Pathos, « Preuve » par l’émotion

LE PATHOS, OU LA PREUVE PAR L’ÉMOTION

Ce module rappelle l’importance du concept rhétorique de pathos, qui fonde le premier traitement systématique de l’émotion en discours.

Dans la tradition de la Rhétorique d’Aristote, le pathos est constitué d’un ensemble de couples d’émotions opposées. Cette structuration inscrit de façon décisive l’analyse des émotions rhétoriques dans une structure Discours/ Contre-discours: si l’un met en colère, l’autre calme; si l’un en appelle à l’indignation, l’autre en appelle à la pitié.

Les traditions grecque et latine proposent  également des listes d’émotions rhétoriques que l’on peut rapprocher des passions élémentaires ou complexes des philosophes, comme des émotions de base des psychologues.

1. LOGOS, PATHOS, ÉTHOS :
PRIMAT DE L’ÉTHOS et du PATHOS

Logos, Pathos, Éthos 
Les théories logico-normatives de l’argumentationtren focalisent sur les objets du débat:
définition et catégorisation (arguments a pari, a contrario, etc); sur les relations causales, logiques ou analogiques qui lient les objets en discours; sur leurs environnements matériels et les indices circonstanciels.
Les théories rhétoriques de l’argumentation enchâssent en outre les objets dans leurs contextes interpersonnels et émotionnels (*)-. La théorie classique considère que la gestion
stratégique des émotions est essentielle dans l’orientation globale du discours vers la
persuasion et l’action.
(*) La rhétorique introduit le fait de juger dans les critères du jugement

Dans son application aux discours sociaux, la rhétorique est en effet une technique du discours visant à déclencher une action: faire penser, faire dire, faire éprouver et, finalement, faire faire.
C’est l’action accomplie qui fournit l’ultime critère de la persuasion réussie, qu’on réduirait indûment à un simple état mental, à une “adhésion de l’esprit” (Perelman & Olbrechts Tyteca). On ne peut pas dire que le juge rhétorique a été persuadé s’il ne se prononce pas en faveur de la partie qui l’a convaincu.2

Preuves rhétoriques
Pour atteindre ces buts – non seulement faire croire, mais aussi orienter la volonté et déterminer l’action – la technique rhétorique exploite trois types de moyens ou d’instruments, qu’on appelle parfois “preuves” (pistis). Le catéchisme rhétorique3 nous apprend ainsi que la persuasion complète est obtenue par la conjonction de trois opérations discursives: le discours doit enseigner, plaire, toucher (docere, delectare, movere). Il doit

1 L’argumentation a pari transfère à une espèce d’un genre ce qui est dit d’une autre espèce du même genre ; selon l’argumention a contrario, si quelque chose est affirmé des êtres appartenant à une certaine catégorie, le contraire est affirmé des êtres n’appartenant pas à cette catégorie.
2 Réponse attribuée à un parlementaire de la Troisième République, s’adressant à quelqu’un qui avait entrepris de le convaincre: “Vous pouvez tout à fait changer mon opinion, mais vous ne changerez pas mon vote”. Cette réponse exprime bien cette différence entre les déterminants de la représentation et ceux de l’acte.
3 Il y aurait beaucoup à dire sur la mise en ritournelle des concepts rhétoriques, et sur l’obstacle épistémologique que constitue l’effet d’évidence ainsi obtenu à bon marché.

d’abord enseigner par le logos, c’est-à-dire informer (raconter, narrer) et argumenter; cet enseignement emprunte la voie intellectuelle vers la persuasion, celle que tracent les preuves objectives.
Mais information et argumentation sont, d’une part, menacées par l’ennui, et d’autre part, ne suffisent pas à déclencher le passage à l’acte; il ne suffit pas de voir ce qu’il faut faire, il faut encore vouloir le faire, et s’y mettre. D’où la nécessité de fournir aux auditeurs des indices périphériques de vérité: ce sera la fonction des preuves liées à l’éthos (“aie confiance…”) et des stimuli émotionnels quasi physiques, qui constituent le pathos.
Tels sont en gros les termes dans lesquels la rhétorique s’auto-représente. Philosophes et psychologues auraient beaucoup à dire sur la théorie de l’esprit et de l’action sur laquelle s’appuie cette description.

Par opposition aux preuves dites “logiques (preuves objectales), on parle parfois de preuves subjectives pour désigner les moyens de pression et d’orientation éthotiques4 et pathétiques.
Seules les preuves logiques méritent ce nom de preuve, car, d’une part, elles seules répondent à la condition de propositionalité (elles s’appuient sur dans des propositions  examinable indépendamment de la conclusion qu’elles soutiennent).
D’autre part, elles traitent centralement du problème, alors qu’éthos et pathos sont des approches périphériques de la question.

