Adaptation à l’auditoire

Les Arts du Discours

L’ADAPTATION À L’AUDITOIRE
selon DENG XI (
c. 546 – 501 BCE)

 

The art of speech consists in the following: With the intelligent speech must be based on vast learning, with the learned on dialectic, with dialecticians on equanimity(*) , with the noble on power, with the wealthy on influence, with the poor on profit, with the brave on boldness, with the stupid on demonstration. That is the art of speech. One does not succeed, if one starts before having thought the matter over ; one reaps very little, if one begins the harvest too soon.

One must not say what is not proper, nor do what is not correct to avoid danger. Nor must one take away anything, if not allowed to do so for fear of punishment, nor dispute on things which are not debatable, lest the word escape. The swiftest horse does not bring back a wrong utterance nor overtake a rash word. Therefore he is called an ideal man who never utters bad words nor listens to wicked talk.

(*) Note Forke) With an able adversary, one must never lose one’s temper, always keeping clear-headed.

Deng Xi « (c. 546 – 501 BCE) was a Chinese philosopher and rhetorician who was associated with the Chinese philosophical tradition School of Names. » (Wikipedia, Deng Xi)

Quoted after:
Forke Alfred. 1901. The Chinese Sophists. Journal of the North China Branch of the Royal Asiatic Society, XXXIV, Changai. P. 61-62.

Cité d’après http://classiques.uqac.ca/classiques/forke_alfred/the_chinese_sophists/chinese_sophists.html

Preuves pathémiques et fallacies ad passiones

PREUVES PATHÉMIQUES ET FALLACIES AD PASSIONES
––––––––––––––

1. TRIOMPHE DU PATHOS ET MANIPULATION ÉMOTIONNELLE

1.1 Force relative des arguments « logo-iques”, pathémiques et éthotiques

Aristote: Primauté de l’éthos; ses dangers
Les preuves “logo-iques”, tirées du logos sont, comme leur nom l’indique, des preuves à la fois cognitives et langagière. Les prétendues “preuves” pathémiques (par le pathos) ou éthotiques (tirées de l’éthos) sont plutôt des moyens de pression sur le public. En pratique, pour les auteurs classiques, les secondes, (preuves dites « subjectives ») l’emportent  en efficacité sur les premières (preuves dites « objectives »).
Aristote affirme le primat du caractère (ethos):

Le caractère constitue, pourrait-on presque dire, un moyen de persuasion tout à fait décisif (Rhét. 1356a10; trad. Chiron, p. 126)

Et il met en garde contre le recours, trop efficace, au pathos:

Car il ne faut pas dévoyer le juré en l’amenant à éprouver de la colère, de l’envie, ou de la pitié. Cela revient à tordre la règle dont on va se servir.
Rhét. 1354a 20-25; trad. Chiron, p. 116

Le juge est «la règle». Le rejet du pathos manipulatoire est fondé non pas sur des considérations morales, mais sur un impératif cognitif: fausser la règle, c’est faire tort non seulement aux autres,mais d’abord à soi-même. L’erreur précède la tromperie, elle est le vrai danger.

1.2 Triomphe du pathos et manipulation émotionnelle

Alors qu’Aristote , Cicéron et Quintilien rapprochent éthos et pathos, pour conclure à la suprématie pratique du pathos. Une affirmation éclatante de cette supériorité se trouve chez Cicéron, dans la bouche de l’orateur Antoine:

[Antoine:] J’étais pressé d’en venir à un objet plus essentiel: Rien n’est en effet plus important pour l’orateur, Catulus, que de gagner la faveur de celui qui écoute, surtout d’exciter en lui de telles émotions qu’au lieu de suivre le jugement et la raison, il cède à l’entraînement de la passion et au trouble de son âme.
Les hommes dans leurs décisions, obéissent à la haine ou à l’amour, au désir ou à la colère, à l’espérance ou à la crainte, à l’erreur, bref, à l’ébranlement de leurs nerfs, bien plus souvent qu’à la vérité, à la jurisprudence, aux règles du droit, aux formes établies, au texte des lois
Cicéron, De Or., II, 178; trad. Courbaud, p. 78

4 Sur ce mot, voir Chapitre 3.

De même, Quintilien:

de fait, les arguments naissent, la plupart du temps, de la cause et la meilleure cause en fournit toujours un plus grand nombre, de sorte que si l’on gagne grâce à eux, on doit savoir que l’avocat a seulement fait ce qu’il devait. Mais faire violence à l’esprit des juges et le détourner précisément de la contemplation de la vérité, tel est le propre rôle de l’orateur. Cela le client ne l’enseigne pas, cela n’est pas contenu dans les dossiers du procès. […] le juge, pris par le sentiment, cesse totalement de chercher la vérité»
Quintilien, Inst. Or., VI, 2, 4-6; trad. Cousin, p. 23-24.

On se scandalisera du caractère cynique, immoral et manipulatoire ainsi ouvertement
reconnu à l’entreprise rhétorique; mais l’affaire n’est pas forcément si tragique. On peut tout d’abord lire aussi ces proclamations comme des slogans auto-publicitaires destinés à
magnifier les pouvoirs du rhéteur, et éventuellement à faire monter les enchères auprès
d’élèves désirant acquérir à tout prix d’aussi merveilleux pouvoirs. D’autre part, comme le fait remarquer Romilly à propos de Gorgias, on transfère volontiers à la parole rhétorique
pathémique les vertus prêtées à la parole magique:

Qu’est-ce à dire, sinon que, par des moyens qui semblent irrationnels, les mots lient l’auditeur, et l’affectent malgré lui? (Romilly 1988, p. 102).

La parole non seulement permet le mensonge et la tromperie, mais serait capable d’altérer la perception même des choses. Quoi qu’il en soit, il convient de garder un certain sens de
l’humour (Romilly 1988, p. 119) :

Plutarque cite le mot d’un adversaire de Périclès à qui l’on demandait qui, de lui
ou de Périclès, était le plus fort à la lutte; sa réponse fut: Quand je l’ai terrassé à la lutte, il soutient qu’il n’est pas tombé, et il l’emporte en persuadant tous les assistants (Périclès, 8)

On notera que Périclès vaincu adresse son discours persuasif au public, et non pas à son vainqueur, qui le maintient solidement au sol. La situation argumentative est bien tripolaire.
Cette discussion est évidemment fascinante, mais elle ne doit pas faire négliger le fait que la rhétorique ancienne comporte, outre cette philosophie incertaine de la mécanique humaine, une orientation vers l’observation du fonctionnement discursif des émotions.

La question de l’impact de l’émotion sur le jugement n’est autre que celle des relations entre preuves objectales et pressions du pathos et de l’éthos. Alors que les arguments logiques agissent sur la représentation, le pathos emporte la volonté (à la limite contre les
représentations, voir plus loin), c’est ce qui en fait au fond quelque chose de sacré, un peu
surhumain, un peu démoniaque.

On voit que cette architecture des “preuves” et de leur action est totalement dépendante d’une théorie classique du fonctionnement de l’esprit humain, qui oppose raison et émotion, entendement et volonté, contemplation et action (et, en conséquence, persuader et convaincre). (voir Chapitre 4 et Transition).

1.3 Choc émotionnel appelé à suppléer la faiblesse de l’argumentation

Phryné devant l’aréopage.
Tableau de Jean-Léon Gérôme exposé au Salon de 1861. Hambourg, Kunsthalle. la peinture est conservée à la Kunsthalle de Hambourg en Allemagne. (Wikipedia)

***

Oscar Pistorius removes prosthetic legs to walk at sentence hearing
Lawyer says he wants to show athlete is vulnerable and not a ‘strong ambitious man winning gole medals”

Oskar Pistorius, the South African Paralympic and Olympic athlete, removed the prostheses he uses for walking and running in court on Wednesday in an effort to avoid a heavy jail sentence for killing his girlfriend with four shots from a 9mm fired through a closed door [The Guardian]

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

2. FALLACIES AD PASSIONES

L’étiquette ad passiones n’appartient pas à la théorie rhétorique de l’argumentation, qui considère les émotions comme un moyen de preuve ou de pression particulièrement efficace pour produire la persuasion. Cette étiquette relève de la théorie standard des fallacies, qui considère les affects comme les polluants majeurs du discours rationnel.

Pour être valide, le discours argumentatif doit se purger des passions, qui composent une famille de fallacies, les sophismes ad passiones (ang. affective fallacies). Ces sophismes doivent être identifiés et éliminés. Tout recours au pathos, composante essentielle de l’argumentation rhétorique, est, en conséquence, banni: la preuve rhétorique devient fallacie argumentative.

La théorie des fallacies est la réponse du berger logique à la bergère rhétorique, qui affirmait la priorité des émotions dans les discours socio-politique et judicaire. C’est un point d’articulation et d’opposition essentiel de l’argumentation rhétorique à l’argumentation logico-épistémique.

1. Arguments ad passiones

Il y a argumentum ad passiones, appel aux émotions, aussi bien à des émotions négatives comme la peur, la haine qu’à des émotions positives comme l’enthousiasme, toutes les fois que l’analyste considère que “l’émotion se substitue au raisonnement”. Cette classe de sophismes passionnels est une création moderne, elle ne figure pas dans la liste aristotélicienne, V. Fallacieux 3. La Logick de Watts (1725) la mentionne:

Pour conclure, j’ajoute que lorsqu’un argument est tiré d’un thème [topic] susceptible de rallier à l’orateur les inclinations et les passions des auditeurs plutôt que de convaincre leur jugement, c’est un argumentum ad passiones, un appel aux passions [address to the passions] ; et, si cela se passe en public, c’est un appel au peuple [an appeal to the people] » (Watts, Logick, 1725 ; cité in Hamblin 1970, p. 164).

Il s’ensuit que, dans une situation argumentative, l’émotion, qui est une fallacie, sera toujours l’émotion de l’autre : “Moi, je raisonne ; vous, vous vous énervez”. C’est une stratégie extrêmement fréquente, particulièrement dans la polémique sur des thèmes scientifiques et politiques (Doury 2000) ; l’accusation d’émotion sert à un participant à réfuter-récuser son adversaire. C’est un cas exemplaire d’argument ad fallaciam, V. Fallacieux (2) ; Évaluation.

La forme d’étiquette “argument ad + nom latin d’une émotion” est largement utilisée à l’époque moderne pour désigner des “fallacies d’émotion”, et on retrouve encore des traces de cet usage. On le constate sur la liste d’arguments fallacieux en ad proposée par Hamblin, où la majorité des termes font clairement référence aux affects. Nous avons laissé le terme anglais traduisant le latin :

L’argumentum ad hominem, l’arg. ad verecundiam, l’arg. ad misericordiam, et les argumenta ad ignorantiam, populum, baculum, passiones, superstitionem, imaginationem, invidiam (envie [envy]), crumenam (porte-monnaie [purse]), quietem (tranquillité, conservatisme [repose, conservatism]), metum (peur [fear]), fidem (foi [ faith]), socordiam (stupidité [weak-mindedess]), superbiam (fierté [pride]), odium (haine [hatred]), amicitiam (amitié [friendship]), ludicrum (théâtralisme [dramatics]), captandum vulgus (jouer pour la galerie [playing to the gallery]), fulmen (tonnerre [thunderbolt]), vertiginem (vertige [dizziness]) and a carcere (prison [from prison]). On a envie d’ajouter ad nauseam — mais cela aussi a déjà été dit. (Hamblin, 1970, p. 41).

Cette liste ne contient pas uniquement des arguments émotionnels : par exemple, l’appel à l’ignorance (ad ignorantiam) est un argument de nature épistémique, non pas émotionnelle ; d’autres désignent des formes diverses d’appel à la subjectivité. Mais la plupart des formes mentionnées qui font intervenir des intérêts ou mettent en jeu la personne ont un contenu émotionnel évident, même si les manœuvres argumentatives désignées par ces différentes étiquettes sont parfois peu claires et les définitions proposées rares et elliptiques ; en outre, le sens de l’expression en contexte semble parfois très éloigné du sens de l’expression latine.

On parle de “argument ad + (nom d’émotion)”, mais pour inspirer la confiance ou émouvoir, la meilleure stratégie n’est pas forcément de se borner à dire qu’on est une personne de confiance ou qu’on est ému, il est bien préférable de structurer émotionnellement son dire et d’agir simultanément sur d’autres registres sémiotiques non verbaux. La notion d’argument évoque sinon une forme propositionnelle, du moins un segment de discours bien délimité ; étant donné que l’émotion a tendance à diffuser sur tout le discours, il sera souvent plus clair de parler d’appel à telle ou telle émotion, plutôt que “d’argument + (nom d’émotion)”, par exemple d’appel à la pitié plutôt que d’argument de la pitié

Globalement, on trouve dans la littérature une douzaine de fallacies faisant appel aux émotions, principalement des fallacies en ad :

— La peur, désignée soit directement, ad metum, soit métonymiquement par l’instrument de la menace, ad baculum, a carcere, ad fulmen, ad crumenam
— L
a crainte, la crainte respectueuse, ad reverentiam
— L’affection, l’amour, l’amitié, ad amicitiam
— La joie, la gaîté, le rire, ad captandum vulgus, ad ludicrum, ad ridiculum
— La fierté, la vanité, l’orgueil, ad superbiam
— Le calme, la paresse, la tranquillité, ad quietem
— L’envie, ad invidiam)
— Le “sentiment populaire”, ad populum
— L’indignation, la colère, la haine, ad odium ; ad personam
— La modestie, ad verecundiam
— La pitié, ad misericordiam.

