Recherche

Thèmes de recherche

Après avoir réalisé ma thèse en sciences du langage sur l’appropriation de la ville au cours de balades urbaines guidées en collaboration avec le Musée d’Histoire de la Ville de Lyon (2015-2018), j’ai mené une recherche postdoctorale sur les représentations des prisons en contexte muséal en partenariat avec le Musée International de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève, le Musée des Confluences et le Mémorial National de la prison de Montluc à Lyon (projet PrisM, 2019-2021). Actuellement ingénieur de recherche contractuel au CNRS, je participe notamment au projet de recherche ANR-FNR Augmented Artwork Analysis et coordonne une étude sur les expériences et les représentations des cancers et de la fin de vie, en partenariat avec la Cité des sciences et de l’industrie à Paris dans le cadre de son exposition Cancers (06/09/2022 au 06/08/2023).
Dans ces projets, j’appréhende les musées à la fois comme lieux d’exposition d’objets artistiques et culturels (paradigme des cultural studies), comme espaces de développement de connaissances et d’apprentissages (paradigme des learning studies) et comme terrains d’exercice de professions extra-académiques et académiques (ex. workplace studies).

En croisant une analyse de discours médiatiques et une observation ethnographique à partir de données textuelles, iconographiques et audiovisuelles, je m’intéresse aux formes de (dé)stabilisation de connaissances, de croyances et de normes en jeu dans la production, la mise en discussion et l’appropriation d’objets et de discours.
Mes travaux visent une meilleure compréhension des formes rhétoriques verbales et non-verbales mises en oeuvre pour transmettre des contenus scientifiques et techniques, pour débattre d’enjeux culturels, sociaux et politiques et pour mettre en partage une expérience du monde.
Dans une perspective réflexive, ma recherche entend également contribuer à une réflexion sur les formes de participation des acteurs aux enquêtes, sur les formes d’écriture de la recherche et sur les rôles des chercheur.e.s dans la conception de dispositifs de médiation. 

Appropriation de la ville ; récits institutionnels, expériences urbaines, pratiques in situ
Discours, énonciation et représentations ; perception, narration, points de vue
Ethnométhodologie et méthodes visuelles ; observation filmée des interactions sociales, photographie, transcription et annotation des interactions
Médiation scientifique et culturelle ; transmission et négociation des savoirs, dispositifs numériques, étude des pratiques muséographiques et étude des publics
Pratiques langagières en interaction ; relations entre langue, objets et corps, multimodalité des pratiques langagières, négociation de l’agir social


Projets de recherche

Coordination du projet ExpReSyF
Expériences et Représentations Symboliques des cancers et de la Fin de vie
2023 – 2024

Le projet ExpReSyF s’intègre dans une réflexion sur les expériences et les représentations symboliques des cancers et de la fin de vie menée au sein du groupe « Santé » constitué au laboratoire ICAR. Il vise précisément à observer et caractériser les modalités de réception des publics de l’exposition temporaire Cancers à la Cité des sciences et de l’industrie (jusqu’au 06.08.23). À partir du pluriel exprimé dans le titre de l’exposition, on se focalise sur les formes biologiques de ce phénomène qui affecte le vivant, sur la complexité des expériences vécues dans leurs dimensions scientifiques, psychologiques et sociales.

Nous nous intéresserons aux savoirs et aux idées reçues, aux croyances et aux tabous que l’exposition interroge, en prêtant attention à la diversité des perspectives prises en compte : les discours et les objets qu’elle met en scène, les formes d’adresse qu’elle instaure, les appropriations qu’elle suscite (en tant que patient, soignant, aidant, proche, etc.). Il s’agira de saisir la dimension rhétorique des énoncés produits, des formes de médiations choisies et créées pour « faire passer » un discours particulièrement sensible.

Voir le livret de communication du projet ExpReSyF

Appel à participants : vous êtes patient ou aidant, proche ou soignant, nous sollicitons vos témoignages

 

Le projet est financé par           Partenaires

                     

 


Membre du projet Augmented Artwork Analysis.
ANR-20-CE38-0017
2021 – 2025

Ingénieur de recherche en production, traitement et analyse de données

Le projet Augmented Artwork Analysis (AAA) vise à produire une application sur tablette permettant une perception et une interprétation augmentées d’oeuvres d’art rencontrées au musée (des peintures du 15e au 19e siècles).