 

3. LE PATHOS, UN FAISCEAU D’ÉMOTIONS

Les psychologues proposent différentes listes d’émotions de base, qui tournent autour de la joie, la tristesse, la peur, la colère, la surprise et le dégoût. En ce sens le premier d’entre eux, Aristote distingue dans l’Ethique à Nicomaque une douzaine d’émotions:

j’entends par états affectifs, l’appétit, la colère, la crainte, l’audace, l’envie, la joie, l’amitié, la haine, le regret de ce qui a plu, la jalousie, la pitié, bref toutes les inclinations accompagnées de plaisir et de peine.
(Eth. Nic. II, 4; trad. Tricot, p. 101).

Cette définition est typiquement aristotélicienne: l’émotion est définie d’abord en extension par une liste d’émotions typiques, puis, en intension, par son genre (inclination) et sa différence (accompagnée de plaisir et de peine).

Dans la Rhétorique, Aristote oppose entre elles une douzaine “d’émotions de base”, présentées sous forme de couples d’opposées, à l’exception de l’obligeance:

colère /calme
amitié / haine
peur / confiance
honte / impudence
obligeance
pitié /indignation
envie /émulation

À la différence de la précédente, cette liste ne mentionne pas la joie et le regret. D’autres émotions comme le chagrin, la fierté, l’amour, la nostalgie… ne figurent pas non plus dans la liste:

Aristotle neglects, as not relevant for his purpose, a number of emotions that a more general, independently conceived treatment of the emotions would presumably give prominence to. Thus, grief, pride (of family, ownership, accomplishment), (erotic) love, joy, and yearning for an absent or loved one (Greek pothos) … The same is true even for regret, which one would think would be of special importance for an ancient orator to know about, especially in judicial contexts» (Cooper 1996, p. 251).

Il semble difficile de trouver des émotions qui n’aient pas d’impact direct sur le discours public, peut-être la tristesse? On pourrait tenter de distinguer les émotions politiques
des émotions judiciaires. La honte semble réservée à l’adversaire politique ou à l’accusé, ou aux citoyens qui ont mal agi; on imagine mal faire honte au juge, ce serait insulter le tribunal

Les théoriciens latins proposent des listes ouvertes de même inspiration:

les sentiments qu’il nous importe le plus de faire naître dans l’âme des juges, ou de nos auditeurs quels qu’ils soient, sont l’affection, la haine, la colère, l’envie, la pitié, l’espérance, la joie, la crainte, le mécontentement. (Cicéron, De Or., II, 206; trad. Courbaud, p. 91)

Quintilien abrège un peu la liste:

le pathos tourne presque tout entier autour de la colère, la haine, la crainte, l’envie, la pitié. (Inst. Or., VI, 2, 20; trad. Cousin, p. 28-9).

La liste de Cicéron comprend cinq émotions négatives (colère, haine, crainte, mécontentement, envie) et quatre émotions positives (espérance, affection, pitié, joie). La
honte et l’obligeance aristotéliciennes n’ont pas de correspondant direct chez Cicéron;
réciproquement, les émotions positives affection et joie de Cicéron n’ont pas de
correspondant évident dans la liste aristotélicienne. On pourrait admettre que les émotions
négatives représentent le couple émotion positive/négative: (colère/calme = colère;
haine/amitié = haine; indignation/pitié = indignation; envie/émulation = envie). Quoi qu’il en
soit, les divergences ne semblent pas très significatives.

Ce qui en revanche pourrait bien l’être, c’est la différence d’approche entre une approche
atomiste, réifiée, des émotions, qui s’exprime sous forme de listes d’items émotionnels d’une part, et d’autre part une approche controversiale, langagière, de l’émotion, où des discours opposés construisent des positions et des émotions antagonistes.

 

4. ÉTHOS ET PATHOS, DEUX TYPES D’AFFECTS?

La présentation trinitaire “éthos, logos, pathos” sépare chacune de ces composantes, en particulier éthos et pathos.

Dimensions de l’opposition éthos / pathos
Le tableau suivant récapitule les principales dimensions selon lesquelles la rhétorique oppose éthos et pathos. Plusieurs de ces oppositions sont discutables.

Éthos et pathos, deux types de sentiments

Quintilien comprend pathos et éthos comme deux types de sentiments.

Le [pathos] et [l’ethos] participent parfois de la même nature, sauf qu’il y a entre eux une différence de degré, le premier en plus, le second en moins ; l’amour par exemple est un pathos, l’affection un ethos » (I. O., VI, 2, 12 ; p. 26).

