
Il fit parler les morts, tonna, dit ce qu’il put.
Le vent emporta tout, personne ne s’émut;

L’animal aux têtes frivoles,
Etant fait à ces traits, ne daignait l’écouter;
Tous regardaient ailleurs; il en vit s’arrêter
A des combats d’enfants et point à ses paroles.
[…]

 

 

[1]         Cette formulation rapproche clairement l’éthos du pathos: plaire est de l’ordre du sentiment.

[2]         Voir Annexe, La Fontaine, Le Pouvoir des fables.

[3]         Voir Annexe 3 “Cognition émotionnelle”.

[4]         On peut considérer que les opérations langagières, qui constituent la composante discursive du traitement des stimuli émotionnels, sont la trace d’opérations cognitives “plus profondes”, ce qui oriente vers une vision du langage reflet, et, sinon à une négation, du moins à une minoration de l’autonomie de l’ordre du discours. On peut également considérer que les opérations linguistiques provoquent des ébauches de processus cognitifs, avec les difficultés symétriques.

Orchestrateur des émotions

ORCHESTRATEUR DES ÉMOTIONS

L’importance du rôle d’orchestrateur apparaît clairement dès qu’un discours monologal met en scène divers expérienceurs dans une même situation et leur attribue des émotions coordonnées.
Le discours mettant en scène des émotions peut focaliser sur l’émotion, ou faire incidemment mention d’un événement émotionnel.

Lorsque les émotions sont distribuées sur divers expérienceurs et gérées en fonction de l’évolution de la situation, on dira que ce complexe émotionnel est géré par un orchestrateur ω.

L’orchestrateur organise un monde émotionnel. Il décide qui ressent quoi et qui ne ressent rien dans l’univers qu’il crée
Il décide des expérienceurs, de leurs rapports à leurs expériences et de leurs émotions consécutives.
Il  met en relation et organise un ensemble d’expérienceurs — attributeurs d’émotion partageant le même contexte.
Il coordonne l’évolution dans le temps de cette situation.

Tout participant à une interaction qui exprime et donne un sens à l’émotion des autres participants est dans le rôle d’orchestrateur. Il compose les émotions de ce groupe.
Dans les interactions, le rôle d’orchestrateur est risqué, à tout moment, les participants peuvent s’écarter du rôle qui leur est attribué. Dans le texte écrit, l’orchestrateur est un deus ex machina, qui peut distribuer des émotions à volonté.

De même, tout orateur exprimant et donnant un sens aux actes et aux émotions des acteurs d’un événement est dans le rôle d’expérienceur.

Un ensemble de cadres d’émotions (éventuellement vides, dans le cas des experiencers potentiels).

Orchestration intra-énoncé

Cette répartition est particulièrement spectaculaire dans le cas des romans ou des films. Néanmoins, le rôle d’orchestrateur apparaît dans un énoncé dès qu’un locuteur distribue des émotions à différents expérienceurs.

Paul pensait que Pierre serait content

Paul était gêné par la nonchalance de Pierre.

La nouvelle a rendu Pierre furieux mais a laissé Paul indifférent

Locuteur
• Cadre_1           (Pierre, furieux, nouvelle)
• Cadre_2           (Paul, indifférent, nouvelle)

Ce micro-récit  introduit deux expérienceurs Paul et Pierre, dans la même situation (ils viennent de recevoir une nouvelle).
L’orchestrateur (ici le locuteur narrateur) et leur attribue des émotions contrastées, [Pierrre, furieux], [Paul, indifférent].
On s’attend à des développements.

Paul n’a jamais compris les sentiments de Pierre

L’orchestrateur attribue à Pierre des émotions ou des états émotionnels dont on suppose que le contexte ou le développement du récit les précisera.
Il attribue à Paul un défaut d’empathie, sans autre précision.

Orchestration dans un texte écrit

Dans le texte suivant, Rosalia de Castro, une poétesse profonde et inspirée, décrit son pays, la Galice. Il permet de récapituler les différents cadres et rôles émotionnels.