Comme l’autorise l’étiquette générique ad passiones, la liste de fallacies d’émotion doit être élargie à toutes les émotions, confiance (/crainte), mépris, honte, chagrin, l’enthousiasme

On remarquera que cette liste mêle aux émotions de base des vices (orgueil, envie, haine, paresse) et des vertus (pitié, modestie, amitié), c’est-à-dire des états émotionnels évalués négativement / positivement.

Si on rapproche la liste d’émotions énumérées comme composantes du pathos et la liste d’émotions stigmatisées comme fallacies, on constate qu’elles se recoupent largement : Les preuves passionnelles de la rhétorique sont devenues sophismes ad passiones de la théorie critique moderne de l’argumentation.

On peut ainsi opposer rhétorique et argumentation sur la base de leur relation aux affects. S’il existe un concept d’argument défini dans la rhétorique (inventio), il existe également un concept d’argument défini contre la rhétorique. La rhétorique est orientée vers la production du discours, tandis que l’argumentation est orientée vers sa réception critique. Confrontée à une action rhétorique par nature agressive, l’argumentation critique est défensive.

2. Ad passiones revisité : quatre arguments fondés sur l’émotion
Ad hominem, ad baculum, ad populum, ad ignorantiam (Walton)

Toutes les émotions peuvent intervenir dans la parole argumentative ordinaire, mais toutes n’ont pas reçu la même attention. Les réflexions principales tournent autour des quatre fallacies en ad, le rôle de l’affect n’étant pas le même dans ces différentes formes (voir ces entrées), le cas le plus clairement émotionnel étant celui de la pitié.

Les arguments sur la personne, ad hominem et attaque personnelle
— La mise en contradiction ad hominem montre l’inconsistance d’une position, et jette ainsi l’adversaire dans l’embarras.
—Par une attaque personnelle le locuteur structure l’échange argumentatif autour d’émotions de l’ordre du mépris de la colère ou même de haine.

L’argumentation dite par la force (ad baculum) joue sur la peur, la crainte, éventuellement respectueuse. Les émotions négatives provoquées par les menaces s’opposent aux émotions positives comme l’espoir produit par la promesse de récompense.

L’appel aux sentiments populaires ad populumporte sur une gamme complexe de mouvements émotionnels positifs ou négatifs que, dans un mouvement de distanciation, on attribue aux autres, au peuple / aux gens / à la populace : amuse le publicle public, on l’enthousiasme, lui fait plaisir, honte, on fait appel à sa fierté, à sa vanité, on l’incite à la haine, etc.,

L’appel à la pitié (ad misericordiam) peut servir d’exemple fondamental de construction argumentative de l’émotion. Ce discours donne en effet à sa cible des bonnes raisons qui doivent précisément produire en lui un mouvement de pitié, un authentique épisode émotionnel se terminant par une action en sa faveur.

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

3. RATIONALITÉ ALEXITHYMIQUE ?

 

La “théorie standard” des fallacies considère que les émotions disloquent le discours et font obstacle à l’acquisition de la vérité et à l’action rationnelle qui en découle (voir supra). Mais la psychologie contemporaine des émotions voit les choses de façon plus complexe. Les psychologues ont défini l’alexithymie ou anémotivité (Cosnier 1994, p. 139) comme un trouble du discours. Le mot est composé de a-lexis-thymos, “manque de mots pour l’émotion”, et s’applique à un langage d’où est bannie toute expression des sentiments :

Alexithymie : terme proposé par Sifneos pour désigner des patients prédisposés à des atteintes psychosomatiques et caractérisés par : 1) l’incapacité à exprimer verbalement ses affects ; 2) la pauvreté de la vie imaginaire ; 3) la tendance à recourir à l’action ; 4) la tendance à s’attacher à l’aspect matériel et objectif des événements, des situations et des relations. (Cosnier 1994, p. 160)

Le discours sans émotion est réduit à l’expression de la pensée opératoire qui est un « mode de fonctionnement mental organisé sur les aspects purement factuels de la vie quotidienne. Les discours qui permettent de la repérer sont empreints d’objectivité et ignorent toute fantaisie, expression émotionnelle ou évaluation subjective » (ibid., p. 141). Par d’autres voies, le refoulement du névrosé peut conduire au même résultat.

Dans une perspective neurobiologique, Damasio s’oppose à ceux qui pensent qu’il est possible de représenter le traitement « [des problèmes auxquels] chacun de nous est confronté presque tous les jours » par une théorie du « raisonnement pur », en laissant de côté les émotions. Le problème est que cette théorie du pur calcul rationnel excluant l’émotion ressemble plus à la façon dont les personnes atteintes de lésions préfrontales procèdent pour prendre une décision qu’à celle des individus normaux » (1994/2001, p. 236 ; p. 238).

L’exclusion de la subjectivité et de l’émotion transformerait l’argumentation en une pratique opératoire alexithymique. Si l’argumentation veut réellement dire quelque chose sur le traitement langagier des problèmes quotidiens, elle ne peut prendre pour idéal un discours en tout point semblable à celui du névrosé ou du grand traumatisé frontal. Le traitement de la question du destin des émotions à travers leur contrôle individuel, interactionnel, social, institutionnel nécessite la mise en place de problématiques autrement complexes que celle d’une simple censure a priori.

Cette opposition radicale raison / émotion fonde dans une série d’oppositions qui constitue un mécanisme réflexe de la pensée et de la parole:

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

4. RÉCEPTION ET COMMUNICATION DE L’ÉMOTION

PRÉNERON – LAMBERT-KUGLER (*)
Troubles du langage et compréhension-production d’un récit d’émotion

Christiane Préneron et Marie Lambert-Kugler, 2010. Illustrations d’une approche linguistique des troubles du langage oral et de la communication chez l’enfantEnfances & Psy, 2010, 47, p. 95-106

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––


5. ANNEXE — LA NOUVELLE RHÉTORIQUE: L’ÉMOTION,
SUPPLÉMENT PERMETTANT DE PASSER DE LA PAROLE À L’ACTION?

 

Le domaine de l’argumentation comme critique des fallacies se construit sur le rejet des preuves que la rhétorique considère comme les plus fortes, les preuves éthotiques et pathémiques. Cette argumentation sans émotion et sans sujet correspond à une théorie classique et populaire du fonctionnement de l’esprit humain, qui oppose la raison à l’émotion, l’entendement à la volonté, la contemplation et l’action, dont le passage suivant est une synthèse :

Jusqu’ici nous avons traité des preuves de la vérité, qui contraint l’entendement qui les connaît ; et pour cela, elles sont efficaces pour persuader les hommes habitués à suivre la raison ; mais elles sont incapables d’obliger la volonté à les suivre, puisque, comme Médée, selon Ovide, “ je voyais et j’approuvais le meilleur, mais je faisais le pire”. Cela provient du mauvais usage des passions de l’âme, et c’est pour cela que nous devons en traiter, en tant qu’elles produisent la persuasion, et cela à la manière populaire [popularmente], et non pas avec toute cette subtilité possible si on en traitait philosophiquement.
Mayans y Siscar 1786, p. 144

La question de l’action est un souci pour les théories de l’argumentation. Elle trouve une solution simple en répercutant la dissociation “raison / passion” sur la paire “conviction / action”. Au milieu du XXe siècle, les psychologues Fraisse & Piaget considéraient que l’émotion correspond à un trouble de comportement entraînant une « diminution du niveau de performance » (1968, p. 98) :

On se met en colère quand on substitue paroles et gestes violents aux efforts pour trouver une solution aux difficultés qui se présentent (résoudre un conflit, tourner un obstacle). Mais une réaction émotive comme la colère a une organisation et des traits communs que l’on retrouve de colère en colère. Elle est aussi une réponse adaptée à la situation (frapper sur un objet ou une personne qui vous résiste), mais le niveau de cette réponse est inférieur à ce qu’il devrait être, compte tenu des normes d’une culture donnée. (Ibid.)

L’émotion déclenche des comportements de mauvaise qualité, donc des raisonnements de mauvaise qualité. Dans l’interaction l’émotion serait forcément manipulatrice : le candidat ou la candidate pleurent pour faire oublier leurs lacunes, reformatant ainsi magiquement la situation d’examen en une situation plus humaine.
On est ainsi conduit à un paradoxe. D’une part, conformément au sens étymologique du mot : émouvoir, c’est ex-movere, mettre “hors de soi”, “en mouvement”, l’émotion détermine la volonté et permet le passage à l’action, V. Pathos 1 ; Persuasion §3. Mais d’autre part, elle détériore l’action qu’elle provoque.

Perelman & Olbrechts-Tyteca partagent cette vision des émotions comme obstacles à la raison, incompatibles avec une argumentation solide. Pourtant, ils conservent la fonction motivationnelle de l’émotion afin de lier le discours argumentatif à l’action. La solution proposée par la Nouvelle rhétorique est de mettre hors champ les émotions en leur substituant les valeurs :

Notons que les passions, en tant qu’obstacles, ne doivent pas être confondues avec les passions qui servent d’appui à une argumentation positive, et qui seront d’habitude qualifiées à l’aide d’un terme moins péjoratif, tel que valeur par exemple. (Perelman [1958], Olbrechts-Tyteca, p. 630 ; nous soulignons)

Cette habile dissociation, permet de se débarrasse des émotions en tant que telles, qui restent péjorativement marquées comme des obstacles à la lumière de la raison ou de la foi, tout en conservant leur potentiel dynamique, transféré aux valeurs. Dès lors, par définition, on argumente sans s’émouvoir, et l’effet de l’argumentation se développe au-delà de la persuasion mentale pour devenir un déterminant de l’action (id., p. 45).

 

Pathos, « Preuve » par l’émotion

LE PATHOS, OU LA PREUVE PAR L’ÉMOTION

Ce module rappelle l’importance du concept rhétorique de pathos, qui fonde le premier traitement systématique de l’émotion en discours.

Dans la tradition de la Rhétorique d’Aristote, le pathos est constitué d’un ensemble de couples d’émotions opposées. Cette structuration inscrit de façon décisive l’analyse des émotions rhétoriques dans une structure Discours/ Contre-discours: si l’un met en colère, l’autre calme; si l’un en appelle à l’indignation, l’autre en appelle à la pitié.

Les traditions grecque et latine proposent  également des listes d’émotions rhétoriques que l’on peut rapprocher des passions élémentaires ou complexes des philosophes, comme des émotions de base des psychologues.

1. LOGOS, PATHOS, ÉTHOS :
PRIMAT DE L’ÉTHOS et du PATHOS

Logos, Pathos, Éthos 
Les théories logico-normatives de l’argumentationtren focalisent sur les objets du débat:
définition et catégorisation (arguments a pari, a contrario, etc); sur les relations causales, logiques ou analogiques qui lient les objets en discours; sur leurs environnements matériels et les indices circonstanciels.
Les théories rhétoriques de l’argumentation enchâssent en outre les objets dans leurs contextes interpersonnels et émotionnels (*)-. La théorie classique considère que la gestion
stratégique des émotions est essentielle dans l’orientation globale du discours vers la
persuasion et l’action.
(*) La rhétorique introduit le fait de juger dans les critères du jugement

Dans son application aux discours sociaux, la rhétorique est en effet une technique du discours visant à déclencher une action: faire penser, faire dire, faire éprouver et, finalement, faire faire.
C’est l’action accomplie qui fournit l’ultime critère de la persuasion réussie, qu’on réduirait indûment à un simple état mental, à une “adhésion de l’esprit” (Perelman & Olbrechts Tyteca). On ne peut pas dire que le juge rhétorique a été persuadé s’il ne se prononce pas en faveur de la partie qui l’a convaincu.2

Preuves rhétoriques
Pour atteindre ces buts – non seulement faire croire, mais aussi orienter la volonté et déterminer l’action – la technique rhétorique exploite trois types de moyens ou d’instruments, qu’on appelle parfois “preuves” (pistis). Le catéchisme rhétorique3 nous apprend ainsi que la persuasion complète est obtenue par la conjonction de trois opérations discursives: le discours doit enseigner, plaire, toucher (docere, delectare, movere). Il doit

1 L’argumentation a pari transfère à une espèce d’un genre ce qui est dit d’une autre espèce du même genre ; selon l’argumention a contrario, si quelque chose est affirmé des êtres appartenant à une certaine catégorie, le contraire est affirmé des êtres n’appartenant pas à cette catégorie.
2 Réponse attribuée à un parlementaire de la Troisième République, s’adressant à quelqu’un qui avait entrepris de le convaincre: “Vous pouvez tout à fait changer mon opinion, mais vous ne changerez pas mon vote”. Cette réponse exprime bien cette différence entre les déterminants de la représentation et ceux de l’acte.
3 Il y aurait beaucoup à dire sur la mise en ritournelle des concepts rhétoriques, et sur l’obstacle épistémologique que constitue l’effet d’évidence ainsi obtenu à bon marché.

d’abord enseigner par le logos, c’est-à-dire informer (raconter, narrer) et argumenter; cet enseignement emprunte la voie intellectuelle vers la persuasion, celle que tracent les preuves objectives.
Mais information et argumentation sont, d’une part, menacées par l’ennui, et d’autre part, ne suffisent pas à déclencher le passage à l’acte; il ne suffit pas de voir ce qu’il faut faire, il faut encore vouloir le faire, et s’y mettre. D’où la nécessité de fournir aux auditeurs des indices périphériques de vérité: ce sera la fonction des preuves liées à l’éthos (“aie confiance…”) et des stimuli émotionnels quasi physiques, qui constituent le pathos.
Tels sont en gros les termes dans lesquels la rhétorique s’auto-représente. Philosophes et psychologues auraient beaucoup à dire sur la théorie de l’esprit et de l’action sur laquelle s’appuie cette description.