Or les sentiments, comme nous le savons selon l’antique tradition, se répartissent en deux classes : l’une est appelée par les Grecs pathos, terme que nous traduisons exactement et correctement par adfectus, l’autre, éthos, terme pour lequel, du moins à mon avis, le latin n’a pas d’équivalent : il est rendu par mores et, de là vient que la section de la philosophie nommée [éthique] a été dite moralis.
[…] Des écrivains plus prudents ont préféré exprimer l’idée plutôt que de traduire le mot en latin. Par conséquent, ils ont rendu ceux–ci par “émotions vives” et ceux-là par “émotions calmes et mesurées” : dans une catégorie, il s’agit d’un mouvement violent, dans l’autre doux; enfin, les premières commandent, les dernières persuadent; les unes prévalent pour provoquer un trouble, les autres pour incliner à la bienveillance.
Certains ajoutent que [l’éthos] est un état continu, le [pathos] un état momentané. » (Quintilien, I. O., VI, 2, 8-10 ; p. 25)

Ces citations sont très suggestives, dans la mesure où elles rappellent la relation humeur / émotion, qui s’opposent selon les dimensions suivantes:

— L’émotion est un éprouvé plus intense que l’humeur (« degré » de Quintilien)
— L’épisode émotionnel courant (petites émotions) est d’une durée relativement brève.
— L’émotion surgit en liaison avec un événement disruptif, alors que l’humeur a une origine interne indéterminée, qui la rattache à la famille des dispositions.
— Il s’ensuit que l’humeur est plus diffuse que l’émotion
— La conscience de l’émotion est attachée à l’émotion, la l’humeur est liée au caractère de l’expérienceur.

 

5. LA CONSTRUCTION RHÉTORIQUE DES ÉMOTIONS
LA MÉTHODE ARISTOTÉLICIENNE

Ces listes donnent une impression de familiarité qui paraîtra suspecte au philologue: la honte, la colère grecques sont-elles encore les nôtres? Quoi qu’il en soit de ce point, il est indéniable que le pathos est bien un complexe discursif, un trajet discursif où se construisent des émotions clés. Ce point étant posé, il faut voir que la Rhétorique n’est pas un ouvrage de psychologie sur les émotions de base et universelles, mais bien un traité sur ce que le discours peut faire avec les émotions: la parole ne peut pas faire tonner, mais elle peut faire peur.

Le Livre II de la Rhétorique définit les émotions à partir de scénarios types, activables par l’orateur. Les notes suivantes ne prétendent pas épuiser les complexités du texte aristotélicien, mais elles peuvent donner une idée des stratégies discursives de formatage des situations par lesquelles le locuteur est capable de produire de l’émotion, en la nommant ou sans la nommer.

 Colère
La colère de A contre B peut se décrire comme suit:

B méprise A injustement; il le brime, il l’outrage, il se moque de lui, il fait obstacle à ses désirs, et il y prend plaisir.
A souffre.
A cherche à se venger en faisant du tort à B.
A fantasme cette vengeance et en jouit.

Selon cette description, la colère n’est pas définie isolément, comme une réponse brute à la piqûre d’un stimulus. Elle apparaît comme la résultante d’un script émotionnel, où entrent d’autres émotions, comme l’humiliation ou le mépris.
Il s’ensuit que, pour mettre A en colère contre B, il faut construire un discours montrant à A que B le méprise, le brime, l’outrage, etc. Une fois qu’il a été mis en colère sur la base de cette schématisation de la situation, les mécanismes de la vengeance sont supposés se déclencher automatiquement. Je me mets en colère parce que “je vois bien” qu’on est
injuste à mon égard, qu’on me méprise, se moque de moi. En fait, on le voit à travers le jeu des facettes et des composantes cognitives de l’émotion, qui sont construites par le discours.

Peut-on parler ici de manipulation? Il faut d’abord souligner, à la suite de Grize, qu’on ne
saurait parler sans schématiser, c’est-à-dire sans jeter un éclairage, une lumière sur le
monde. En second lieu, si le discours peut mettre en colère, il peut aussi calmer.

Le discours rhétorique est double, non pas duplice: deux positions s’affrontent, incarnées dans deux personnes, tenant deux discours. En conséquence, pour calmer A, on parlera contre celui qui veut le mettre en colère en construisant une schématisation montrant que:
Le comportement de B n’est pas méprisant, moqueur, injurieux, outrageant; ou alors: B plaisantait; il a dû agir ainsi involontairement, ce n’était pas son intention, il ne faut pas voir les choses comme ça; d’ailleurs il se comporte ainsi vis-à-vis de tout le monde, de lui-même; il se repent, il a des remords; il a été puni; c’était il y a longtemps, et la situation a bien changé.
En bref, cette trame discursive est un tissu de topoï dont l’usage permet de calmer la colère.

Notons qu’on calme quelqu’un qui est en colère, mais aussi quelqu’un qui a du chagrin, qui fait une crise de honte ou de désespoir; calmer, c’est aussi consoler (von Moos 1971).

