Cet article développe une approche de la deixis inspirée de la linguistique de l'énonciation initiée en France par Emile Benveniste et de la linguistique interactionnelle issue de l'analyse de conversation ethnométhodologique initiée par Harvey Sacks. Ces deux approches se révèlent complémentaires dans le traitement des phénomènes déictiques comme des accomplissements situés des participants, par lesquels ceux-ci élaborent le contexte de leur énonciation et organisent leur discours autour de positionnements énonciatifs spécifiques. L'analyse insiste sur la dimension indexicale des données interactionnelles, d'abord en relation avec le travail de terrain dont ils sont issus, ensuite en relation avec la manière d'analyser les mises en forme et les mises en séquence spécifiques des espaces de participation et des ancrages énonciatifs exprimés dans les descriptions construites par les participants. Les données analysées sont des extraits d'entretiens sociologiques en milieu urbain; l'analyse entend ainsi aussi proposer un regard interactionnel sur la façon dont les données sont contextuellement "fabriquées" en sciences sociales.