Lacs, cascades, torrents, vallées fleuries, gorges, montagnes, cieux bleus et calmes comme ceux de l’Italie, horizons nuageux et mélancoliques, mais toujours beaux comme ceux, si vantés, de la Suisse ; rivages paisibles, caps tempétueux terrifiants et admirables dans leur sourde et grandiose colère… mers immenses … que dire de plus ? Aucune plume ne peut décrire autant d’enchantements. Une terre couverte d’herbe et de fleurs en toutes saisons ; des montagnes couvertes de pins, de chênes et de saules ; des brises caressantes ; des fontaines et des ruisseaux qui répandent leurs eaux cristallines et babillantes, été comme hiver, à travers des champs joyeux ou des gorges sombres et profondes … La Galice est un jardin où on respire parfums, fraîcheur et poésie … Et pourtant, l’arrogance des ignorants est si extrême, leurs préjugés indécents contre notre terre sont tellement enracinés que ceux-là mêmes qui ont contemplé ces splendeurs (sans parler de ceux qui se moquent de nous sans nous avoir jamais vu de près ni de loin, et ils sont les plus nombreux) même ceux qui ont visité la Galice et apprécié ses délices, ont osé dire que la Galice était … une porcherie répugnante !! [un cortello inmundo] !!

Rosalia de Castro, Cantares Gallegos (1863). Ed. de María Xesus Lama (1995). Galaxia.
Texte original en galicien et traduction anglaise

Rosalia de Castro orchestre la dissonance émotionnelle entre deux groupes d’expérienceurs. L’émotion attribuée est dérivée d’une description classique, plutôt abstraite, d’un locus amoenus.
Elle est parsemée de termes d’émotion et de termes orientés positivement, culminant dans un sentiment d’admiration et d’amour.

Les expérienceurs

• Expérienceurs extradiégétiques

— Le narrateur
— Le lecteur idéal
Par définition, le second éprouve de l’empathie pour le premier ; ils sont émotionnellement identiques.

• Expérienceurs diégétiques

— Les ignorants : Le groupe des expérienceurs intra-diégétiques sont  désignés comme « des ignorants ».
— Parmi eux, deux sous-groupes sont distingués :

ceux qui ont contemplé ces splendeurs
ceux qui ont ne nous ont jamais vus de près ou de loin

Les émotions et leur justification

Émotion première du narrateur / lecteur idéal

La description est parsemée de termes d’émotion et de termes orientés positivement, culminant dans un sentiment d’admiration et d’amour.

            (1) encanto — gozar — contemplar — delicias (de E1)

• Justification

L’émotion première est justifiée par la description : hermososadmiran

• Émotion négatives des expérienceurs ignorants

Les expérienceurs ignorants sont caractérisés par leur sentiment de mépris généré par leur ignorance et leur arrogance.

• Des émotions injustifiées

(2) se butran — inmundo  > desprecio (de E2)

(2) e. absurda

1) descalificación:

fatuidad dos ignorantes
indina preocupación

                        2) contradicción, forma de ad hominem

sin que jamas nos haian visto
gozaron … ¡¡un cortello inmundo!!

Expresividad escrita (del narador)

Le texte culmine sur  une exclamation :

era… ¡¡un cortello inmundo!!

 

Attributeur d’émotion

ATTRIBUTEUR D’ÉMOTION

1 — Auto- et hétéro- attribution

L’émotion peut être auto- ou hétéro- attribuée.

–   L’émotion est auto-attribuée quand le lieu psychologique correspond au locuteur: J’ai peur; Quelle horreur!

–   L’émotion est hétéro-attribuée dans les autres cas: Pierre a peur.

Dans le cas de:

Luc perçut une étincelle de joie dans le regard de Léa (Gross 1995, p. 77)

Le locuteur met en scène  Luc comme d’attributeur d’émotion; c’est Luc fait le travail d’inférence de l’étincelle à la joie sémiotisée par Léa.

Quand l’émotion est auto-attribuée, nous disons qu’elle est affichée; dans le cas où elle est hétéro-attribuée, elle est en quelque sorte collée sur la personne.