Par opposition aux preuves dites “logiques (preuves objectales), on parle parfois de preuves subjectives pour désigner les moyens de pression et d’orientation éthotiques4 et pathétiques.
Seules les preuves logiques méritent ce nom de preuve, car, d’une part, elles seules répondent à la condition de propositionalité (elles s’appuient sur dans des propositions  examinable indépendamment de la conclusion qu’elles soutiennent).
D’autre part, elles traitent centralement du problème, alors qu’éthos et pathos sont des approches périphériques de la question.

 

3. LE PATHOS, UN FAISCEAU D’ÉMOTIONS

Les psychologues proposent différentes listes d’émotions de base, qui tournent autour de la joie, la tristesse, la peur, la colère, la surprise et le dégoût. En ce sens le premier d’entre eux, Aristote distingue dans l’Ethique à Nicomaque une douzaine d’émotions:

j’entends par états affectifs, l’appétit, la colère, la crainte, l’audace, l’envie, la joie, l’amitié, la haine, le regret de ce qui a plu, la jalousie, la pitié, bref toutes les inclinations accompagnées de plaisir et de peine.
(Eth. Nic. II, 4; trad. Tricot, p. 101).

Cette définition est typiquement aristotélicienne: l’émotion est définie d’abord en extension par une liste d’émotions typiques, puis, en intension, par son genre (inclination) et sa différence (accompagnée de plaisir et de peine).

Dans la Rhétorique, Aristote oppose entre elles une douzaine “d’émotions de base”, présentées sous forme de couples d’opposées, à l’exception de l’obligeance:

colère /calme
amitié / haine
peur / confiance
honte / impudence
obligeance
pitié /indignation
envie /émulation

À la différence de la précédente, cette liste ne mentionne pas la joie et le regret. D’autres émotions comme le chagrin, la fierté, l’amour, la nostalgie… ne figurent pas non plus dans la liste:

Aristotle neglects, as not relevant for his purpose, a number of emotions that a more general, independently conceived treatment of the emotions would presumably give prominence to. Thus, grief, pride (of family, ownership, accomplishment), (erotic) love, joy, and yearning for an absent or loved one (Greek pothos) … The same is true even for regret, which one would think would be of special importance for an ancient orator to know about, especially in judicial contexts» (Cooper 1996, p. 251).

Il semble difficile de trouver des émotions qui n’aient pas d’impact direct sur le discours public, peut-être la tristesse? On pourrait tenter de distinguer les émotions politiques
des émotions judiciaires. La honte semble réservée à l’adversaire politique ou à l’accusé, ou aux citoyens qui ont mal agi; on imagine mal faire honte au juge, ce serait insulter le tribunal

Les théoriciens latins proposent des listes ouvertes de même inspiration:

les sentiments qu’il nous importe le plus de faire naître dans l’âme des juges, ou de nos auditeurs quels qu’ils soient, sont l’affection, la haine, la colère, l’envie, la pitié, l’espérance, la joie, la crainte, le mécontentement. (Cicéron, De Or., II, 206; trad. Courbaud, p. 91)

Quintilien abrège un peu la liste:

le pathos tourne presque tout entier autour de la colère, la haine, la crainte, l’envie, la pitié. (Inst. Or., VI, 2, 20; trad. Cousin, p. 28-9).

La liste de Cicéron comprend cinq émotions négatives (colère, haine, crainte, mécontentement, envie) et quatre émotions positives (espérance, affection, pitié, joie). La
honte et l’obligeance aristotéliciennes n’ont pas de correspondant direct chez Cicéron;
réciproquement, les émotions positives affection et joie de Cicéron n’ont pas de
correspondant évident dans la liste aristotélicienne. On pourrait admettre que les émotions
négatives représentent le couple émotion positive/négative: (colère/calme = colère;
haine/amitié = haine; indignation/pitié = indignation; envie/émulation = envie). Quoi qu’il en
soit, les divergences ne semblent pas très significatives.

Ce qui en revanche pourrait bien l’être, c’est la différence d’approche entre une approche
atomiste, réifiée, des émotions, qui s’exprime sous forme de listes d’items émotionnels d’une part, et d’autre part une approche controversiale, langagière, de l’émotion, où des discours opposés construisent des positions et des émotions antagonistes.

 

4. ÉTHOS ET PATHOS, DEUX TYPES D’AFFECTS?

La présentation trinitaire “éthos, logos, pathos” sépare chacune de ces composantes, en particulier éthos et pathos.

Dimensions de l’opposition éthos / pathos
Le tableau suivant récapitule les principales dimensions selon lesquelles la rhétorique oppose éthos et pathos. Plusieurs de ces oppositions sont discutables.

Éthos et pathos, deux types de sentiments

Quintilien comprend pathos et éthos comme deux types de sentiments.

Le [pathos] et [l’ethos] participent parfois de la même nature, sauf qu’il y a entre eux une différence de degré, le premier en plus, le second en moins ; l’amour par exemple est un pathos, l’affection un ethos » (I. O., VI, 2, 12 ; p. 26).

Or les sentiments, comme nous le savons selon l’antique tradition, se répartissent en deux classes : l’une est appelée par les Grecs pathos, terme que nous traduisons exactement et correctement par adfectus, l’autre, éthos, terme pour lequel, du moins à mon avis, le latin n’a pas d’équivalent : il est rendu par mores et, de là vient que la section de la philosophie nommée [éthique] a été dite moralis.
[…] Des écrivains plus prudents ont préféré exprimer l’idée plutôt que de traduire le mot en latin. Par conséquent, ils ont rendu ceux–ci par “émotions vives” et ceux-là par “émotions calmes et mesurées” : dans une catégorie, il s’agit d’un mouvement violent, dans l’autre doux; enfin, les premières commandent, les dernières persuadent; les unes prévalent pour provoquer un trouble, les autres pour incliner à la bienveillance.
Certains ajoutent que [l’éthos] est un état continu, le [pathos] un état momentané. » (Quintilien, I. O., VI, 2, 8-10 ; p. 25)

Ces citations sont très suggestives, dans la mesure où elles rappellent la relation humeur / émotion, qui s’opposent selon les dimensions suivantes:

— L’émotion est un éprouvé plus intense que l’humeur (« degré » de Quintilien)
— L’épisode émotionnel courant (petites émotions) est d’une durée relativement brève.
— L’émotion surgit en liaison avec un événement disruptif, alors que l’humeur a une origine interne indéterminée, qui la rattache à la famille des dispositions.
— Il s’ensuit que l’humeur est plus diffuse que l’émotion
— La conscience de l’émotion est attachée à l’émotion, la l’humeur est liée au caractère de l’expérienceur.

 

5. LA CONSTRUCTION RHÉTORIQUE DES ÉMOTIONS
LA MÉTHODE ARISTOTÉLICIENNE

Ces listes donnent une impression de familiarité qui paraîtra suspecte au philologue: la honte, la colère grecques sont-elles encore les nôtres? Quoi qu’il en soit de ce point, il est indéniable que le pathos est bien un complexe discursif, un trajet discursif où se construisent des émotions clés. Ce point étant posé, il faut voir que la Rhétorique n’est pas un ouvrage de psychologie sur les émotions de base et universelles, mais bien un traité sur ce que le discours peut faire avec les émotions: la parole ne peut pas faire tonner, mais elle peut faire peur.

Le Livre II de la Rhétorique définit les émotions à partir de scénarios types, activables par l’orateur. Les notes suivantes ne prétendent pas épuiser les complexités du texte aristotélicien, mais elles peuvent donner une idée des stratégies discursives de formatage des situations par lesquelles le locuteur est capable de produire de l’émotion, en la nommant ou sans la nommer.

 Colère
La colère de A contre B peut se décrire comme suit:

B méprise A injustement; il le brime, il l’outrage, il se moque de lui, il fait obstacle à ses désirs, et il y prend plaisir.
A souffre.
A cherche à se venger en faisant du tort à B.
A fantasme cette vengeance et en jouit.

Selon cette description, la colère n’est pas définie isolément, comme une réponse brute à la piqûre d’un stimulus. Elle apparaît comme la résultante d’un script émotionnel, où entrent d’autres émotions, comme l’humiliation ou le mépris.
Il s’ensuit que, pour mettre A en colère contre B, il faut construire un discours montrant à A que B le méprise, le brime, l’outrage, etc. Une fois qu’il a été mis en colère sur la base de cette schématisation de la situation, les mécanismes de la vengeance sont supposés se déclencher automatiquement. Je me mets en colère parce que “je vois bien” qu’on est
injuste à mon égard, qu’on me méprise, se moque de moi. En fait, on le voit à travers le jeu des facettes et des composantes cognitives de l’émotion, qui sont construites par le discours.

Peut-on parler ici de manipulation? Il faut d’abord souligner, à la suite de Grize, qu’on ne
saurait parler sans schématiser, c’est-à-dire sans jeter un éclairage, une lumière sur le
monde. En second lieu, si le discours peut mettre en colère, il peut aussi calmer.

Le discours rhétorique est double, non pas duplice: deux positions s’affrontent, incarnées dans deux personnes, tenant deux discours. En conséquence, pour calmer A, on parlera contre celui qui veut le mettre en colère en construisant une schématisation montrant que:
Le comportement de B n’est pas méprisant, moqueur, injurieux, outrageant; ou alors: B plaisantait; il a dû agir ainsi involontairement, ce n’était pas son intention, il ne faut pas voir les choses comme ça; d’ailleurs il se comporte ainsi vis-à-vis de tout le monde, de lui-même; il se repent, il a des remords; il a été puni; c’était il y a longtemps, et la situation a bien changé.
En bref, cette trame discursive est un tissu de topoï dont l’usage permet de calmer la colère.

Notons qu’on calme quelqu’un qui est en colère, mais aussi quelqu’un qui a du chagrin, qui fait une crise de honte ou de désespoir; calmer, c’est aussi consoler (von Moos 1971).

Faire honte / combattre, braver la honte
Le scénario de la honte est le suivant:

A a agi sous l’emprise d’un vice, il a commis des choses que sa communauté n’accepte pas: il s’est conduit comme un lâche, il n’a pas rempli ses engagements, il a commis une injustice, il a fait les poches d’un mort, il a copulé dans des lieux et avec des personnes inappropriés, il s’est enivré et il a vomi devant ses subordonnés; il s’est montré vantard, flagorneur; il s’est montré faible et a accepté son humiliation
B est au courant, il a tout vu.
B est une personne importante, de référence pour A; A admire, aime B.
A souffre parce qu’il fantasme (ou il vit) la perte de sa réputation devant B: «la honte est dans les yeux» (Rhét.,1384a35; trad. Chiron, p. 300).

Symétriquement, on rassérénera (calmera) le honteux en lui montrant que maintenant
personne n’a rien à faire de sa réputation, que sa conduite n’était pas si répréhensible, que personne ne l’a vu, etc.

L’utilité pratique de ces remarques est évidente: Les lieux spécifiques de la honte listés ici donnent les thèmes qui devront être amplifiés dans le discours destiné à faire honte (voir Étude 1).

Gratitude, reconnaissance / Ingratitude

A est obligeant (gentil, serviable…) vis-à-vis de B si A rend gratuitement service à B.
L’obligeance est proche de la charité; c’est un sentiment éminemment politique, puisqu’elle crée ou renforce le lien social, en produisant chez B comme sentiment complémentaire, la reconnaissance, la gratitude, le sentiment d’avoir une dette vis-à-vis de A. En retour,

Réciproquement,

il est possible de détruire l’image de l’obligeance et de peindre les gens sous des dehors désobligeants (Rhét. 1385a35; trad. Chiron, p. 307).

Le cas échéant, on doit pouvoir rompre le sentiment de reconnaissance sans créer pour autant chez B un sentiment de culpabilité, le sentiment d’être un ingrat. Pour cela, on expliquera à B
qu’il a déjà amplement payé sa dette envers A;
— qu’en fait A avait agi dans son propre intérêt, par hasard, parce qu’il était bien obligé.
— que A a agi pour asservir B.
— que B ne doit rien à A; c’est A qui était déjà l’obligé de B et que, par ce prétendu service, il n’a fait que s’acquitter d’une dette ancienne. Tout cela, le discours sait le faire.

Pitié

A a pitié de B s’il voit, près de lui, que B est victime d’un mal qu’il n’a pas mérité et si A a
bien conscience de pouvoir lui-même un jour souffrir du même mal (d’après Rhét. 1385b13; trad. Chiron, p. 309).
En conséquence, pour produire de la pitié en A, B doit montrer qu’il souffre, qu’il ne l’a pas mérité, etc, et amplifier toutes les facettes de sa peine.