Faire honte / combattre, braver la honte
Le scénario de la honte est le suivant:

A a agi sous l’emprise d’un vice, il a commis des choses que sa communauté n’accepte pas: il s’est conduit comme un lâche, il n’a pas rempli ses engagements, il a commis une injustice, il a fait les poches d’un mort, il a copulé dans des lieux et avec des personnes inappropriés, il s’est enivré et il a vomi devant ses subordonnés; il s’est montré vantard, flagorneur; il s’est montré faible et a accepté son humiliation
B est au courant, il a tout vu.
B est une personne importante, de référence pour A; A admire, aime B.
A souffre parce qu’il fantasme (ou il vit) la perte de sa réputation devant B: «la honte est dans les yeux» (Rhét.,1384a35; trad. Chiron, p. 300).

Symétriquement, on rassérénera (calmera) le honteux en lui montrant que maintenant
personne n’a rien à faire de sa réputation, que sa conduite n’était pas si répréhensible, que personne ne l’a vu, etc.

L’utilité pratique de ces remarques est évidente: Les lieux spécifiques de la honte listés ici donnent les thèmes qui devront être amplifiés dans le discours destiné à faire honte (voir Étude 1).

Gratitude, reconnaissance / Ingratitude

A est obligeant (gentil, serviable…) vis-à-vis de B si A rend gratuitement service à B.
L’obligeance est proche de la charité; c’est un sentiment éminemment politique, puisqu’elle crée ou renforce le lien social, en produisant chez B comme sentiment complémentaire, la reconnaissance, la gratitude, le sentiment d’avoir une dette vis-à-vis de A. En retour,

Réciproquement,

il est possible de détruire l’image de l’obligeance et de peindre les gens sous des dehors désobligeants (Rhét. 1385a35; trad. Chiron, p. 307).

Le cas échéant, on doit pouvoir rompre le sentiment de reconnaissance sans créer pour autant chez B un sentiment de culpabilité, le sentiment d’être un ingrat. Pour cela, on expliquera à B
qu’il a déjà amplement payé sa dette envers A;
— qu’en fait A avait agi dans son propre intérêt, par hasard, parce qu’il était bien obligé.
— que A a agi pour asservir B.
— que B ne doit rien à A; c’est A qui était déjà l’obligé de B et que, par ce prétendu service, il n’a fait que s’acquitter d’une dette ancienne. Tout cela, le discours sait le faire.

Pitié

A a pitié de B s’il voit, près de lui, que B est victime d’un mal qu’il n’a pas mérité et si A a
bien conscience de pouvoir lui-même un jour souffrir du même mal (d’après Rhét. 1385b13; trad. Chiron, p. 309).
En conséquence, pour produire de la pitié en A, B doit montrer qu’il souffre, qu’il ne l’a pas mérité, etc, et amplifier toutes les facettes de sa peine.

Selon cette analyse, la pitié n’est pas un sentiment universel, ceux qui n’ont rien à craindre pour eux-mêmes seraient insensibles à la pitié: conformément à la théorie des caractères, la construction correcte d’une émotion dépend d’une bonne analyse de l’auditoire.

Il faut également que la distance entre A et B soit calibrée correctement: «on n’éprouve plus de pitié quand la chose terrible est proche de soi» (id.): on a pitié d’un enfant qui souffre, on est épouvanté s’il s’agit de sa fille. La proximité est une notion culturelle-anthropologique, accessible au langage (voir chapitre 9, l’importance de la dimension “distance” dans la construction de l’émotion).
Le travail du locuteur est de produire un sentiment de pitié chez A vis-à-vis de B, sachant
que le locuteur peut être B lui-même, qui tente de s’autopersuader, de justifier sa dureté,  son ingratitude.
La fortune littéraire des discours producteurs de pitié est immense.

En résumé

Il ne s’agit pas de faire œuvre de psychologue et de typifier les émotions dans toute leur finesse, ni de romancier, en spécifiant minutieusement les émotions dans leur contexte.
La rhétorique s’attache à construire ou à détruire par le discours une poussée émotionnelle, dans un groupe particulier. Il ne s’agit pas de dire ce que sont la colère ou le calme, mais de voir comment on construit un discours susceptible de mettre en colère ou de calmer. C’est pourquoi le point de vue rhétorique impose d’utiliser non pas des substantifs, comme nous l’avons fait au paragraphe précédent, mais des prédicats d’action pour parler des émotions dans une perspective discursive:

Mettre en colère VS calmer
Faire peur / rassurer
Faire honte / combattre, braver, la honte
Construire de la gratitude / prouver qu’on ne doit rien
Inspirer des sentiments d’amitié / rompre les liens de l’amitié,
Inspirer la colère et la haine / ramener au calme
Faire pitié / pousser à l’indifférence, au mépris et à l’indignation
Susciter de la rivalité, de la jalousie, de l’envie / inspirer un désir
de saine compétition (émulation)

On est entièrement dans le champ de l’action discursive.