2 — Conflits d’attribution

La question des attributeurs d’émotion est cruciale dans les cas de conflits d’émotion:

A: – Mon oncle d’Amérique est mort, quel chagrin, ça m’a plongé dans la déprime
B: – Mais non, tu n’es pas du tout déprimé, tu as juste honte d’être déçu par l’héritage insignifiant qu’il t’a légué.

— Attributeur A :

A dit que
leur ami Ψ est triste (e1)
parce que [Σ1 = son oncle d’Amérique est décédé]

— Attributeur B :

B dit que
leur ami Ψ est déçu (e2)
parce que [Σ2 = son oncle d’Amérique ne lui a pas laissé son bel héritage]

Module 12 — Pour commencer : Points d’émotion

Module 9

POINTS D’ÉMOTION, ÉNONCÉS D’ÉMOTION,
RÔLES ÉMOTIONNELS

 

Les Modules précédents sont consacrés aux termes exprimant une émotion et aux termes orientant vers une émotion.
Ils montrent que ce lexique des termes liés à l’émotion est numériquement très large et permet d’envisager la construction d’un dictionnaire des termes d’émotion.

Module 5 — Termes d’émotion : une collection de listes,
Module 6 — Mots et Phrases d’émotion
Module 7 — Pour un dictionnaire des familles de termes d’émotion
Module 8 — Dissémination des mots d’émotion dans le lexique

1 — POINT D’ÉMOTION

Dans un texte ou une interaction, la présence d’un ou plusieurs termes d’émotion coorientés définit la présence d’un point d’émotion (nœud émotionnel).
Le présent module est consacré aux développements contextuels de l’analyse des points d’émotion. Ces précisions portent sur :
— l’émotion dont il s’agit
— l’être animé auquel elle est attachée, noté Ψ.
— la situation dans laquelle elle se développe.

L’objectif général de notre recherche sur les émotions est de construire une représentation des séquences discursives où se développe un épisode émotionnel.
La détermination de l’énoncé d’émotion définit le mode de participation d’un Ψ ou d’un ensemble de Ψ émotionnellement co-ordientés à un épisode émotionnel.

Nous nous situons dans la perspective d’une analyse non instrumentée de l’émotion dans des corpus de parole ordinaire. L’analyse instrumentée (informatisée) de l’émotion dans la parole (Quignard et al. 2016) rencontre cette tâche à titre de contrôle de ses résultats, lorsqu’il s’agit d’évaluer son adéquation à son objet.

 

1 — ÉNONCÉS D’ÉMOTION

Les points d’émotion étant repéré, à partir d’un indice quelconque,  on doit lui associer le plus précisément possible l’émotion dont il s’agit, son expérienceur et la situation dans laquelle elle se développe.

 L’énoncé d’émotion est défini comme une forme liant un terme d’émotion (verbe, substantif, adjectif) un expérienceur, et une source de l’émotion.

Émotion            QUOI ?              De quelle émotion s’agit-il ?
Expérienceur     QUI ?                 Qui est l’expérienceur de cette émotion ?
Situation           POURQUOI ?     Quelle est  la source, la raison… de cette émotion

L’énoncé d’émotion élémentaire synthétise  les réponses à ces trois questions :

Expérienceur, Émotion, Situation (Ψ, Ε, Σ)

L’énoncé d’émotion peut correspondre à une phrase d’émotion :

Pierre déteste les complications

Dans le cas général, les éléments qui le constituent ne sont pas donnés et articulés dans une même phrase simple, et doivent être retrouvés dans le contexte ou reconstruit  à partir de données contextuelles. En particulier, l’émotion peut être implicite, et doit souvent être reconstruite par inférence.

Ces remarques portent sur l’exploitation de données d’ordre lexical, substantifs, adjectifs, adverbes. Comme nous le verrons au Module 11, des phénomènes discursifs comme la construction des distances, des lieux,  de la temporalité, des quantités, de la causalité et de l’analogie  peuvent être utilisés pour produire des points d’émotion. La détermination des points d’émotion permet de ramener ces phénomènes à leur base émotionnelle.
De même, les énoncés d’émotion peuvent permettre de préciser la nature de l’émotion associée à une interjection.