Selon cette analyse, la pitié n’est pas un sentiment universel, ceux qui n’ont rien à craindre pour eux-mêmes seraient insensibles à la pitié: conformément à la théorie des caractères, la construction correcte d’une émotion dépend d’une bonne analyse de l’auditoire.

Il faut également que la distance entre A et B soit calibrée correctement: «on n’éprouve plus de pitié quand la chose terrible est proche de soi» (id.): on a pitié d’un enfant qui souffre, on est épouvanté s’il s’agit de sa fille. La proximité est une notion culturelle-anthropologique, accessible au langage (voir chapitre 9, l’importance de la dimension “distance” dans la construction de l’émotion).
Le travail du locuteur est de produire un sentiment de pitié chez A vis-à-vis de B, sachant
que le locuteur peut être B lui-même, qui tente de s’autopersuader, de justifier sa dureté,  son ingratitude.
La fortune littéraire des discours producteurs de pitié est immense.

En résumé

Il ne s’agit pas de faire œuvre de psychologue et de typifier les émotions dans toute leur finesse, ni de romancier, en spécifiant minutieusement les émotions dans leur contexte.
La rhétorique s’attache à construire ou à détruire par le discours une poussée émotionnelle, dans un groupe particulier. Il ne s’agit pas de dire ce que sont la colère ou le calme, mais de voir comment on construit un discours susceptible de mettre en colère ou de calmer. C’est pourquoi le point de vue rhétorique impose d’utiliser non pas des substantifs, comme nous l’avons fait au paragraphe précédent, mais des prédicats d’action pour parler des émotions dans une perspective discursive:

Mettre en colère VS calmer
Faire peur / rassurer
Faire honte / combattre, braver, la honte
Construire de la gratitude / prouver qu’on ne doit rien
Inspirer des sentiments d’amitié / rompre les liens de l’amitié,
Inspirer la colère et la haine / ramener au calme
Faire pitié / pousser à l’indifférence, au mépris et à l’indignation
Susciter de la rivalité, de la jalousie, de l’envie / inspirer un désir
de saine compétition (émulation)

On est entièrement dans le champ de l’action discursive.

Avant-Plan, Arrière-Plan

1. ARRIÈRE-PLAN: DISPOSITION, CARACTÈRE, HUMEUR

L’arrière-plan correspond à l’état psychique de fond de l’expérienceur. Cet état  est défini de manière générale par les dispositions plus ou moins permanentes de l’individu, son tempérament, son caractère. Ces tendances ne se modifient que sur le long terme. Elles se manifestent localement sous forme d’affects.

Contextuellement, cet état dépend également de l’humeur (mood) de l’expérienceur, et de la tension exigée par l’activité en cours.

Certains environnements et activités sont associées par défaut à des états émotionnels préférés ou assignés, que les participants sont plus ou moins tenus d’afficher.
Par exemple, le personnel de cabine d’un avion doit afficher son ouverture, sa bonne humeur et sa tonicité; les personnes assistant à un enterrement doivent manifester un certain degré de tristesse ; la joie est prohibée (Cf. §5).

Une disposition est une sensibilité aux stimuli susceptibles de provoquer l’émotion correspondante. Elle peut être désignée par un dérivé du terme désinant l’émotion qui en est l’incarnation: une personne colérique, coléreuse, irritable est une personne qui a une propension à la colère.

L’existence d’une disposition peut être invoquée dans les discussions et récits d’émotion, la colère (émotion) d’une personne colérique (disposition) est moins surprenante, en un sens moins à prendre au sérieux que celle d’une personne calme (disposition).
Du point de vue langagier, la réalité lexicale à prendre en compte est celle de la famille dérivationnelle sémantiquement homogène ; ainsi, la base {coler-} intervenir comme déterminant de l’état de fond de l’expérienceur dans colérique,  et comme terme d’émotion proprement dit dans faire une colère.

2 AVANT-PLAN ÉMOTIONNEL

Du point de vue dynamique, l’émotion se développe de manière phasique ; un phénomène est dit phasique s’il se développe rapidement et fortement sous l’influence d’un stimulus, puis s’adapte après une brève période d’excitation (d’après M.-W Medical Dictionary, Phasic).

L’émotion se caractérise par son émergence rapide (sous l’effet d’un événement non planifié, imprévu) ; son tonus spécifique (excitation, arousal) ; son instabilité, et sa résorption plus ou moins rapide dans le flux de l’interaction et de l’action en cours.

L’émotion est un phénomène d’avant-plan (phasique), qui se détache sur un arrière-plan (thymique) qui n’est pas l’absence d’émotion, mais d’une part, des tendances émotionnelles plus ou moins latentes qui se combinent avec des modalités de tension attachées au contexte et à l’action en cours.

Emoción en Situación

EMOCIÓN en SITUACIÓN

La emoción está vinculada, asociada a una situación. En su análisis de los « verbos psicológicos », Ruwet (1994: 45) habla de la « fuente » de la emoción, sin precisar más la relación de la emoción con esta fuente.

Hablaremos indistintamente de situación o de fuente y de razón de la emoción en referencia a la representación de la situación por parte de Ψ

1. JAMES: EL OSO, LA HUIDA, EL MIEDO

En un artículo fundamental, ¿Qué es una emoción? (1884), James parte de lo (que cree) que dice el sentido común sobre la emoción (nuestra presentación):

Mi tesis es que los cambios corporales siguen directamente a la percepción del hecho excitante, y que nuestra sensación de los mismos cambios al producirse ES la emoción.
El sentido común dice: perdemos nuestra fortuna, lo lamentamos y lloramos; nos encontramos con un oso, nos asustamos y corremos; somos insultados por un rival, nos enfadamos y golpeamos.
La hipótesis que aquí se defiende dice que este ordenamiento de la secuencia es incorrecto, que un estado mental no es inducido inmediatamente por el otro, que las manifestaciones corporales deben interponerse primero, y que la afirmación más racional es que nos sentimos apenados porque lloramos, enojados porque golpeamos, temerosos porque temblamos, y no que lloramos, golpeamos o temblamos porque estamos apenados, enojados o temerosos, según sea el caso.
Sin los estados corporales que siguen a la percepción, ésta tendría una forma puramente cognitiva, pálida, incolora, desprovista de calor emocional. Podríamos entonces ver al oso y juzgar que lo mejor es correr, recibir el insulto y considerar que es correcto golpear, pero no podríamos sentir realmente miedo o ira.

James distingue tres componentes de la emoción

          Una situación:
perdemos nuestra fortuna
nos encontramos con un oso
somos insultados por un rival

          Un estado mental:
[nos] da pena
estamos asustados
estamos enfadados

          Una acción / actitud / manifestación de V-MPG:
lloramos
corremos
golpeamos.

La tesis de James-Lange trata de la secuenciación de los componentes corporales y psíquicos de la emoción, que es un problema típico de la estructura del síndrome emocional.

Al igual que el sentido común, James da por sentado que estas dos manifestaciones se suceden, siendo la discusión sobre el orden de sucesión.
También se podría suponer que <percepción – estado mental – estado corporal> son quasi-simultáneos, dado el tiempo de transmisión de los impulsos nerviosos (entre 1 y 100 metros/segundo)

En todos los casos, el desencadenante de la reacción (emoción – expresión) o (expresión – emoción) es la percepción de la situación.

En este esquema, la situación aparece como la causa externa de la emoción, que actúa como un estímulo que desencadena una respuesta corporal-mental.
James caracteriza cada uno de los componentes de esta respuesta corporal mediante una asociación de elementos típicos:

lamentar – llorar; asustado – correr; enfadado – golpear.

James no distingue entre la situación material y su percepción. Sin embargo, la percepción es un acto analítico, y es este análisis de la situación el que determina la emoción.
En otras palabras, no es la situación sino su análisis el que actúa de forma causal.

Hace tiempo que tengo un profundo deseo de convertirme en anacoreta:
Pierdo mi fortuna – mi cara se ilumina – siento una gran alegría

Durante un viaje de observación de la fauna:
Veo un oso – lo observo – me sorprendo

Soy un impostor
Me insulta un rival – pongo la otra mejilla – siento un inmenso alivio al liberarme por fin de mi impostura.

Veo gente sucia y mal vestida en el metro
Veo terroristas, tengo miedo, salgo del coche
Veo un grupo de exiliados, siento compasión y hablo con ellos
Veo a personas sin hogar, me avergüenzo y agacho la cabeza.

Ejercicios
– Me encuentro con un grupo de personas que piden limosna en el metro.
¿Qué descripción/percepción para qué emoción?

descripción1, [emoción1 = miedo] descripción2, emoción2 = odio] descripción3, [emoción3 = piedad] descripción4, [emoción4 = indignación]

2. LA ILUSIÓN DEL ESTÍMULO

Esquemáticamente, según el modelo estímulo-respuesta, la emoción es un síndrome que afecta a un individuo y que tiene su origen causal en una situación externa.
La emoción se experimenta; se produce por el choque de un evento en una persona. La situación actúa como estímulo; la emoción es la respuesta a ese estímulo.
Hay un número limitado de emociones universales básicas
El mecanismo de la emoción, las reacciones físicas y los sentimientos psíquicos son fisiológicos. Estos mecanismos son innatos y, por tanto, universales.
El modelo de emoción pasiva modela el choque emocional en el choque físico

Me golpeo con la mesa, me sale un moratón; entonces me aplico árnica, y si todo va bien, el moratón desaparece.

Veo un oso, tengo miedo y salgo corriendo, luego, si todo va bien, encuentro un refugio y me calmo; o alguien me atrapa y me calma.

Cualquiera que se tropiece con la mesa / vea un oso se hará un moratón / se asustará, y todo se resolverá en las mismas condiciones orgánicas.

La emoción es una condición individual. Si varias personas sienten la misma emoción en las mismas condiciones, es porque su cableado fisiográfico es el mismo. La situación es emocional como la lluvia es húmeda.
Mandatos de hacer, mandatos de experimentar

La existencia de mandatos emocionales demuestra que la situación no determina causalmente la emoción a la que está vinculada:

¡Indignez-vous! (Stéphane Hessel)
Amaos los unos a los otros.
¡Teme mi ira!

Si el experimentador fuera movido causalmente por la situación a tal o cual emoción, no entenderíamos estos mandatos. La lluvia moja causalmente; la orden de « mojarse » no es suficiente para que alguien se moje, aunque sea sensible a la orden y se esfuerce por hacerlo.

Si se puede ordenar a alguien que ame a los demás, que se indigne o que tenga miedo, es porque la emoción se construye sobre la base de buenas razones, que son básicamente descripciones de las situaciones en las que se encuentra el potencial experimentador que es objeto del mandato. No se trata de causalidad sino de semiótica.
Desacuerdo sobre las emociones

La misma conclusión se obtiene de las situaciones de antagonismo y desacuerdo sobre la emoción adecuada:

L1: – ¡Lloremos la muerte del padre de la patria!
L2: – ¡Alegrémonos de la muerte del tirano!

L1: – ¡No tengo miedo a los osos!
L2: – Pero deberías estarlo.

L1: – Deja de enfadarte
L2: – No estoy enfadado, estoy deprimido

La emoción no está vinculada causalmente a una situación determinada, sino a su formato, que puede encontrarse en el material lingüístico. Es en este sentido que podemos hablar de la construcción argumentativa de la emoción y del discurso emocional como actividad. No es la situación bruta, si es que existe, la que determina la emoción, sino la situación bajo una determinada percepción – descripción de esta situación

En relación con una emoción, se puede formular la pregunta « ¿por qué? (estás triste, enfadado…) », a la que se responde enumerando buenas razones, que no son otra cosa que la descripción de una situación, que, por reificación de estas buenas razones, se dice que es « la causa » de la emoción.

La coorientación del formato es lo que produce la ilusión del estímulo. Si un grupo de personas comparte la misma forma de ver el mundo y a los seres humanos, entonces cuando se vean inmersos en la misma situación, espontánea e inconscientemente la analizarán de la misma manera y verán a las personas sin hogar o a los terroristas o a los refugiados.
La situación está en la emoción.

La emoción está inscrita en la situación por el experimentador. El experimentador percibe – formatea la situación de tal o cual manera, y este formateo corresponde al de tal o cual emoción.

La fuente de la emoción no es la situación en sí, sino la situación bajo una determinada descripción.

Es esta descripción la que se activa si hay que justificar la emoción.

Los psicólogos hablan del componente de evaluación cognitiva del entorno (appraisal). Utilizaremos la descripción detallada que hace Scherer de este componente para determinar las reglas que organizan las descripciones de la situación correspondiente a una emoción concreta.

3.  COMPONENTE COGNITIVO DE LAS EMOCIONES

  1. Emociones-cogniciones incrustadas en la representación: M12

Esta sección introduce una tercera vía a la emoción, que, como la primera, es basada sobre el material verbal. La idea general es que la emoción esta incrustada en la forma en que Ψ expresa su representación de la situación que está viviendo. La emoción da forma a todos los ejes de la construcción de esta situación.

