Affect et cognition

LANGAGE, COGNITION ET CONSTRUCTION DES AFFECTS

Toutes les opérations de construction des affects impliquent indissociablement langage et cognition.

Selon certaines approches, l’émotion perturbe le fonctionnement cognitif:

just as an emotion affects body processes and the perceptual process, so too it affects the person’s memory, thinking, and imagination. The “tunnel vision” effect in perception has a parallel in the realm of cognition. The frightened person has difficulty considering the whole field and examining various alternatives. In anger, the person is inclined to have only angry thoughts. (Izard 1977, p. 10).

D’autres approches adoptent une vision plus positive du rôle de la cognition dans l’émotion. D’une part, pour déclencher de l’émotion, les événements extérieurs doivent être perçus: la première forme de cognition impliquée dans l’émotion est donc de l’ordre de la perception. La nature de l’émotion dépend ensuite de l’interprétation de l’événement et de son évaluation, conditionnées par l’histoire du sujet, de son système de représentations, de valeurs. C’est un point fondamental.

La définition précise de ce qu’il faut entendre par cognition et évaluation est en débat. Zajonc remarque que

appraisal and affect are often uncorrelated and disjoint […] If cognitive appraisal is a necessary determinant of affect, then changing appraisal should result in a change of affect. This is most frequently not so, and persuasion is one of the weakest methods of attitude change» (Zajonc 1984, p. 264).

La relation entre cognition psychologique et processus rationnels conscients reste à établir:

the cognitive activity in appraisal does not imply anything about deliberate reflection, rationality, or awareness … Zajonc, like many others, also seems to erroneously equate cognition with rationality» (Lazarus 1984, p. 252)

Cognition cannot be equated with rationality. The cognitive appraisals that shape our emotional reactions can distort reality as well as reflect it realistically (op. cit., p. 253).

Zajonc’s argument is only sensible if cognition is defined as conscious propositional thinking. All other cognition, such as perceptual categorization and nonconscious cognitive enrichment are, by his definition, non cognitive. (Leventhal 1984, p. 281).

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On peut considérer que les opérations langagières, qui constituent la composante discursive du traitement des stimuli émotionnels, sont la trace d’opérations cognitives “plus profondes”, indépendantes du langage, ce qui oriente vers une vision du langage reflet, et, sinon à une négation, du moins à une minoration de l’autonomie de l’ordre du discours.
On peut également considérer que les opérations linguistiques provoquent des ébauches de processus cognitifs, avec les difficultés symétriques.