Ce prototype mettra en évidence différentes strates d’une oeuvre d’art : l’organisation plastique, avec ses textures, ses couleurs et sa composition ; la dimension figurative et narrative, où l’on retrouve des personnages, des paysages et des objets qui participent de multiples récits ; la dynamique esthétique, où entrent en jeu les sens, la sensibilité et les affects des spectateurs. C’est l’idée de créer une oeuvre d’art augmentée.

Cet instrument novateur permettra aussi de tisser des liens entre les tableaux exposés in situ et des oeuvres présentes dans d’autres musées. Il s’agira ainsi d’observer en profondeur les filiations et les dialogues entre des images, comme la reprise et la citation, la critique ou la parodie. C’est l’idée de créer un musée complémentaire.

En reliant deux modalités d’observation — directe, face au tableau dans le musée, et augmentée, en lien avec un réseau d’images —, les visiteurs pourront à la fois apprendre, découvrir et jouer avec les oeuvres, lors de visites guidées ou libres, de réunions pédagogiques ou de recherche, au sein des trois musées partenaires.

Dans le cadre de ce projet, je suis chargé de développer un dispositif de captation audiovisuelle de visites guidées, de traiter, analyser et valoriser les données produites. Dans la perspective d’une ingénierie de la recherche, l’un des enjeux consiste :
d’une part, à articuler les questions théoriques et les méthodologies d’enquête qui sous-tendent la recherche en sémiotique, en histoire de l’art et en informatique ;
d’autre part, à traduire les analyses produites à partir de l’observation de pratiques réelles en question qui nourriront directement le design du prototype d’application.

Partenaires

          

Le projet est co-financé par

     

Voir la plaquette de communication du projet

 


Coordination du projet PrisM (Prisons et Musées)
Février 2019 – Mai 2021

Chercheur postdoctoral CNRS – coordinateur du projet

Le projet PrisM (Prisons et Musées) porte sur la gestion collective des représentations du milieu carcéral dans le monde contemporain, en contexte muséal (en partenariat avec le Musée International de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève, le Musée des Confluences et le Mémorial National de la prison de Montluc à Lyon).
Dans le dialogue entre sémiotique et analyse des interactions, il vise à caractériser la négociation complexe de l’expérience de ce milieu lors de visites guidées. La recherche se focalise sur les dynamiques de projection, d’imputation et d’assomption de points de vue sur la condition carcérale en interaction.

Contexte de l’étude
Les institutions muséales élaborent un discours sur les prisons à l’attention de publics où l’ethos de l’énonciateur, en impliquant l’ethos de l’énonciataire, montre inévitablement une posture éthique. Dès lors, sur les plans éthique, rationnel et affectif, quelles dynamiques compétitives ou congruentes émergent entre un espace carcéral thématisé dans une perspective muséographique (visée de l’institution) et un espace éprouvé et remédié par les participants (saisie des visiteurs) ?
Cette étude de la gestion collective des représentations du milieu carcéral porte sur des visites de l’exposition Prison (au Musée de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et au Musée des Confluences) et sur des visites du Mémorial National de la prison de Montluc.

Cadre théorique
Transversal aux WP2 « Écologie des langues » et WP3 « De l’individu aux interactions » du LabEx ASLAN, ce projet s’appuie sur une double articulation épistémologique ayant fait ses preuves dans une enquête sur l’appropriation de la ville (Thiburce, 2015-2018).
La première est celle entre une sémiotique des pratiques qui dresse une perspective modélisante des cours d’actions (Fontanille, 2008 et 2011) et une sémiotique vive où la théorie est mise à l’épreuve de l’objet d’étude qui a sa propre résistance (Basso Fossali, 2008). La seconde relève d’un dialogue entre sémiotique, analyse des interactions (Mondada, 2008) et analyse du discours (Rabatel, 2017), en partant de ce que les acteurs énoncent de leurs expériences, en étudiant leurs propres perceptions, interprétations et énonciations de la scène en cours d’instauration.
Pour ce projet interdisciplinaire, on s’intéresse ainsi à la relation narrative qui se tisse entreactants spatiaux (prison, musée, ville) et actants humains (personnes incarcérées, guides, visiteurs, acteurs sociaux).