Este apartado trata del encuadre cognitivo-emocional de la situación. La situación siguiente puede ilustrar este concepto. Un pequeño grupo de personas, adultos y niños, entra en el metro. Son diferentes: su piel, su cara, su físico son diferentes. Su lenguaje, su comportamiento es diferente. Los otros pasajeros pueden percibir emocionalmente-cognitivamente este grupo como:

— Una banda de ladrones bien organizada; robos; incidentes; asalto => miedo urgencia
— Refugiados, probablemente necesitados de ayuda => solidaridad
— Terroristas potenciales => refuerzo de un estado de ánimo ansioso preexistente
— Nada especial  => indiferencia

3.1 La emoción como síndrome

Los psicólogos consideran que la emoción es un síndrome que afecta al individuo. Un síndrome es un fenómeno complejo, un conjunto integrado de componentes con relaciones complejas. La palabra síndrome está tomada del vocabulario médico, donde se refiere a un conjunto de síntomas (signos) sin una causa específica, que el paciente puede tener al mismo tiempo en ciertas enfermedades. Así, el síndrome de Parkinson combina la acinesia (movimientos lentos y poco frecuentes), el temblor en reposo y la hipertonía (contracciones inapropiadas de los músculos del cuerpo)[1]. Los diccionarios pueden retomar elementos de esta definición del fenómeno emoción para definir la palabra emoción.

Según Scherer, cualquier emoción puede analizarse en cinco « componentes » (o « sistemas ») (Scherer 1984a, p. 99):

— C. fisiológico de activación (arousal)
— C.  de expresión motora VMGP, cambio de Voz, Mímica facial, Gestos, Postura del cuerpo.
— C.  esbozo de acción.
— C.  sintético, subjetivo; lo que entendemos por emoción.
— C.  de evaluación cognitiva de los estímulos o situaciones.

Los cuatro primeros componentes son tradicionales. Ciertos psicólogos, como Scherer, añaden un quinto componente, el componente de evaluación cognitiva.

3.2 El componente cognitivo del síndrome “emoción”

Los componentes tradicionales focalizan sobre el “sujeto emocionado”. El componente de evaluación cognitiva introduce la situación asociada a la emoción. Sin más precisión, el término “situación” refiere al mundo objetivo tal que rodea la persona. En relación con la emoción, la situación es definida como el mundo circundante tal como lo percibe-analiza-entiende el experiencer. La emoción situación-fuente-de-emoción (se debería escribir así) corresponde al mundo “experimentado” por Ψ, el mundo tal y como Ψ lo describe, al evento tal como Ψ lo cuenta para compartirlo con los demás participantes. La situación fuente de emoción es un montaje[2] elaborado por el Ψ a partir de la realidad contextualmente dada o imaginada.

La emoción puede tener fuentes internas. En el segundo sentido, la emoción tiene su fuente en una representación descontextualizada. Las fuentes internas pueden ser cualquier tipo de montaje mental. Los recuerdos son fuentes internas de emoción.

La hija de la gran pianista Brigitte Engerer, cuenta la siguiente anécdota. Brigitte Engerer daba una clase magistral.  Una alumna quería tocar el segundo concierto de Rajmáninov, y Brigitte Engerer le echó en cara el tabique. Cuando era estudiante, Brigitte Engerer quedó profundamente impresionada por uno de sus profesores, que murió mientras tocaba el segundo concierto de Rajmáninov, y nunca tocó este concierto.

La introducción detallada de un componente de evaluación cognitiva abre nuevas perspectivas para el análisis de la emoción hablada.  En un primer lugar, este componente tiene una gran generalidad:

apenas hay estados emocionales que no presupongan un número importante de procesos cognitivos (Scherer 1993/1984, p. 107).

Según Scherer, el componente cognitivo:

— Garantiza un control permanente de los estímulos internos y externos.
— [Evalúa] si son perjudiciales o útiles para el organismo,
— [relacionándolos con] « las necesidades, planes o preferencias [del individuo] (id., p. 103; p. 110; 101).

Este componente es de importancia central para el procesamiento de la emoción: la naturaleza de la «emoción parece estar determinada principalmente por los procesos cognitivos de evaluación» (id., p. 114).

Ver infra, Discusión

3.3 Facetas del componente cognitivo de las emociones

Scherer da dos variantes muy detalladas de su sistema de valoración cognitiva (1984a, 1984b). La siguiente tabla fusiona las dos tablas. Hemos introducido la numeración de las facetas.

Tabla 1 Facetas del componente cognitivo de las emociones

F1 Intervención del acontecimiento Momento, expectativa, probabilidad, previsibilidad
F2 Evaluación de la acción/resultado del acontecimiento Simpatía intrínseca, importancia del objetivo, importancia para la consecución del objetivo, legitimidad
F3 Inferencia sobre la causa del acontecimiento Identidad del agente, motivo/origen, legitimidad
F4 Evaluación del potencial de control Posibilidad de influir en el acontecimiento o en sus consecuencias: potencial de poder para dominar sus efectos
F5 Comparación con estándares externos o internos Conformidad con las expectativas o normas culturales.

Coherencia con la imagen real y/o ideal de uno mismo.

F6 Consecuencias para el yo — Ganancia/pérdida de vida, salud, bienes materiales relaciones, estatus, autoestima, experiencias de tiempo
F7 Planes de expectativas que se cumplen/no se cumplen, demandas de roles/normas que se satisfacen/no se satisfacen
F8 Duración de los efectos: corto/largo plazo, permanente, periódico
F9 Tipo de actividad logro-tarea transporte, socio-emocional, ocio, servicio, impulsos básicos, observación
F10 Lugar del evento naturaleza, calle, instituciones, hogar
F11 Agente del efecto fuerzas naturales, sociedad, grupos, individuo, yo, objeto
F12 Relación con el agente intimidad, actitud, estatus
F13 Acción del agente casualidad, tipo de intención, exigencias del rol/norma

3.4 Adaptación a la descripción de la situación emocionante

El siguiente cuadro es una reescritura del anterior, integrando las siguientes aportaciones (Ver Plantin 2021, cap. 9 Producir la emoción: la dramatización de la palabra):

— Reglas retóricas de la dramatización del discurso: (Lausberg, 1971; 1973)

— Reglas para la construcción del discurso mediático emocionante (Ungerer 1995; 1997)

— Pragmática de la comunicación emotiva: “Hacia una pragmática de la comunicación emotiva” (Caffi, Janney, 1994; Caffi, 2000).

Tabla 2, Reescritura con ejemplos

Placer / displacer ¡puaj! VS ¡mmm!
Categorización
(acontecimiento
participante
Casamiento VS entierro
Un gánster VS un transeúnte alcanzado por una bala
Un cretino VS un mártir
Cantidad,
Intensidad
Tres VS treinta victimas
Analogia Como un temblor de tierra VS Creí que estaba en el paraíso terrenal
Tiempo
Distancia temporal a Ψ
Frecuencia
Todo eso era antes, terminó
VS eso puede volverse a producir en cualquier momento
Lugar
Distancia a Ψ
— La victima iba de compras por su barrio VS vagaba por un lugar alejado
− Algún lugar en los Balcanes VS A dos horas de avión de Paris
Causalidad,
Agentividad
El accidente fue provocado por la niebla VS por un conductor ebrio
Consecuencias Esta conducta parece anodina, sus consecuencias serán terribles
Control No se puede hacer nada VS ¡a las armas, ciudadanos!
Normas Un cretino VS un mártir

— Un « acontecimiento » es algo sobresaliente; que desvía del escenario de la acción actual en la que el experimentador está / se siente involucrado.

Como se verá en los comentarios que siguen, estas diferentes facetas no trabajan independientemente unos de otros.

Sur tous ces axes interviennent les mécanismes de maximisation et de minimisation (euphémisation) qui amplifient ou émoussent l’émotion.

3.5 Commentaires généraux

Principio de reiteración — Principio de transversales  global – distribuida

Cada operación cognitiva-emocional (2) – 10) interviene a un nivel local o general.  Por ejemplo, la operación de evaluación (2) puede concernir sea el acontecimiento globalmente (una magnífica sorpresa), y reiterarse sobre cada (sub-…) componente del acontecimiento (un regalo magnífico) y sobre cada participante al acontecimiento (un amigo de toda la vida).

— La evaluación emocional agradable / desagradable puede efectuarse globalmente sobre la un ser o una situación, o transversalmente, sobre todos los elementos que la componen (en una descripción determinada) (ver §5).

— La categorización global (guerra) va coordinada con una infinidad de subcategorizaciones (soldados, ofensiva…).

Los principios de evaluación, de categorización, y de analogía son transversales.

— Como la categorización, la analogía y la intensidad pueden referirse a cada una de las categorías que constituyen el acontecimiento, o al propio acontecimiento.

Principio de subjetividad “relación con Ψ”

Este principio se aplica a todos los ejes cognitivos. Lo que importa no es el momento o el lugar del acontecimiento, sino el momento o el lugar en relación con Ψ, las causas, y consecuencias en tanto que afectan Ψ, el control que puede ejercer Ψ sobre los acontecimientos.

El parámetro “relación con Ψ” sobresale. Se aplica sobre todos los ejes de estructuración del evento. Esta presente en cinco de las trece facetas del componente cognitivo de las emociones según Scherer (ver tabla

F2 Evaluation of the action / outcome of the event Intrinsic agreeableness, importance of the goal, significance for goal achievement, legitimacy
F5 Comparison with external or internal standards Conformity to cultural expectations or norms
Consistency with real and/or ideal self image.
F6 Consequences for self gain/loss of life, health, material goods,
relationships, status, self-esteem, time experiences
F7 Expectations plans coming true/not true, role/norm demands satisfied/not satisfied
F12 Relationship to agent intimacy, attitude, status

Saturación de la palabra por los valores y las normas de Ψ

Las emociones están fundamentalmente determinadas por los valores y los intereses de Ψ

La emoción asociada a un acontecimiento que afecta a un experiencer varía en cantidad y calidad en función de cómo ese acontecimiento afecta a su sistema de valores.

A excepción de las emociones reflejas innatas, como el miedo inducido en el patito por la sombra de la rapaz; o el sudor frío del automovilista que acaba de escapar del accidente.

Ante un experimentador desconocido que recibe una noticia o se enfrenta a un acontecimiento, no se puede decir nada sobre la intensidad y la naturaleza de la emoción que siente este sujeto, si es que siente algo

A lo sumo, podemos esperar que sea coherente con la emoción socialmente asociada a ese tipo de noticias o acontecimientos.

4. COMMENTAIRE DES AXES

4.1 Placer: Evaluación del evento en el eje placer/desagrado.

Este eje se corresponde lingüísticamente con el clásico eje placer/desagrado de los psicólogos, recogido por Caffi y Janney, así como con el « principio de evaluación emocional » de Ungerer.

La evaluación puede ser básica, vista como una reacción de todo el cuerpo ante un evento (reacción de rechazo – reacción de apertura), acompañada de producciones vocales semilingüísticas (¡beûrk! vs. ¡hmm!); a través de esta reacción emocional primaria, el evento es, por así decirlo, « colocado » en el eje evaluativo por un movimiento reflejo, acompañado de producciones lingüísticas mínimas. La evaluación puede ser cada vez más elaborada verbalmente (¡Es inaceptable! vs. ¡Es genial!), acompañada de una muestra emocional explícita (Es desagradable, estoy disgustado vs. Es agradable, estoy en las nubes). Es francamente tardía en otros casos, en los que ya no es reflexiva, no es obvia, y se construye en el curso de un largo proceso lingüístico y cognitivo que combina datos de todos los ejes de categorización de la emoción, y lleva a una conclusión evaluativa como « Al final, reflexionando, todo esto es extremadamente positivo e incluso agradable + una cara feliz y una cara abierta ». Esta evaluación puede ser realizada por cualquier actor implicado en el evento, incluido el narrador.

La evaluación sintética del ser o del evento posiciona globalmente su objeto (ser, evento) en el eje placer (bueno) / displacer (malo): «evaluación de la acción o del resultado del evento en términos de agradabilidad intrínseca» (Scherer; ver también Caffi, Janney; Ungerer).

Una evaluación es un conjunto de reacciones u operaciones que tienden a atribuir a un objeto (ser, acción, acontecimiento…) un valor estético (una buena película), moral (una buena acción), pragmático (un buen cuchillo).

Se puede distinguir dos tipos de evaluación, la evaluación reflejo y la evaluación reflexiva.

Evaluación refleja: ¿placer / displacer?— La evaluación puede expresarse como una reacción física de todo el cuerpo ante un acontecimiento, como las “evaluaciones corporales” siguientes:

[aproximarse de / rechazar] [asimilar] / [vomitar] [cerrarse / abrirse: pugno cerrado / mano abierta]

Estos gestos corporales se materializan se acompañan de interjecciones, que son poderosos instrumentos de evaluación elemental, en francés:

aahh ! pouah! (p aspirado), beua!, berk!, beuark! / hmm! ouahh!

o, en la interfaz lenguaje – grito “sí! / no!”.

A través de esta reacción emocional primaria, la persona, el objeto, el evento, es posicionado en el eje evaluativo por un movimiento reflexivo, acompañado de producciones lingüísticas mínimas.