Ces données sont également exploitables dans les interactions. Elles se combinent avec la communication fondée sur la sémiotisation des comportements VMPG des participants.

2 — RECONSTRUIRE L’ÉMOTION

MÉTHODES pour déterminer si un mot est un terme d'émotion, ou s'il est
orienté vers une émotion : 

—REGARDER S'ILS FIGURENT UNE LISTE DE TERMES D'ÉMOTION

— S'AIDER DES DICTIONNAIRES
=> Regarder si le mot est DÉFINI à l'aide d'un mot qui est incontestablement 
un terme d'émotion.
=> Regarder si le mot ADMET POUR SYNONYME un ou plusieurs termes 
d'émotion.

— PARTIR D'UNE DÉFINITION
Voir en particulier la définition des termes d'émotion selon leurs composantes
sémantiques.

Le point d’émotion peut correspondre à un terme d’émotion ; l’émotion est alors explicite, déclarée, affichée. Elle est reprise telle quelle dans l’énoncé d’émotion.

Le point d’émotion peut ne contenir aucun terme d’émotion mais un ou plusieurs mots orientés vers une émotion. L’émotion figurant dans l’énoncé d’émotion doit alors être reconstruite, sur la base de ces indices (traits d’émotion, marqueurs  d’orientation émotionnelle, pathèmes). Ces indices proviennent :

(i)    de la description des manières d’être et d’agir de l’expérienceur, c’est-à-dire les rapports sur les états physiques et les modes de comportements perceptibles caractéristiques d’une personne émotionnée (manifestations physiologiques, mimo-posturo-gestuelles ou comportementales). Ces signaux sont les vecteurs de l’empathie et fonctionnent selon différents codes sémio-linguistiques : “Pierre est devenu tout rouge”.

 (ii)   de la description de la situation dans laquelle se trouve l’expérienceur, c’est-à-dire des traits qui rapportent la situation sous un format narratif-descriptif propre à induire telle ou telle classe d’émotions : “une belle fille, toute seule, dans une baraque, à la campagne”.

3. TROIS RÔLES ÉMOTIONNELS

Outre, l’expérienceur de l’émotion, l’énoncé d’émotion complet doit mentionner l’attributeur de l’émotion et, le cas échéant, l’orchestrateur de l’émotion.

1 — L’EXPÉRIENCEUR de l’émotion

L’expérienceur de l’émotion est le “siège” de l’émotion, l’être animé auquel l’émotion est attachée.

2 — L’ATTRIBUTEUR de l’émotion

L’émotion est attachée à un expérienceur soit par cet expérienceur lui-même, soit par un tiers.
L’attributeur de l’émotion est la personne qui attribue un émotion É à un sujet psychologique Ψ en fonction d’une certaine situation Σ.

L’attributeur d’émotion dit que (Ψ, É, Σ)

Des attributeurs différents peuvent attribuer des émotions différentes à une même personne.

3 — L’ORCHESTRATEUR de l’émotion

L’orchestrateur de l’émotion est l’instance qui distribue les émotions sur différents expérienceurs participants à un même événement de langage interaction, et qui gère l’évolution de ce complexe émotionnel.

L’orchestrateur dit que (Ψ1, É1, Σ1) et que (Ψ2, É2, Σ2)

Module 6 — Les mots et les phrases d’émotion

Module 6

LES MOTS ET LES PHRASES DE L’ÉMOTION

 

1 — NOMS D’ÉMOTION

Nous prendrons comme point de départ la liste de 143 noms d’émotion proposée par Galati & Sini (2000)

2 — VERBES ET PHRASES D’ÉMOTION

Les termes d’émotion ne se réduisent pas aux substantifs. Il y a également des prédicats d’émotion, verbes d’émotion ou verbe support + adjectif d’émotion.
L’étude des phrases d’émotion demande que l’on prenne en compte l’expérienceur de l’émotion ainsi que la situation qui la motive.

3 — MÉTAPHORES DE L’ACTION DE L’ÉMOTION 

Le verbe qui lie l’expérienceur à la situation est un verbe d’action a priori quelconque :

la nouvelle remplit Paul d’allégresse