Méthode
En lien avec la Cellule Corpus Complexes (ICAR), on constituera des enregistrements audiovisuels d’interactions naturelles et spontanées (Lynch, 2002 ; Traverso, 2008) en situation de visite guidée.
Deux dynamiques de muséalisation des prisons seront enquêtées sur trois sites : celle qui scénographie, représente et débat d’un monde correctionnaire en milieu muséal (exposition itinérante Prison) et celle qui reconvertit un espace carcéral en Mémorial (une prison militaire devient musée). Les enregistrements seront constitués d’un plan large sur la scène de l’interaction, opéré par le chercheur, et d’un plan réalisé à travers une caméra confiée aux visiteurs. L’attestation de récits en interaction vise à éclaircir quelques mécanismes en jeu dans une co-gestion écologique de l’expérience, entre des valorisations enracinées dans une culture (mythes, stéréotypes et tabous) et des valorisations émergeantes. Ces enregistrements, dans la perspective d’une ouverture méthodologique, seront enrichis d’autres types de données, en concertation avec les acteurs de l’enquête.

Résultats attendus
Les dimensions cognitives et affectives de l’expérience des espaces carcéraux seront-elles sémiotisées différemment, selon qu’on s’en fait l’expérience à travers des médiations tierces (encarts, photos, vidéos, autres) ou dans un bâtiment qui a été prison ?
Dans un paradigme indiciaire, nous faisons l’hypothèse que les enregistrements constitués permettront d’étudier ces différences quant (i) à la réappropriation énonciative des participants à l’interaction; (ii) à la transformation des représentations socio-politiques au fil des visites; (iii) à la tension de l’expérience spatiale entre être dans une prison et la parcourir à distance en discours.

Voir la fiche ASLAN du projet

Voir le livret de communication du projet PrisM

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Thèse de doctorat en sciences du langage sous la direction de Pierluigi Basso Fossali

Le dialogisme urbain.
De l’usage tacite des espaces publics aux formes d’appropriation narrative et affective de la ville.

Cette recherche vise à montrer le passage de l’usage ordinaire des espaces publics à l’énonciation d’un récit de la ville où s’actualise une implication réelle des usagers dans le projet partagé d’une urbanité en devenir. Au-delà d’une pure préoccupation esthétique, le dialogisme urbain répond à la centralité de la ville comme lieu privilégié de l’élaboration des enjeux sociaux. En s’intéressant aux modalités d’appropriation de l’espace urbain durant les promenades guidées, nous verrons en quoi elles constituent un rôle de catalyseur d’un déconditionnement pour le promeneur dans son rapport à la ville.
Le projet suit ainsi trois perspectives d’investigation.

Il y a d’abord le passage de l’hétérogénéité pure des styles urbains – du bâtiment classé au patrimoine institutionnel à l’anomie du terrain vague – aux entrelacements dialogiques entre esthétiques en compétition. Nous pourrons ainsi cerner l’interaction des langages, la cohabitation de formes institutionnelles et des expressions plus individualisées et temporaires exprimées par une citoyenneté changeante.

Ensuite, ce travail consiste en l’observation de transformation des itinéraires fonctionnels aux déplacements selon des parcours électifs qui choisissent des passages par des éléments caractéristiques permettant une prise affective à chaque fois renouvelée de la ville.

Enfin, cette étude constitue une analyse ne se limitant pas à une taxonomie des pratiques. On cherche plutôt à rendre compte des gestions du sens dans l’interaction. En s’intéressant à l’institution et à la co-construction du sens de manière située, on enquête sur une appropriation de la ville et de ses objets qui n’est plus seulement intime, mais observable parce qu’explicitée, socialisée et attestée par l’expérience.

Soutenance le 6 décembre 2018 à la Maison des Sciences de l’Homme de Lyon devant le jury composé de

Pierluigi BASSO FOSSALI
Professeur des universités à l’Université Lumière Lyon 2 (Directeur de thèse)

Anne BEYAERT-GESLIN
Professeur des universités à l’Université Bordeaux Montaigne

Maria Giulia DONDERO
Maître de recherches à l’Université de Liège (Rapporteure)

Jacques FONTANILLE
Professeur émérite à l’Université de Limoges (Président du jury et Rapporteur)

Catherine KERBRAT-ORECCHIONI
Professeur honoraire à l’Université Lumière Lyon 2

Odile LE GUERN
Professeure des universités à l’Université Lumière Lyon 2

La thèse a bénéficié d’un financement par contrat doctoral de l’Université Lumière Lyon 2 (2015-2018) et a été menée en collaboration avec le musée d’Histoire de la Ville de Lyon.

                             

 

Lien de téléchargement :〈NNT : 2018LYSE2113〉