La evaluación puede explicitarse verbalmente mediante un predicado evaluativo

placer / dolor — agradable / desagradable
verdadero / falso — bueno / malo — bonito / feo
genial / inaceptable — estoy asqueado / estoy en las nubes

Estas evaluaciones son acompañadas de una mímica emocional explícita.

Evaluación reflexiva — La evaluación puede ser diferida en otros casos, en los que ya no es reflexiva, ya no es obvia, y puede construirse en el curso de un largo proceso lingüístico y cognitivo, y lleva a una conclusión evaluativa cognitiva-emocional:

Al final, de hecho, al reflexionar, todo es extremadamente positivo e incluso agradable + una cara feliz y mímica de apertura

4.2 Categorización

La designación de ciertos acontecimientos se refiere a pre-construcciones eufóricas o disfóricas (« pulsión de vida/impulsión de muerte »: boda vs. funeral, atentado, fiesta, etc.), que los sitúan en el lado negativo o positivo del eje del placer. Este posicionamiento se hace por defecto, de forma estereotipada, en la medida en que pueden intervenir otras consideraciones circunstanciales (una boda puede ser triste). Esta categoría se corresponde con las reglas retóricas para mostrar acontecimientos marcados por la emoción, con el « principio de animadversión » de Ungerer. Además de las emociones incrustadas en los pre-constructos lingüísticos, el inventario de datos emocionales incluye todos los informes de antecedentes que, en las relaciones sociales ordinarias, provocan emoción (Cosnier 1994, Capítulo 3; Scherer, Walbott, Summerfield, 1986). La naturaleza de estos datos está obviamente ligada a la cultura. En el límite, la emoción mimética se produce haciendo que el lector alucine con la escena. En el artículo « evidencia » de su Diccionario de retórica, Molinié menciona « esa famosa y ridícula supresión de la pantalla del discurso, con la idea de que el oyente se transforma en espectador » (1992, p. 145); evidentemente, hay una diferencia entre participar en la batalla y leer una novela de guerra, pero queda por explicar, por ejemplo, el efecto alucinatorio de la narración.

Categorización de las personas

Esta categoría recoge el « Principio de rango » de Ungerer. Para un acontecimiento « igual », la emoción varía con la identidad de las personas (o seres sensibles) afectadas, siendo algunas personas más « sensibles » emocionalmente que otras al mismo acontecimiento. Con el mismo grado de proximidad (parentesco), la muerte de un niño afecta « más » que la de un anciano, la de un civil « más » que la de un soldado. « Ganar el premio gordo » no evoca los mismos sentimientos según afecte a « un pez gordo » o a « una familia cuyo padre está en el paro ». « Encuentran a un vagabundo/pandillero asesinado » induce sentimientos muy diferentes, indignación en un caso, perplejidad o deleite en el otro (véase el Estudio 3).

4.3 Cantidad, Intensidad

La modulación cuantitativa puede afectar a diferentes categorías (Distancia o Tiempo: (muy) lejos de nosotros; calidad de las Personas implicadas: un niño (muy pequeño), etc.). La emoción también varía con la cantidad de personas afectadas: un accidente que afecta a cincuenta personas induce más emoción y más titulares en los periódicos que un accidente que afecta a una persona. Pero también puede surgir de una oposición entre lo único y lo múltiple: la única víctima de un accidente que podría haber matado a cincuenta personas es objeto de más piedad. Esta categoría corresponde al eje cuantitativo de los psicólogos; a un aspecto del principio « Ser drástico » y del « principio del número » de Ungerer; a la dimensión « Cantidad » de Caffi y Janney; y es utilizada por la dramatización retórica.

4.4 Analogia

La importancia de la analogía en la producción de emociones está bien expresada por el principio de Ungerer, « utilizar enlaces metafóricos con dominios emocionalmente establecidos ». La analogía es una poderosa herramienta para construir la emoción. Permite transferir la emoción asociada a un acontecimiento cuyo tono emocional está estabilizado a otros acontecimientos sometidos a evaluación emocional: « Campos donde torturan y masacran », « como una bomba atómica » (véase el Estudio 3).

4.5 Tiempo: Distancia temporal a Ψ — Frecuencia

En función de su construcción temporal y aspectual, los acontecimientos se excluyen o se incluyen en la esfera temporal subjetiva de la persona: « en este momento estoy hablando contigo… »; « pero ahora todo ha terminado ». La dimensión temporal es esencial en la construcción de la urgencia, así como la sorpresa, un componente de cualquier emoción. Esta categoría corresponde a la faceta F1 de Scherer, y también se refiere a las técnicas retóricas de la cronografía.

4.6 Ubicación : Lugar — Distancia a Ψ

El lugar en el que se produce la emoción puede estar marcado emocionalmente (asesinato en un descampado frente a asesinato en la catedral); puede estar marcado en relación con una persona determinada (lo encontraron tirado en su despacho). Esta categoría corresponde a la faceta F10 de Scherer, y también se refiere a las técnicas retóricas de la topografía. Su subjetivización remite al « Principio de proximidad » de Ungerer.

En general, las categorías de lugar y tiempo reconstruyen el acontecimiento según las coordenadas espacio-temporales de la persona objetivo.

4.7 Distancia

La emoción varía en función de la distancia del suceso al sujeto afectado. El término debe tomarse en el sentido material (cercano / lejano): « Estos trágicos acontecimientos tienen lugar en Srebrenica / en algún lugar de los Balcanes / a dos horas de avión de París », pero también en el sentido de intimidad (intimidad, implicación, solidaridad) « es una cuestión de matemáticas financieras / esto nos concierne a todos »). Encontramos la faceta F12 de Scherer, pero también elementos que entran en la dimensión « control » de Caffi y Janney. Las modalidades introducidas en relación con el tema del decir o de la relación también desempeñan un papel en su definición (Caffi 2000).

4.8 Causalidad, agentividad

Esta categoría esencial se refiere a las facetas F3 y F11 de Scherer. La determinación de una causa o un agente influye en las actitudes emocionales hacia un acontecimiento. En particular, está en el origen de las variaciones de las emociones vinculadas a la atribución de la responsabilidad. Tanto si el accidente se debe al destino (« derrumbe ») como a un acto deliberado (« un conductor ebrio y sin carné les atropelló »), hay simple dolor en el primer caso, ira en el segundo. Según se atribuya la desertización del campo a una causa abstracta (« la Política Agrícola Común ») o a los agentes (« los comisarios europeos »), se construye la resignación o la indignación política (véase el estudio 2). « Pedro aterroriza a Pablo » induce algo parecido a la indignación hacia Pedro, mientras que « Pedro aterroriza a Pablo » puede ganarse su compasión (si Pedro es un Quasimodo) (véase el capítulo 8).

4.9 Consecuencias

Esta categoría corresponde a las facetas F6, F7 y F8 de Scherer. Por ejemplo, para orientar la actitud emocional de una persona hacia el miedo (construir el miedo), se le puede mostrar, en un patrón similar al de una argumentación por consecuencias, que las consecuencias negativas de dicho evento son espantosas, así como su origen (véase el Estudio 7).

4.10 Control

La categoría « control » de Caffi y Janney corresponde a la faceta F4 de Scherer. Para un individuo, la emoción asociada a un acontecimiento varía en función de su capacidad para controlar ese acontecimiento. Si el desarrollo de un evento que provoca miedo está fuera de control, el miedo se convierte en pánico.

4.11 Normas

La emoción ligada a un acontecimiento que afecta a una persona varía con la posición de ese acontecimiento en el sistema de valores de la persona en la que se construye la emoción. Esta categoría abarca el vínculo entre las emociones y los valores, y corresponde a la faceta F5 de Scherer, y al « Principio de evaluación emocional » de Ungerer (véase el Estudio 1).

Las emociones están marcadas fundamentalmente por la división de valores e intereses. Dado un sujeto que se enfrenta a un acontecimiento, no podemos decir nada sobre la naturaleza de la emoción que siente ese sujeto (salvo en el caso de las emociones reflejas innatas, como el miedo inducido en el patito por la sombra de la rapaz; o el sudor frío del automovilista que acaba de escapar del accidente). Supongamos que un individuo se enfrenta a otra persona muerta, o que se le dice « Fulano está muerto ». Sus sentimientos dependen totalmente de la relación que tenía con el muerto: si se trata de su enemigo, sentirá alegría (« siempre será un cabrón menos ») tras el fin del miedo, o la exaltación del triunfo del guerrero (« ¡ahora soy el más fuerte! »); en tal situación, se aplica el principio de complementariedad de las emociones: « la felicidad de uno es la desgracia de otro ». Si se trata de un desconocido, tal vez el miedo, o la lástima, o simplemente la indiferencia, si la escena es de guerra; si se trata de un familiar, el miedo, la desesperación, la tristeza, la depresión u otros sentimientos asociados a la pena. Si se trata de un hijo, la reacción puede ser la misma, pero también algo parecido al orgullo: « mi hijo es un héroe, un mártir, un santo », o eso se dice a veces. La emoción sentida puede diferir de la emoción estereotipada que figura en la definición oficial de la situación.

Las reglas anteriores permiten interpretaciones absolutas o individuales. La primera interpretación correspondería a la génesis de la emoción ligada a un acontecimiento en el absoluto. La segunda interpretación reduce el acontecimiento a un punto de vista particular.

CONCLUSIONES

Cabe señalar que estas categorías se solapan con las categorías generales de construcción racional de los acontecimientos según sus tipos, la calidad de las personas implicadas, su modo de ocurrencia temporal y espacial, su distancia del hablante, el tipo de control ejercido sobre el acontecimiento, la clase de acontecimientos comparables, el modo en que las normas se ven afectadas por el acontecimiento. Esto significa que, en el discurso ordinario, cualquier construcción de un evento es inseparable de una postura emocional hacia ese evento.

Este enfoque permite desarrollar el análisis del lenguaje de las emociones en función del encuadre de las situaciones, es decir, de su transformación lingüística en estímulos. Los resultados así obtenidos deben coordinarse con los obtenidos teniendo en cuenta su mención directa (declaraciones de emoción) y la descripción de sus modos de expresión (reconstrucción descendente).


5. Facetas de la cognición emocional
y ejes de la cognición argumentativa

Este párrafo es un comentario a Lausberg: «todos los topoi pueden dar origen a afectos» (1960 §257.3).

Según la retórica antigua la inventio es la primera etapa en la construcción del discurso. La inventio es basada sobre una ontología cuyos elementos primitivos son individuos, eventos y acciones, lugares, tiempos, modos de desarrollo y instrumentos, causas y motivos, consecuencias (ver Anexo 1).  Esta enumeración es abierta: no es debido a una imprecisión fundamental, sino al hecho que la descripción de la realidad social necesita refinamientos, ver por ej. la multiplicación de las categorías que se necesitan para caracterizar un ser humano (Anexo 1)

Una ontología es un sistema que describe los seres fundamentales de la realidad y sus propiedades primitivas. Conocer es manejar correctamente esta ontología; es decir, la cognición humana ordinaria esta basada sobre estas categorías.

Las raíces de esta ontología retórica se remontan a las categorías de Aristóteles. Según Benveniste, estas categorías de que nos permiten pensar la realidad son (¿también?) categorías de lengua, precisamente de la lengua griega. En otras palabras, es la lengua que nos provee los instrumentos para pensar la realidad.

Lo que llamaremos aquí cognición retórica es la cognición lingüística ordinaria, tal como la vivimos y practicamos. Esta visión popular, con sus sistemas y sub-sistema de categorías puede ser muy despreciada, pero queda mucho mas utilizada que despreciada. Los especialistas de las neurociencias la consideran como una “folk-teoría” de la cognición. Se debería considerar más bien como una teoría efectiva de la cognición, es decir una teoría que conserva, a su escala, todo su valor práctico.

 

Se ve inmediatamente que las facetas del componente cognitivo de las emociones son idénticos a los parámetros ontológicos que estructuran la situación y a los ejes que rigen la construcción del discurso. Coinciden, en sus principios como en sus elementos fundamentales: evento, persona, lugar, tiempo, causalidad (intención). Y ¿cómo no van a coincidir, ya que ambos son ejes cognitivos?

De especial relevancia es el hecho que el lenguaje argumentivo y lenguaje emocional se desarrollan sobre la misma base ontológica.

Tabla 3, Facetas de la estructuración cognitivo-emocional (seres – eventos)

Encuadre [framing] ¿Relación con Ψ? (1)
Evaluar el acontecimiento ¿Placer / displacer? (2)
Nombrar – Categorizar ¿Qué? (3)
Analogía ¿Cómo qué? (4)
Intensidad ¿Cuánto? (5)
Cronología ¿Cuándo? (6)
Espacio ¿Dónde? (7)
Maquinaria causal ¿Causalidad, Agencia? (8)
¿Efecto y consecuencias? (9)
¿Control? (10)

 

 


6. Discusión
COGNICIÓN Y CONSTRUCCIÓN DE LOS AFECTOS

Todas las operaciones anteriores implican indistintamente lenguaje y cognición.

Según algunos enfoques, la emoción perturba el funcionamiento cognitivo:

just as an emotion affects body processes and the perceptual process, so too it affects the person’s memory, thinking, and imagination. The “tunnel vision” effect in perception has a parallel in the realm of cognition. The frightened person has difficulty considering the whole field and examining various alternatives. In anger, the person is inclined to have only angry thoughts. (Izard 1977, p. 10).

Otros enfoques adoptan una visión más positiva del papel de la cognición en la emoción. Por un lado, para descifrar la emoción, los eventos externos deben ser percibidos: la primera forma de cognición implicada en la emoción es, por tanto, del orden de la percepción. La naturaleza de la emoción depende entonces de la interpretación del acontecimiento y de su valoración, condicionadas por la historia del sujeto, de su sistema de representaciones, de valores. Es un punto fundamental.

La definición precisa de lo que debe entenderse por cognición y valoración está en debate. Zajonc señala que

appraisal and affect are often uncorrelated and disjoint […] If cognitive appraisal is a necessary determinant of affect, then changing appraisal should result in a change of affect. This is most frequently not so, and persuasion is one of the weakest methods of attitude change» (Zajonc 1984, p. 264).

Queda por establecer la relación entre la cognición psicológica y el proceso racional consciente:

the cognitive activity in appraisal does not imply anything about deliberate reflection, rationality, or awareness … Zajonc, like many others, also seems to erroneously equate cognition with rationality» (Lazarus 1984, p. 252)

Cognition cannot be equated with rationality. The cognitive appraisals that shape our emotional reactions can distort reality as well as reflect it realistically» (op. cit., p. 253).

Zajonc’s argument is only sensible if cognition is defined as conscious propositional thinking. All other cognition, such as perceptual categorization and nonconscious cognitive enrichment are, by his definition, non cognitive. (Leventhal 1984, p. 281).

 


[1] vulgaris-medical.com, Syndrome.

[2] En el ámbito del ciné, un montaje es una técnica que consiste en seleccionar, editar y recombinar secciones separadas de una película para formar un todo continuo.

MÓDULOS PARA EL ESTUDIO DE LA EMOCIÓN HABLADA

Estos módulos son un trabajo en curso.
Incluyen tanto textos publicados como nuevos textos en desarrollo o simples notas. 

Módulo 1 – Emoción hablada: enfoque, método de estudio — Competencias y posiciones emocionales ordinarias – Aproximaciones al lenguaje de la emoción – ¿Sesgos etnocéntricos en el estudio de la emoción?

Módulo 2 – Tensión, Exclamación, Interrogación retórica: Herramientas para desafiar la refutación

Módulo 3 – Afecto, Emoción, Pasión, Pathos, Sentimiento: Cómo diferenciar los términos generales que articulan el campo de la emoción

Módulo 4 – Definir la emoción: Una forma organizada de existencia humana – Un síndrome – Un fenómeno fásico – Emoción emergente vs. emoción persistente

Definir la palabra “emoción”: definiciones del diccionario.

Módulo 5 – Términos de las emociones: una colección de listas de emociones, establecidas por filósofos, retóricos, teólogos, psicólogos o lingüistas. Con este módulo se pasa del tema de “la emoción” al de “las emociones particulares”: alegría, tristeza, etc.

Módulo 6 – Palabras y frases que refieren a la emoción: Sustantivos de emoción — Predicados de e. (Adjetivos de e.; Verbos de e. o verbos psicológicos) — Verbos psicológicos por metáfora — Enunciados complejos que expresan una e.

Módulo 7 – Hacia un diccionario de familias de términos de emoción. La unidad léxica básica para el estudio de la emoción en el habla no es el lexema, sino la familia morfoléxica semánticamente homogénea (no tristeza sino {triste, tristemente, entristecer, …}).

Módulo 8 – Ampliación de las listas básicas: difusión de las palabras de emoción en el léxico. Palabras de emoción — Palabras orientadas a la emoción.
Cuantitativamente, el léxico es profundamente impactado por las emociones.

Módulo 9 – Método: Partir de los puntos de emoción, donde la emoción es saliente — Determinar los roles emocionales: Experiencer[1] Ψ – Atribuidor – Orquestador — Vincular la emoción a una situación Σ tal como la presenta Ψ.

Módulo 10 – Explotar los signos y señales de emoción: Voz, Mímica, Gestos, Posturas (VMPG)

Módulo 11Emoción en situación
Formatear la situación por y para la emoción. La emoción está vinculada a la situación en el formato cognitivo que le da Ψ. Esta representación forma parte de la emoción.
Ejes de generación de emociones en el discurso. Estos ejes corresponden a los ejes cognitivos que organizan una representación discursiva.

Módulo 12 – Pathos, o prueba retórica (por medio de la emoción) — Rechazo global de las emociones en la teoría estándar de la argumentación: falacias ad passiones — ¿una argumentación sin sujeto ni afectos? — El discurso alexitímico

Módulo 13 – Rol de la subjetividad en el lenguaje (Benveniste) — Subjetividad afectiva — Subjetividad epistémica — Subjetividad / Objetividad: Bachelard, Quine

[1] La palabra experiencer es una transposición del inglés experiencer.

Structuration lines of the cognitive-emotional world of Ψ

Structuring lines of the cognitive-emotional world of Ψ

A situation

A small group of people, adults and children, enters the subway.
They are different: their skin, their face, their physique are Other.
Their language is Other
Their smell is Other
Their behavior is Other.

Reactions — This group can be percieved as

— a gang of well organized thieves ; people who will provoke incidents; assaulting other travelers => urgent fear
— refugees, probably needing help => solidarity
— potential terrorists – reminiscent of the terrorists seen on TV =>  reinforcement of an anxious mood
=> feeling threated
— nothing special => indifference

The Emotion syndrome

According to Scherer, any emotion can be analyzed in five « components » (or « systems ») (Scherer 1984a, p. 99):

a component of cognitive evaluation of the stimuli or situations;
a physiological component of activation;
a component of motor expression;
a component of draft of action and preparation of the behavior;
and a subjective component, or “feeling”.

These last four components are traditional.

 “Situation”, “Stimuli”

External source of emotion

Situation = the world-around-the-experiencer
Stimuli = the situation (world-around-the-experiencer) as perceived-analyzed-understood by the experiencer
=>       as the world « experienced” by the experiencer.
=>       as the world described and told by the experiencer
=>       as the world the speaker wants to share with the other participants

External sources as a montage elaborated from the surrounding world.
Montage
: the technique of selecting, editing, and piecing together separate sections of film to form a continuous whole.

Internal source of emotion

Internal sources can be any kind of mental montage

An anecdote told by Léonore Quéffélec daughter of Brigitte Engerer
Brigitte Engerer was giving a masterclass
A student wanted to play the second concerto of Rakhmaninov.
BE threw the partition in her face.

As a student, BE was deeply impressed by one of her teachers, who died while  playing the second concerto of Rakhmaninov.
BE never played this concerto.

The cognitive component of the emotion syndrome

The detailed introduction of a cognitive evaluation component opens up very interesting perspectives.

— This component concerns practically all emotions:
There are hardly any emotional states that do not presuppose a significant number of cognitive processes
(Scherer 1993/1984, p. 107).

— It « guarantees a permanent control of internal and external stimuli »,
and assesses « whether they are harmful or useful for the organism« 
by relating them to the individual’s « needs, plans or preferences« 
(id., p. 103; p. 110; p. 101).

— This component is of central importance to the processing of emotion because
the nature of the emotion seems to be determined primarily by the cognitive processes of evaluation (id., p. 114).

The Facets of the Cognitive Component         

Scherer gives two variants of his cognitive appraisal system (id., p. 115; p. 129; we have introduced the facet numbering).

Scherer, K. R. (1984a): «Les émotions: Fonctions et composantes». Cahiers de psychologie cognitive. 4. 9-39. Repris dans B. Rimé, K. Scherer (éds), 1993 Les émotions. Neuchâtel, Delachaux et Niestlé. (1e éd. 1989). 97-133.

Scherer, K. R. (1984b): « On the Nature and function of emotion: A component process approach ». In Scherer, K. R., Ekman P., (eds) 1984, Approaches to emotion. Hillsdale, N. J., Lawrenbce Erlbaum. 293-317.

The following table merges the two tables.

Table 1: Facets of the cognitive component

F1 Event intervention Timing, expectation, probability, predictability
F2 Evaluation of the action / outcome of the event Intrinsic agreeableness, importance of the goal, significance for goal achievement, legitimacy
F3 Inference about the cause of the event Identity of the agent, motive/origin, legitimacy
F4 Assessment of potential of control Potential to influence the event or its consequences – potential for power to dominate its effects
F5 Comparison with external or internal standards Conformity to cultural expectations or norms
Consistency with real and/or ideal self image.
F6 Consequences for self gain/loss of life, health, material goods,
relationships, status, self-esteem, time experiences
F7 Expectations plans coming true/not true, role/norm demands satisfied/not satisfied
F8 Durations of effects short/long term, permanent, periodic
F9 Type of activity achievement-task transport, socio-emotional, leisure, service, basic drives, observation
F10 Location of event nature, street, institutions, home
F11 Agent of effect natural forces, society, groups, individual, self, object
F12 Relationship to agent intimacy, attitude, status
F13 Action of agent chance, type of intention, role/norm demands.

Discussion:

— These facets are actually interdependant.

— What is an “event”? Something salient – Diverging from the scenario of the current action in which the experiencer is actually / feels involved.

Table 2: Facets of the cognitive component 

The following table is a re-writing of the preceding one, integrating the following contributions:
—Rhetorical rules of dramatization of speech: (Lausberg, 1971; 1973)
— Rules for the construction of media discourse: « Emotion and emotional language in English and German news stories » (Ungerer 1995; 1997)
— Pragmatics of emotionive communication: « Towards a pragmatics of emotive communication » (Caffi & Janney, 1994; Caffi, 2000)


Facets of emotional structuration of the world of the experiencer


I — Evaluating what happens

Global evaluation of the event
Interjections: evaluating without Naming-Framing

II — Name and Frame what happens: What?

 Framing principle : Relationship to Ψ “/(/Ψ)”

 Framing tool: Analogy: Like what?

Specific Framing Lines of the event (/Ψ)

Framing the participants: Who?
Frame the timeline: When?
Framing the space :Where?
Framing the causal machinery : Cause-Effect-Control

Causality, Agency
Effect and consequences
Control

 


The emotional potential of a description of a situation can be evaluated at two levels, the first corresponding to a general orientation towards an affect, the second to a more specific orientation towards a particular emotion or a particular mood.

  1. Synthetic evaluation of the event

 Positioning of the event on the pleasure / displeasure axis

 — «Evaluation of the action or of the outcome of the event in terms of intrinsinc agreeableness» (Scherer)
— «Evaluation» (Caffi et Janney)

Psychological categories Linguistic categories Main contrast
evaluation evaluation positive / negative

— «Principle of emotional evaluation» (Ungerer):

Provide evaluations based on the norms of your culture Commenting adverbs, lexical items with positive/negative connotations

Evaluation

An evaluation is a set of reactions or operations leading to the attribution of a value (aesthetic, moral (a good action), pragmatic (a good knife) to an object, a person, a situation, an action

The evaluation can be expressed

— By a reaction of the whole body to an event (reaction of rejection / openness), accompanied by semi-linguistic vocal production: yes / no

— By a physical reaction:

approaching    /        retreating movement
taking              /       throwing

— By an interjection

ew, ew, ugh / hmm!
berk,beuûrk, pouah             /      hmm!

Through this primary reaction, the event is « placed » on the evaluative axis by a reflexive movement, accompanied by minimal linguistic productions.

The evaluation can be made explicit verbally by an evaluative predicate

pleasure / pain
pleasant / unpleasant
true / false
good / bad
good / bad
beautiful / ugly
it’s great / it’s unacceptable

 

It can be accompanied by an explicit emotional declaration:

it’s unpleasant / it’s pleasant,
I’m disgusted / I’m on cloud nine

 

The evaluation can be deferred in other cases, where it is no longer a reflex, no longer obvious. Then the evaluastion is constructed through a long linguistic and cognitive work composing of data coming from all the axes of categorization of the emotion, and leading to an evaluative conclusion like

Finally, in fact, on reflection, all this is extremely positive and even pleasant + blooming face and opening mimic

 

The evaluation can be made by any actor involved in the event, including the narrator.
producing conflicting evaluations

In an extended interaction, the emotional evaluation is repeated, carried out at several levels. It is the point of convergence of a series of co-oriented phenomena.


(ii) Framing principle: Relationship to Ψ

Overhanging parameter : “/(/Ψ)” — A parameter which combines with every others

Expectations Goals plans coming true/not true, role/norm
demands satisfied/not satisfiedsignificance for goal achievement, legitimacy
 
Relationship to Ψ

 

Consequences for self? gain/loss of life, health, material goods,
relationships, status, self-esteem, time experiences
   
Experiencer’s standards?

internal / estersnal

Conformity to cultural expectations or norms
Consistency with real and/or ideal self image.

 

F2 Evaluation of the action / outcome of the event Intrinsic agreeableness, importance of the goal, significance for goal achievement, legitimacy
F5 Comparison with external or internal standards Conformity to cultural expectations or norms
Consistency with real and/or ideal self image.
F6 Consequences for self gain/loss of life, health, material goods,
relationships, status, self-esteem, time experiences
F7 Expectations plans coming true/not true, role/norm demands satisfied/not satisfied
F12 Relationship to agent intimacy, attitude, status

 

Norms

Emotions are fundamentally shaped by values and interests.

The emotion attached to an event affecting an experiencer varies in quantity and quality depending on how that event affects its value system.

With the exception of innate reflex emotions, such as the fear induced in the duckling by the shadow of the raptor; or the cold sweat of the motorist who has just escaped from the accident).

Given an unknown experiencer receiving a news or facing an event, nothing can be said about the intensity and nature of the emotion felt by this subject, if any.

At most, we can expect it to be consistent with the emotion socially attached to that kind of news or events.

 

Let’s suppose that an individual finds himself in front of another dead person, or that he is told « So-and-so is dead ». His feeling depends totally on the relation he had with the dead person. If it an enemy, he may feel pity (“war is a terrible thing” or joy, (« one less bastard« ) consecutive to the end of his fear, or a warlike exaltation (« now I am the strongest! »).
In such a situation, the principle of complementarity of the emotions applies: « the happiness of some makes the misfortune of others« .

If it is a stranger, perhaps fright, or pity, or simply indifference, if the scene takes place in time of war. If it is a loved one, fright, despair, sadness, depression or other feelings associated with grief.

If it is your child, the reaction may be the same, but also something like pride: « my son is a hero, a martyr, a saint » – or so it is sometimes said. T

In any case, the emotion felt may differ from the stereotypical emotion given in the official definition of the situation.

(iii) Framing Tool : Naming-and-categorizing — Analogy

Identity = same key feature

Categorical analogy = same kind of beings, same name, same emotion

Structural analogy = same kind of events, —, —

Metaphor

 

 

Framing the event

 

Categorization processes

— of the event itself
— of the participants

(iv) Global Framing

 

Emotion is produced according to the name and category given to the event as a whole, as well as the name and category attributed to each of its components.

 

The designation of certain events refers to euphoric / dysphoric preconstructs

life drive/death drive

wedding / funeral,

attack / party

 

Such designations immediately position the event on the negative or positive zone of the pleasure/displeasure axis.

This positioning is done by default, that is, it can be modified by circumstantial considerations. For some participants, a wedding can be sad and a funeral an exciting event.

 

In addition to the emotions integrated into linguistic pre-constructs, the inventory of emotional data includes all the antecedent reports which, in ordinary social relations, triggers emotion (Cosnier 1994, Chapter 3; Scherer, Walbott, Summerfield, 1986).

 

The nature of this data is obviously culture-bound.

 

At the limit, the mimesic emotion is produced by making the reader hallucinate the scene.

 

In the article ‘evidence’ in his Dictionary of Rhetoric, Molinié mentions

that famous and ridiculous suppression of the screen of discourse, with the idea that the listener is transformed into a spectator’ (1992, p. 145);

 

there is obviously a difference between taking part in the battle and reading a war novel, but it remains to account, for example, for the hallucinatory effect of the narrative.

— Specific framing lines

(v) Participants: Who?

 

This category takes up Ungerer’s « Principle of rank ». For an « equal » event, the emotion varies with the identity of the people (or sentient beings) affected, some people being emotionally more « sensitive » than others to the same event. With the same degree of proximity (kinship), the death of a child affects « more » than that of an old man, that of a civilian « more » than that of a soldier. « Winning the jackpot » does not evoke the same feelings depending on whether it affects « a bigwig » or « a family whose father is unemployed ». « A tramp/gangster is found murdered » induces very different feelings, indignation in one case, perplexity or delight in the other (see Study 3).

People can be categorized as

acquaintances, relatives, loved ones, neighbors / foreigners

 

 

 

(vi) Time line: When?

 

Time? When? — Timing of the event  Past / present/ future
Before / Now / after
Probability,

Predictability, expectation,

Probable / Unlikely ?

Expected / unexpected ?

 

According to their temporal – aspectual construction, events are excluded or included in the subjective temporal sphere of the person:

at the very moment I am talking to you… VS  now it is all over.

 

The temporal dimension is essential in the construction of urgency as well as surprise, a component of any emotion.

This category corresponds to Scherer’s F1 facet, and also refers to the rhetorical techniques of chronography.

 

(vii)  Space: Where?

 

Where? — Location of event?

— Distance to the experiencer?

— nature, street, institutions, home

— near / far

 

Place?

The place where the emotional event occurs can be emotionally marked

murder in an empty lot vs. murder in the cathedral

 

It can be marked in relation to a given person (he was found lying in your office).

 

This category corresponds to Scherer’s F10 facet, and also refers to the rhetorical techniques of topography. Its subjectivization refers to Ungerer’s « Principle of proximity ».

Overall, the categories of place and time reconstruct the event according to the spatio-temporal coordinates of the target person.

 

Distance

Emotions varies in kind and intensity with the distance of the event from the experiencer. The term is to be taken in the material sense, near / far:

These tragic events take place in Srebrenica / somewhere in the Balkans / two hours by plane from Paris.

 

but also in the sense of intimacy (intimacy, involvment, solidarity)

it is a question of financial mathematics / this concerns us all

 

Thi corresponds to the F12 facet of Scherer, but also to elements entering the « control » dimension of Caffi and Janney. T

Les modalités introduites par rapport au thème du dire ou à la relation interviennent également dans sa définition (Caffi 2000).

 

— Framing the causal machinery

 

(v) Agency
Identification of the Cause or Agent

 

Agency =Agent-Causality

Agent-Causality is the idea that agents can start new causal chains that are not pre-determined by the events of the immediate or distant past and the physical laws of nature

 

Inference about the cause of the event          Identity of the agent, motive/origin, legitimacy

Who / What : identification of the agent

What?
Natural phenomenon
cause
Agency?
self
— Intentional action: motive /origin, legitimacy
other type of intention, role/norm demands.
Who? Human agent
— Non-intentional

 

This essential category refers to Scherer’s F3 and F11 facets.

The determination of a cause or agent influences emotional attitudes towards an event. In particular, it is at the origin of the variations in emotions linked to the attribution of responsibility.

The street accident is due to fatality (« a landslide« ) or to a deliberate act (« a drunk driver without a license ran into them« ); there is adness and sorrow in the first case, anger in the second.

 

Depending on whether one attributes to the desertification of the countryside an abstract cause (« the climate crisis, the European Common Agricultural Policy« ) or agents (« the European Commissioners« ), one builds resignation or political indignation (see Study 2).

 

« Peter terrorizes Paul » induces something like indignation towards Peter, whereas « Peter terrifies Paul » may earn him pity, if Peter is a Quasimodo (see Chapter 8).

 

 

 

Effect and consequences

 

Effects? Durations of effects short/long term, permanent, periodic

 

Consequences for self? gain/loss of life, health, material goods,
relationships, status, self-esteem, time experiences

 

This category corresponds to Scherer’s F6, F7 and F8 facets.

For example, in order to orient a person’s emotional attitude towards fear (constructing fear), we can show him, by means of a schema similar to that of an argument by consequences, that the negative consequences of such and such an event being frightening, so is the source.

 

Control?

For an individual, the emotion associated with an event varies with his or her ability to control that event. If the development of a fear-provoking state of affairs is out of control, the fear becomes panic.

 

Caffi and Janney

Linguistic categories Main contrast
proximity near / far
control specificity clear / vague
evidentiality confident / doubtful
volitionality assertive / non assertive

 

The « control » category of corresponds to the F4 facet of Scherer. For an individual, the emotion associated with an event varies with his or her ability to control that event. If the development of a fear-provoking state of affairs is out of control, the fear becomes panic.

 

 

Modules for the study of spoken emotion

MODULES FOR THE STUDY OF SPOKEN EMOTION
English version

Module 1 – Spoken Emotion: Approach, Method of Study
Ordinary emotional skills and positions – Approaches to the language of emotion – Ethnocentric bias in the study of emotion?

Module 2 – Tension, Exclamation

Module 3 –Affect, Emotion, Mood, Passion, Pathos, Feeling
How to differentiate the general terms articulating the field of emotion

Module 4 – Defining emotion and the word “emotion
Defining emotion: An organized form of human existence — A syndrome — A phasic phenomenon vs. mood, thymic background — Emergent emotion vs. persistent emotion
Defining “emotion”: Dictionary definitions

Module 5 – Specific emotion terms: A collection of lists
We consider basic lists of emotions, as established by philosophers (Aristotle, Descartes, Hume), rhetoricians (Aristotle, Cicero), theologians, psychologists (Ekman).

Module 6 – Emotion words and Emotion sentences
 Emotion Nouns, E. Adjectives E. Adverbs
E. Verbs (Psychological Verbs) – Metaphorical E. Verbs

Module 7 – Towards a dictionary of families of emotion terms
The basic lexical unit for the study of emotion in speech is not the lexeme but the semantically homogeneous morpho-lexical family.

Module 8 – Dissemination of emotion words in the lexicon
Emotion words (some hundred) – Words orienting towards an emotion (several thousand)
The lexicon, a fundamental resource for the study of emotion.

Module 9 – Reconstructing emotion statements
Emotion points, where the emotion is explicited

— Link the emotion to an experiencer Ψ and a situation Σ
— If necessary, determine the emotion Attributors and the emotion Orchestrator

Module 10 – Voice, Mimics, Postures and Gestures
The VMPG component of the emotion syndrome

Module 11- Emotion and Situation
Emotions are related to the situation under a given description.

Module 12 – Structuration lines of the cognitive-emotional world of Ψ
Inseparability of emotion and cognition in speech.

Module 13 – Pathos: Argumentation vs Rhetoric
Rhetoric: Pathos, or proof by emotion
Sophisms ad passiones: an argumentation without subject nor affects
Argumentation at the risk of alexythmia

Module 14 – Subjectivity

Bogotá Documentos 2022

Universidad Francisco José de Caldas, Bogotá, Colombia

Christian Plantin
Seminario Argumentación — Emoción

26-27-28 de Octubre 2022

Doctorado Interinstitucional en educación
Líneas del Énfasis de Lenguaje y Educación
Profesora Dora Calderón Profesora Olga León Corredor

Documentos para los participantes

Miércoles, 26 de octubre 2022

Arg.1 Acuerdo, Desacuerdo
Em.1 Definiciones

Jueves, 27 de octubre 2022

Arg.2 Razonamiento Natural
Em.2 Método : Punto de emoción

Viernes, 26 de octubre 2022

Arg.3 Evaluación de los argumentos
Em.3 Ejes de construcion de las emociones

Le Pathos: Rhétorique et argumentation


Attaque rhétorique / Défense argumentative

1. PATHOS, PREUVE PAR L’ÉMOTION, MANIPULATION ÉMOTIONNELLE

La technique rhétorique ancienne exploite trois types de moyens ou d’instruments, qu’on appelle parfois “preuves” (pistis), l’éthos, le pathos et le logos. Le pathos est une gamme d’émotions ; l’éthos définit la tonalité de base sur laquelle elles se déploieront. Le logos est une simple affaire technique.

Manipulation de / par l’émotion
Le pathos et l’éthos priment sur le logos:Faire violence à l’esprit des juges et le détourner précisément de la contemplation de la vérité, tel est le propre rôle de l’orateur. (Quintillien)

2. PROUVE SANS T’ÉMOUVOIR
Émotions et valeurs dans le Traité de l’argumentation de Perelman et Olbrechts-Tyteca (1958)
Le Traité a restructuré le champ de l’argumentation par une stratégie de dissociation. Le champ de l’argumentation est construit :
— d’une part, en opposition à “la logique” (en fait, à la logique élémentaire) , prise comme prototype de l’activité démonstrative,
— et, d’autre part, coupé des « passions », représentées dans la théorie par les valeurs.
La pratique argumentative est ainsi située comme une activité d’entre-deux, où un sujet aspirant au raisonnable parle et prouve sans démontrer ni (s’)émouvoir.

3. ARGUMENTATION ET VALEURS

La notion de valeur a été introduite dans le domaine de l’argumentation par la Nouvelle rhétorique. Elle est  également au centre des travaux de Carl Wellman (1971) sur le raisonnement conductif.
Le traitement des valeurs dans le Traité est complexe. Certains passages semblent considérer que l’argumentation exploite deux types de règles, les schèmes argumentatifs et les « lieux des valeurs », avant de renoncer à cette distinction.
« Les lieux des valeurs » correspondent aux topiques de l’accident, Ils sont, par définition, opératoires sur le champ des objets matériels aussi bien que celui des valeurs.

4. AD PASSIONEM : UNE ARGUMENTATION SANS SUJET NI AFFECT

La rhétorique classique instrumentalise les émotions qu’elle considère comme la plus efficace des “preuves” c’est-à-dire des  moyens de pression sur l’auditoire.
La théorie standard des fallacies les rejette a priori ou les accepte sous réserve, au nom d’une critique logico-épistémique des argumentations.

5. L’ARGUMENTATION AU RISQUE DE L’ALEXYTHYMIE

Le terme alexithymie (anémotivité) désigne un ensemble de prédispositions telles que l’incapacité à exprimer verbalement ses affects, et la tendance à s’attacher à l’aspect matériel et objectif des événements, des situations et des relations.
Le rejet des émotions ou l’absence de leur prise en compte systématique risquerait de transformer l’argumentation en discipline anémotive, incapable de prendre en compte de manière positive l’argumentation ordinaire, marquée par la subjectivité (épistémique et affective)

6. Schème argumentatifs orientant vers – construisant une émotion spécifique